Quintescenteries

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samedi 30 septembre 2006

Le plus beau jour de ma vie

J'habite juste à côté de l'église du village.

Enfin, en réalité, j'habite une petite ville de 30 000 habitants, mais cette dernière est inopinément sortie de terre il y a trente-cinq ans, au milieu d'un champ, dans un petit village de cambrousse d'Ile-de-France.

C'est devenu une "ville nouvelle".

Ou plus exactement, l'élément misérable de la ville nouvelle, celle qui sert de cité-dortoir aux ouvriers qui vont travailler à Paris chaque matin.

Bref, le village est resté, avec les grandes barres des cités de banlieue tout autour, et avec son église, que je suis juste à côté.

C'est flèché partout: "le village".

Même le cimetière est joliment baptisé "le village", pour que les vieux habitants sachent à quoi s'en tenir sur ce qu'on attend d'eux.

Bon, évidemment, les promoteurs récupèrent les vieilles maisons petit à petit, démolissent et font de beaux immeubles de deux étages, comme c'est la mode maintenant, pour les HLM.

Le temps est avec eux. La mairie est avec eux. Ils ne sont pas pressés.

A 200 mètres d'un terminus de RER et 100 mètres d'une base de loisirs, ça part comme des petits pains.

La population de la ville n'est pas très catholique, à l'exception des antillais, des vieux immigrés portugais (qui forment maintenant le gros de la population "française" de souche), des (encore plus) vieux paysans retraités qui habitaient le village avant la ville nouvelle.

Et malgré tout, je peux vous dire que l'église n'a pas le temps de refroidir, le samedi.

C'est incroyable comme on se marie à tour de bras en ce moment.

J'entends... d'abord rien, c'est assez calme chez moi. La circulation lointaine.

Puis les cloches, à toute volée, deux trois minutes.

Puis des klaxons, pendant un moment.

Puis, ça se calme.

C'est la fournée suivante.

La nationale traverse la ville par le milieu (et peut-être, bientôt, l'autoroute).

L'église est d'un côté de la route, et la mairie de l'autre côté, à cinquante mètres environ.

Pour traverser, quand on est piéton, il y a un petit tunnel, qui passe sous la quatre-voies.

Les voitures, elles, ont un pont, qui passe au dessus.

Ca fait un cortège pavoisé de voitures qui klaxonnent (mais vous avez l'habitude).

Parce que le mariage provoque de grandes réjouissances, ce qui ne lasse jamais de m'étonner, car si je comprends qu'autrefois on se réjouissait de l'union de deux fortunes et de belles terres, je vois bien qu'à présent les témoins et l'assistance n'a aucune part aux avantages fiscaux procurés par la démarche.

Mais, bon, cela ne nous regarde pas.

Par un hasard insolite, je n'habite pas à côté de la mosquée. Je ne doute pas qu'il y en ait une, mais je ne me suis jamais soucié de la localiser.

J'ai malgré tout déjà croisé de bruyants cortèges qui ne semblaient pas se diriger vers l'église, et j'ai pris la liberté d'en déduire que là aussi, on procédait à cette sorte de cérémonie.

Il semble qu'il y ait aussi qu'il y ait au moins une synagogue, puisque ma ville est célèbre pour en avoir incendié une, il y a quelques années.

Je ne sais pas grand chose des coutumes qui se rapportent à ces établissements (puisque le hasard ou quelque volonté divine a voulu que je n'habitasse point en leur proximité ), et je ne sais si le cortège klaxonnant y est également pratiqué.

Toute considération théologique mise à part, je trouve qu'il s'agirait alors d'une magnifique démonstration d'oeucuménisme.

Mais en y réfléchissant, de l'oeucuménisme, peu me chaut.

Je m'accommode donc de ces voisins bruyants et fervents (au moins pour la durée du rite), en me disant qu'à défaut de prendre part à leur bonheur, le hasard (ou quelque intervention divine) a voulu me préserver de la tentation d'une ironie cynique en me faisant habiter loin du palais de justice où on prononce les divorces.

