Aujourd'hui, sur M6, c'était la millième édition de l'émission Turbo.

Laissez-moi vous dire ma sainte détestation de cette beauf-culture, qui prétend entretenir le "rêve" (sic) de millions de conducteurs de Peugeot 106 surexcités du périphérique, en choisissant deux privilégiés (re-sic) qui auront le droit de visiter l'usine du "mythe" (re-re-sic), et de monter dans une de ces "fabuleuses machines" (re-re-re-sic) (sans la conduire, évidemment, assister à la messe n'est pas célébrer l'office).

Commentaire du monsieur, ébloui, sanglé à la place du mort: "Oh ! Ah ! Fabuleux !" (on voit qu'il a réalisé l'ambition de toute une vie, le brave homme).

Commentaire de la dame, éblouie, dans le rôle du bagage à main, sur le strapontin microscopique qui sert de sièges passagers dans ces généreux bolides: "j'ai envie de vomir".

Et à la fin, le sourire paternel de Dominique Chapatte en père Noël, l'air de se dire que c'est vraiment facile de réaliser des rêves d'enfant.

Moi, Ferrari ne me fait pas rêver.

Les jouets pour milliardaires, dont la principale valeur réside dans le seul fait que le commun des mortels ne peut pas se les offrir, je n'ai pas envie de me faire photographier à côté.

Même si on m'offrait un stage pour en conduire une heure, au prix soldé d'un mois de salaire, je n'en voudrais pas.

Même si on m'en offrait une, avec le plein et l'assurance, qu'est-ce que j'en aurais à faire ?

Il me semble que ça roule à 50 en ville, ces petits bolides, non ? 80 sur le périph. Et même (soyons fous), 130 sur l'autoroute, même dans les montées.

Avoir beaucoup d'argent, pourquoi pas, il me semble que si j'en avais davantage, j'y trouverais bien quelque usage, allez.

Mais en avoir au point de s'acheter des objets hors de prix, inutilisables, juste parce qu'ils sont hors de prix, c'est pour moi une obscénité, la preuve manifeste qu'on a fait le tour de son intérêt pour les autres.

Je ne vais pas sur les quais, rêver pendant des heures en regardant les yachts de deux cent pieds, sur lesquels il faut se déchausser pour monter et aller admirer les salles de bains en marbre.

Et puisqu'on parle de milliardaires, on peut penser ce qu'on veut d'un Bill Gates (j'en pense souvent du mal plus qu'à mon tour), mais si on le compare à un très cool Richard Branson (photogénique patron de Virgin) je préfère un milliardaire qui fait un chèque d'un milliard pour la recherche sur le SIDA à un milliardaire qui finance le tour du monde sans escale en ballon ou en avion de ses potes milliardaires.