Depuis que l'homme se pique de réflexion et de créativité, il se trouve des gens préoccupés par la question de savoir si la créativité découle du niveau d'intelligence et du seul génie.

Pour créer, suffit-il de s'assoir au calme, de convoquer son intelligence, et de se mettre à produire des idées géniales ?

Ou au contraire, les idées peuvent-elles résulter d'un processus méthodique ?

En d'autres termes, peut-on avoir davantage d'idées géniales que les autres, tout en étant plutôt plus con que la moyenne ?

Je présente ci-après quelques auteurs qui proposent des techniques et des outils méthodologiques pour répondre à la question par la deuxième alternative.

Genrich Altshuller et TRIZ (théorie de la résolution des problèmes d'inventivité)

C'était un ingénieur qui travaillait au bureau des brevets de l'Union Soviétique (période stalinienne).

Il s'était intéressé au processus intellectuel de l'invention, et avait réalisé une étude rigoureuse du sujet, en établissant une classification systématique des problèmes et des solutions.

[En soi, je trouve déjà cette démarche remarquable: quand on travaille, le plus souvent, soit votre métier vous passionne, et vous vous y consacrez au maximum, sans prendre beaucoup de recul, soit il vous est pénible, et vous évitez d'y consacrer plus de temps que nécessaire.]

Le résultat de la classification d'Altshuller, qui portait sur des centaines de milliers de brevets, était que les classes de solutions aux problèmes d'ingéniérie étaient en nombre extraordinairement réduit (une cinquantaine environ), et qu'avant cette classification, ce qu'on appelait une "invention géniale" consistait à appliquer une de ces solutions à un problème où personne ne l'avait appliquée avant.

La démarche créative proposée par TRIZ consiste donc à passer systématiquement le problème au crible de la liste de solutions de la classification d'Altshuller.

http://fr.wikipedia.org/wiki/TRIZ

Eliyahu Goldratt et la TOC (théorie des contraintes)

Goldratt est un consultant américain, qui propose un ensemble de principes et de techniques (théorie) pour mettre en place un processus d'amélioration continue d'un système.

Naturellement, dans l'esprit des lecteurs américains et internationaux, le système évident est l'entreprise, mais les partisans de la TOC prétentent que ses outils sont applicables à tout système, par exemple pour la résolution de problèmes familiaux.

Les outils graphiques proposés (arbres de causalités, graphe de résolution de conflits, etc) ont pour objet d'identifier les buts à atteindre, la cause principale de dysfonctionnement et de résoudre les conflits qui sont à l'origine de ces dysfonctionnements.

Une particularité de cet auteur est de décrire ses principes sous forme romanesque (en suivant les aventures d'une chef d'entreprise au bord du gouffre).

 

Edward de Bono et le lateral thinking (pensée latérale ?)

De Bono est un consultant maltais, personne n'est parfait, qui professe que la difficulté du processus d'invention n'est pas de mettre à jour une idée, mais plutôt d'éviter de la rejeter dans l'avoir réellement examinée.

Selon de Bono, l'approche occidentale de tous les processus intellectuels est dominée par la démarche qui consiste à se faire une idée très vite (à cause de son intelligence supérieure), puis à tout mettre en oeuvre pour démontrer le bien-fondé de sa position, en s'efforçant de réfuter les positions différentes.
Le plus intelligent est alors celui qui parvient à avoir le dernier mot.

Pour remédier à cela, il propose un ensemble de techniques de réflexion (collective), qui permettent d'adopter de manière non partisanne chaque point de vue, en considérant de manière indépendante et successive ses avantages et ses inconvénients, etc., et à ne déternimer sa position qu'à la fin du processus.

Les outils proposés incluent notamment la tecnique des "six chapeaux" de couleurs, qui concrétisent les six modes de réflexion que les participants s'efforcent d'explorer.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Pensée Latérale