Tiens, et si j'allais au café, juste à côté de l'église, pour gueuler "vive la mariée" au passage ?

mardi 26 septembre 2006

Note Kleenex

Tout à l'heure, j'ai vu Audrey Pulvar qui réprimait un éternuement.

Ca m'a étonné.

Je ne suis pas arrivé à me rappeler si j'avais déjà vu un présentateur de journal télévisé éternuer avant.

Je me demande comment ils font.

Ils se font retirer les nerfs de l'éternuement ?

On les conserve dans des chambres stériles à l'abri des microbes et des pollens ?

Ils sont pas comme nous, ces gens.

dimanche 24 septembre 2006

Petit rappel

A ceux qui (voir la note ci-avant) suggèrent que l'on décide du sort de l'élection présidentielle en choisissant celui qui pète le plus fort.

Je rappelle que les dames ne pètent pas.

Elles ne font pas caca.

Elles ne sentent pas des pieds.

Votre suggestion est donc parfaitement injuste à l'égard des candidates féminines, et je vous remercie de choisir vos propositions avec davantage de soin à l'avenir.

Par contre, je le rappelle également, elles filent leurs collants, elles sont chiantes une fois par mois (mais pour ça, il suffit de les choisir assez vieilles: elles sont beaucoup plus prévisibles et chiantes tout le temps), et elles vont pisser toutes les trois minutes.

A vous de juger des avantages et des inconvénients de votre décision.

samedi 23 septembre 2006

Moi, Ferrari ne me fait pas rêver

Aujourd'hui, sur M6, c'était la millième édition de l'émission Turbo.

Laissez-moi vous dire ma sainte détestation de cette beauf-culture, qui prétend entretenir le "rêve" (sic) de millions de conducteurs de Peugeot 106 surexcités du périphérique, en choisissant deux privilégiés (re-sic) qui auront le droit de visiter l'usine du "mythe" (re-re-sic), et de monter dans une de ces "fabuleuses machines" (re-re-re-sic) (sans la conduire, évidemment, assister à la messe n'est pas célébrer l'office).

Commentaire du monsieur, ébloui, sanglé à la place du mort: "Oh ! Ah ! Fabuleux !" (on voit qu'il a réalisé l'ambition de toute une vie, le brave homme).

Commentaire de la dame, éblouie, dans le rôle du bagage à main, sur le strapontin microscopique qui sert de sièges passagers dans ces généreux bolides: "j'ai envie de vomir".

Et à la fin, le sourire paternel de Dominique Chapatte en père Noël, l'air de se dire que c'est vraiment facile de réaliser des rêves d'enfant.

Moi, Ferrari ne me fait pas rêver.

Les jouets pour milliardaires, dont la principale valeur réside dans le seul fait que le commun des mortels ne peut pas se les offrir, je n'ai pas envie de me faire photographier à côté.

Même si on m'offrait un stage pour en conduire une heure, au prix soldé d'un mois de salaire, je n'en voudrais pas.

Même si on m'en offrait une, avec le plein et l'assurance, qu'est-ce que j'en aurais à faire ?

Il me semble que ça roule à 50 en ville, ces petits bolides, non ? 80 sur le périph. Et même (soyons fous), 130 sur l'autoroute, même dans les montées.

Avoir beaucoup d'argent, pourquoi pas, il me semble que si j'en avais davantage, j'y trouverais bien quelque usage, allez.

Mais en avoir au point de s'acheter des objets hors de prix, inutilisables, juste parce qu'ils sont hors de prix, c'est pour moi une obscénité, la preuve manifeste qu'on a fait le tour de son intérêt pour les autres.

Je ne vais pas sur les quais, rêver pendant des heures en regardant les yachts de deux cent pieds, sur lesquels il faut se déchausser pour monter et aller admirer les salles de bains en marbre.

