Quintescenteries

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jeudi 25 janvier 2007

Le discours de la reine

Princes du royaume de Gondolia, vous êtes réunis en réponse à notre convocation solennelle.

Sachez que dans chacun des sept royaumes, le souverain a convoqué une réunion semblable.

Depuis des millénaires, nous sommes élevés dans la tradition de la prophétie, dont chaque sujet est tenu de se considérer comme un gardien.

Je sais que pour beaucoup, il s'agit d'un conte baroque et pitoresque, et que l'histoire de la fondation des sept royaumes est considérée comme une légende sans fondement.

Je sais que plus personne ne croit guère à l'existance de l'infra-monde et des royaumes souterrains.

Avec le temps, les monstres les plus abominables sont devenus des personnages ridicules dont on s'amuse aux temps de carnaval.

Pourtant, sachez-le, le temps annoncé par la prophétie est venu, et le temps des pires cauchemars est redevenu une réalité.

Les étoiles nous sont défavorables, et il sera bientôt possible d'ouvrir les portes qui nous ont si longtemps isolés du monde d'en-dessous, et dont les clefs nous furent autrefois volées.

La porte au dessus de laquelle a été bâtie le palais, par la volonté de nos ancêtres s'est déjà entrouvertes, et certaines de nos guerrières les plus valeureuses ont été entrainées dans les mondes hideux.

A travers le monde, dans les sept royaumes, sur terre et en mer, des portes semblables sont sur le point de s'ouvrir.

La tâche que nous ont légué les anciens, vous le savez, est de repousser les créatures qui en surgiront, par le fer, le feu et la magie.

Vous pouvez voir à mes côtés les ambassadeurs des six royaumes.

Leurs souverains, et moi-même sommes convenus que chaque porte identifiée dans la prophétie dans chaque royaume doit être retrouvée et munie de la meilleure garde, afin de protéger l'univers des conséquences d'une ouverture.

Je vous ai convoqués pour constituer ces gardes.

Le royaume de Gondolia possède lui-même quatre portes, dont la plus ancienne est située dans la grande crypte du palais.

La prophétie indique qu'une autre porte est localisée dans nos terres îliennes occidentales, au large de la Britannie.

Une autre est dans les marches du sud, en province d'Africale.

La dernière est dans une caverne de nos terres gelées de Septentrionie.

Le grand sénéchal distribuera les lettres de missions à chacun de ceux qui auront l'honneur d'être choisis pour assurer la garde d'une des portes.

La conjonction astrale annoncée par la prophétie sera réalisée à la fin de la prochaine lune.

Dans les semaines qui vont suivre, vous acheverez vos préparatifs de guerre et l'entrainement de vos troupes.

Beaucoup d'entre vous ne reviendront pas.

Certains trouveront leur mort, d'autres connaîtront un sort bien pire.

Je ne doute pas de votre noblesse et de votre courage.

N'oubliez pas que ce qui est en jeu, c'est notre liberté et notre mode de vie dans cet univers.

Le seul autre choix qui nous est proposé, c'est que l'univers dans son entier devienne esclave des monstres les plus odieux.

lundi 8 janvier 2007

Le démoneau

Toutes les torches s'étaient éteintes à l'instant où les quatre femmes avaient franchi la porte.

L'obscurité était totale.

L'air était empesté d'une odeur âcre et soufrée, qui renforçait l'impression d'une présence menaçante.

Maevina portait son épée nue, mais n'osait faire de mouvements avec, de peur de blesser ses compagnes, dont elle sentait la présence auprès d'elle.

"Combien sommes-nous, après tout ? demanda-t-elle finalement. Qui nous a suivies ?

- Je suis, là, ClandestinaRBemba, avec mon épée.

- Nous sommes là aussi, les deux gardiennes, Luitne et Tarmine.

Un grondement inquiétant s'éleva, un peu plus loin, mais ce bruit, qui venait comme une réponse était tellement incongru et inattendu que les quatre femmes ne purent complètement étouffer un éclat de rire. Après tout, il n'était pas inutile de faire tomber la tension.

- Eh bien, gardiennes, poursuivit Maevina, est-ce que par quelque bonheur, votre magie pourrait, nous fournir un peu de lumière ?"

Tarmine prononça une brève incantation, et les torches s'enflammèrent.

Après un bref instant d'éblouissement, les quatre femmes purent enfin examiner l'endroit où elle se trouvaient.

Il s'agissait apparemment d'une salle immense, dont la lueur des torches ne parvenait pas à éclairer les limites.

A en juger par l'aspect grossier du sol, il s'agissait probablement d'une grotte.

A la limite de leur champ de vision, des yeux et des silhouettes indistinctes semblaient se mouvoir.

Ce qui attira immédiatement l'attention des jeunes femmes, c'était un démoneau, à l'épiderme rouge écailleux, assis à peu de distance, haut de quelques pieds à peine.

Luitne, qui était la plus petite des quatre, le dépassait de plus d'une tête.

Son aspect était assez hideux, et son visage au teint verdâtre renforçait l'expression de rage intense qui y était inscrite.

Ses bras courtauds étaient terminés par des sortes de mains, ou de serres, énormes, disproportionnées, qu'il semblait masser douloureusement.

"Eh bien, démon, l'interpella Maevina. Voici plusieurs jours que tu essaies de franchir cette porte, et de pénétrer dans des royaumes qui te sont interdits. Tu as même laissé une de tes griffes de l'autre côté, ajouta-elle en remarquant une patte mutilée. Tu vas nous en rendre raison.

- Te voilà bien insolente, créature, répliqua le démon. Sache que c'est ici le royaume de mon maître, et qu'il n'y tolère aucune intrusion".

Comme Maevina approchait, l'épée nue, suivie par ClandestinaRBemba, le démoneau abandonna toute son arrogance et se mit à glapir misérablement.

"Ne le tuons pas tout de suite, suggéra ClandestinaRBemba. Nous avons besoin d'un guide pour retourner dans notre monde.

A regret, Maevina retint son épée.

- D'accord, mais il nous faut une laisse pour éviter qu'il ne s'échappe.

- J'ai peut-être ce qu'il vous faut, répondit Luitne. Cette corde tressée en crin de licorne devrait faire l'affaire."

A la mention des licornes, le démon se mit à geindre et à pleurer.

"Pas la licorne, suppliait-il. La licorne brûle."

Les quatre femmes n'en eurent cure, et il fut promptement entravé.

Lorsqu'il s'agitait un peu trop, la corde qui était partiellement vivante, se resserrait cruellement, occasionnant visiblement au démon une souffrance intense.

Luitne suggéra: "Je lui en mettrais bien une autre boucle autour des ...

- Ca ne sera pas nécessaire, coupa Maevina. Je pense qu'il se tiendra tranquille. A présent, démon, tu vas nous montrer comment retourner dans notre monde".

Le démoneau sembla se soumettre, et ils se mirent prudemment en route.

Ils n'eurent le temps que de franchir quelques pas.

Soudain, une sorte d'appel retentit.

Le démoneau semblait écrasé de terreur.

Il tirait sur sa laisse, ce qui avait pour effet de l'étrangler davantage.

Face contre terre, il sanglotait:

"Mon maître, mon maître, je suis prisonnier d'odieuses créatures. venez me sauver, mon maître".

Mais l'appel s'était tu.

Un silence menaçant était retombé, haché seulement par les sanglots du démoneau.

Au bout d'un instant, Luitne tira sur la laisse, et la troupe se remit en route.