Et puisqu'on parle de milliardaires, on peut penser ce qu'on veut d'un Bill Gates (j'en pense souvent du mal plus qu'à mon tour), mais si on le compare à un très cool Richard Branson (photogénique patron de Virgin) je préfère un milliardaire qui fait un chèque d'un milliard pour la recherche sur le SIDA à un milliardaire qui finance le tour du monde sans escale en ballon ou en avion de ses potes milliardaires.

Le jugement de Dieu

Moi, je propose que l'élection présidentielle se joue à celui qui pisse le plus loin.

Dieu désignera son favori (ou sa favorite, hein), à l'ancienne, et on économisera une stupide et dispendieuse campagne.

P.S.: Méfiez-vous des petits à petites bites

Au secours, Brigitte !

Tous les ans, c'est pareil.

Les gens adoptent un blog, parce que c'est si mignon quand c'est petit, tout ça.

Mais ils n'en assument pas la responsabilité.

Et quand viennent les vacances, on peut pas les faire garder.

Alors, on les abandonne, lâchement, attachés à un arbre, sur une aire d'autoroute.

Ca ne rend pas fier de l'espèce humaine.

Honte, honte à vous !

mardi 19 septembre 2006

Les leçons de maître Zinedine

Le sage a dit:

Lorsque qu'au cours d'une rencontre sportive vous profitez d'un instant de temps libre pour deviser joyeusement avec votre adversaire de la profession de vos génitrices respectives, ne dites pas "le montant de la juste rétribution d'une prestation sexuelle tarifée".

Dites "un coût de boules".

Car le sage est économe de ses mots et préfère les formules concises.

En plus, c'est plus facile à traduire en italien.

vendredi 15 septembre 2006

Heureux hasard d'une rencontre

Il y a d'abord ce type, sur la banquette d'à côté, qui réussit cet exploit, qui me laisse admiratif, en un seul mouvement, de faire volte face, de poser sa serviette le long se son siège, de se pencher en avant vers son vis-à-vis, de tousser vigoureusement à la face de celui-ci et de s'asseoir, sans lâcher le bouquin qu'il tient dans l'autre main.

Forcément, après toute cette activité, il est épuisé, et il n'a pas la force de s'excuser, mais comment lui en tenir rigueur ?

Et l'instant d'après, cet autre type, en uniforme d'employé de bureau, qui vient se poster devant moi en me mettant ses fesses sous le nez, scrute longuement le wagon à la recherche d'un siège libre, hésite, se rend à l'évidence: il n'y a pas de meilleur endroit, s'installe juste en face de moi, me fixe un instant, ouvre soudain sur un bâillement cyclopéen une bouche si énorme que je peux compter ses plombages, contempler sa glotte, et examiner l'état du fond de son caleçon.

Et, après un "haaaammm" triomphant, il se remet aussitôt à sa passionnante contemplation de moi-même.

Comme je ne tiens pas à profiter de cette occasion inopinée pour échanger mon e-mail ou le contenu de ma bouche avec lui, je détourne promptement le regard et je me m'intéresse au paysage qui défile - les murs couverts de graffiti me passionnent et me semblent chaque jour différents, selon la lumière qui les éclaire, et mon âme de poète n'y est jamais indifférente.

Comme ma station arrive, je me dis que décidément, la rencontre de gens charmants permet de bien commencer sa journée de travail, et je quitte à regret la voiture pour attendre ma correspondance.

Post Scriptum: Ce soir, au retour, il y a cet autre type, qui se déchausse carrément, et sétale de tout son large, un pied sur chaque siège, afin que chaque passant enthousiaste puisse admirer ses superbes chaussettes bleues-ciel à motifs jaunes. Je n'ai pas osé lui demander de me dédicacer mon 20minutes.

dimanche 10 septembre 2006

parfois

Il y a parfois dans la vie des moments d'intensité extrème, où on se dit que le mieux qu'on ait à faire, c'est de se faire chier comme un rat mort.

vendredi 8 septembre 2006

Basse-cour

On voit parfois des dindes.

Du moins, pour être honnête, que je remarque surtout les femelles.

Des sottes, pas toujours blondes, qui soulignent les limites de leurs propres capacités en premnant à témoin le monde des jugements qu'elles portent sur les autres.

Mais il existe aussi des dindons.

Je viens d'en croiser deux, dans un train de banlieue, du côté de la très bourge Saint-Cloud.

L'un d'eux, particulièrement, parfaitement brun, muni d'une voie de fausset, parlait bien plus fort que nécessaire pour se faire entendre de son compagnon, comme s'il espérait se faire entendre de tout le wagon (en quoi, il faut lui reconnaître le mérite d'avoir probablement réussi).

Notre dindon, donc, faisait la démonstration de sa vaste (et indisputée) érudition dans les programmes télévisuels de TF1, moquant la sottise et le peu de talent de tel vainqueur de la StarAc, ou le manque de voix de la gagnante de je ne sais quel autre programme.

Profitant des longues heures de patient visionnage consenties par l'intrépide gallinacé, j'apprenais ainsi que tel misérale (polonais, précisait-il) n'avait sû faire durer sa carrière, alors que J.P. montrait une vraie réussite en ayant obtenu la dignité de présentateur de vidéogag (consécration à nulle autre pareille, à ce qu'il semblait).

Je devinais ainsi l'existence d'un monde de mystères et de secrets, qui m'était resté jusque-là insoupçonné, et d'un univers de savoirs dont j'étais irrémédiablement exclu.

Mais je sais aussi que je n'ai guère de chances de m'amender, et que je continuerai à me complaire dans ma coupable ignorance.

Ayant ainsi résolu d'épouser la cause du mal, je les regardai descendre avec soulagement, deux stations plus loin.

mercredi 6 septembre 2006

L'unique

Attention: Cette note est destinée exclusivement à la seule de mes lectrices que je n'ai pas encore eue (elle se reconnaitra).

Les autres lecteurs, anciennes amantes, mâles visiteurs, ne doivent pas se considérer comme éconduits, mais trouveront peu d'intérêt à ce texte, qui n'a pas été écrit pour eux.

A toi, donc, que j'ai connue dans de si étranges circonstances.

Etranges, mais tellement banales, en vérité, le hasard des rencontres sur le réseau, cette curieuse manière de se séduire sans jamais prendre le risque de s'engager.

Sans jamais se voir, ni se toucher, se sentir communier en âme et en paroles, par la seule magie des mots qui se forment sur l'écran et qui touchent exactement ce qu'on n'aurait su mieux exprimer.

Eprouver que quelqu'un enfin, quelque part, est en mesure de comprendre toute l'intimité de son sentiment.

Partager l'émotion, lire ces mots, et en les lisant, les entendre en murmure qui répondent au murmure de son être alors que la communication se mue en communion.

Et puis, un jour, peut-être, se voir, se rencontrer.

A toi, donc, si unique que je ne t'ai jamais eue, parce qu'il ne faut pas, parce qu'une vision, un contact réduirait cette fusion si ténue, ce tissu si diaphane en une navrante et triste banalité, et que l'embrasement des sens et l'exultation des corps éteindrait la lueur des esprits intimement noués.

Comme le fameux chat, dans la boîte, qui ne pouvait être observé que sous peine d'être tué, cette relation qui te rend si unique doit à tout prix demeurer abstraite, détachée des corps et des sens, de l'odeur du café et de la cigarette, du bruit du moteur de l'autobus qui passe.

Je veux te garder comme un rêve vivant, comme le plus vivace de mes souvenir, un souvenir qui se ravive et se renouvelle chaque jour.

Attends, ne coupe pas, je crois qu'ils viennent de marquer un but.