Quintescenteries

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lundi 31 juillet 2006

La griffe

Au fond d'une crypte retirée et bien gardée du palais, Tarmine, la gardienne de la porte et Luitne, la gardienne des clés examinaient les pierres d'un oeil inquiet.

Les changements de couleur et d'aspect des pierres de la porte, qui suscitaient l'inquiétude la reine depuis quelques semaines s'accéléraient sans cesse.

Selon les prophéties, ce changement était l'annonce d'événements importants et terribles.

Malgré l'importance de leur charge et de leur responsabilités, Tarmine et Luitne n'étaient pas informées de la nature exacte de la porte et surtout de ce qui se trouvait derrière.

Ce secret était détenu par deux personnes seulement dans tout le royaume: la grande druidesse et la reine elle-même.

Il ne pouvait être transmis que sur un lit de mort.

Une loi non écrite, mais appliquée avec sévérité, stipulait que quiconque prenait connaissance indûment de ce secret, par ruse ou par accident devait être mis à mort sur le champ.

L'existence de la porte elle-même était un secret réservé à un tout petit nombre de personnes.

Au bout du compte, la seule information qu'on avait jugé nécessaire de communiquer aux gardiennes lors de leur prise de charge, c'était que la porte existait, qu'elles répondaient de sa sécurité sur leur vie, et que l'avenir du monde dépendait de cette porte.

Naturellement, elle ne savaient pas comment cette porte s'ouvrait, ou comment elle pouvait être refermée après son ouverture.

La porte elle-même se réduisait à un cercle de couleur différente dans le dallage de la crypte.

Au premier abord, on aurait pu penser qu'il s'agissait simplement d'un motif de carrelage.

Le centre du cercle était occupée par une dalle de pierre grise.

On devinait que l'ensemble formait l'entrée d'un puits bouché.

Les pierres de la porte proprement dites étaient une douzaine d'hémisphères d'aspect minéral, de la taille d'une grosse pomme, disposés régulièrement sur le pourtour de la porte.

En temps normal, ces pierres ressemblaient à de grosses boules décoratives de verre noir, sans aucun intérêt particulier.

Depuis que l'activité avait commencé, elles semblaient traversées par intermittence de lueurs fuligineuses de diverses couleurs, et on croyait deviner quelque chose de vivant à l'intérieur.

La reine avait ordonné que désormais Tarmine et Luitne se relaient sans discontinuer auprès des pierres, pour donner le signal aussitôt qu'une anomalie plus significative surviendrait.

Pendant la journée, elles veillaient ensemble.

Soudain, le bouchon du puits sembla se dilater et se soulever, puis revint à sa place comme dans un soupir, et une sorte de brouillard laiteux enveloppa la porte, mais sans se répandre dans la crypte.

Les pierres scintillaient avec frénésie.

Puis tout cessa aussi soudainement que cela avait commencé.

Le brouillard s'était dissipé sans laisse aucune trace.

Les deux gardiennes se regardèrent, comme pour se confirmer qu'elles n'avaient pas rêvé, tant l'événement avait été fugace.

Mais elles ne doutèrent pas longtemps.

Au bord de la porte, un morceau d'une sinistre griffe noire et torsadée avait été abandonnée par son mystérieux propriétaire.

dimanche 30 juillet 2006

Rien dans les mains, rien dans les poches

rien dans les mains

Les dirigeables

Elvire affichait son visage des mauvais jours.

Elle avait été désignée par la reine grande connétable du royaume.

Autrement dit, le chef militaire suprême de toutes les forces armées.

Allez savoir pourquoi on disait "grand connétable", puisque de toutes façons il n'y en avait qu'un, et qu'il n'était jamais petit.

A ce titre, elle était responsable de l'accueil et de l'organisation militaire de la formidable armée qui était en train de se rassembler depuis la convocation de la reine.

En raison de son rôle exceptionnel auprès de la reine, elle faisait partie des rares personnes que cette dernière avait fait tenir informées des raisons précises de la récente accélération des événements.

Et en dépit de l'ambiance de kermesse joyeuse qui se répandait dans tout le palais et toute la ville, rien de ce qu'elle savait ne l'inclinait aux réjouissances.

Mais elle se tenait à l'observation d'un secret rigoureux, que la reine avait exigé, bien qu'en ce qui concernait Elvire, cela fût absolument superflu - sa réputation d'efficacité légendaire était indissociable de son caractère sévère et taciturne.

L'essentiel de son activité actuelle consistait à l'accueil des troupes arrivantes, et à leur organisation en vue des missions qui ne manqueraient de leur être bientôt attribuées.

Justement, les premiers dirigeables commençaient à arriver des provinces les plus éloignées, inaccessibles à cheval, et Elvire commençait à trouver que son travail finissait par ressembler davantage à la régulation de la circulation routière qu'à celui de chef de guerre.

- Allons, messire, faites place, lança-t-elle à Breizhblog qui tardait à dégager la place d'armes pour permettre l'atterissage des ballons géants.

Breizhblog lança quelques ordres en breton à ses gens, qui déguerpirent juste à temps.

Le ballon de lili se posait, sans faire grand cas des bêtes et des gens attardés en dessous qui détalaient pour échapper aux immenses pare-buffles chromés.

Une équipe de servants qui se tenaient prêts aggripèrent aussitôt les cordages qui avaient été jetés du dirigeable pour l'amarrage.

vendredi 28 juillet 2006

La salamandre

Belleselajoue chevauchait une salamandre-tigre.
Elle avait revêtu une armure d'apparat ignifugée de couleur jaune - la seule couleur que les salamandres supportent.
Son épée et son arc de combat étaient rangés dans un étui ignifugé, jaune également.
Comme c'était l'usage, deux servants suivaient la salamandre à cheval, pour l'alimenter à chaque fois qu'elle en manifestait le besoin.

Chacun d'eux transportait, de chaque côté de la selle une bombonne de nitrométhane sous pression, pour la nourriture de l'animal.

Maevina et ClandestinaRBemba accueillirent avec effusions belleselajoue, mais bien que pressée de questions, elle non plus ne savait pas grand chose de l'objet de la convocation.

Elles avaient cependant beaucoup de choses à se raconter, comme si elles s'étaient quittées depuis des années, alors que leur séparation remontait seulement à quelques semaines.

En devisant avec animation, toutes trois se rendirent à l'espace qui avait été assigné à la suite de belleselajoue.

Par mesure de protection contre les incendies, il était de tradition de soigner les salamandres à l'écart des bâtiments d'habitation, et la reine avait fait mettre un bâtiment annexe à la disposition des invités qui avaient choisi cette arme.

C'était une écurie spéciale, en fait une grotte artificielle de marbre jaune, sans aucune boiserie ni aucune tenture, mais richement décorée de fresques, à dominante jaune.

Le principal ameublement du bâtiment était constitué par un nombre impressionnant de fontaines et de points d'eau, destinés autant à la boisson des visiteurs - l'eau de source était excellente et idéalement équilibrée en sels minéraux et oligo-éléments - qu'à la prévention des incendies.

Comme la matinée était avancée, belleselajoue convia ses amies à déjeuner, autour de la grande table à banquet en pierre dont chaque appartement était muni. Un délicieux repas était servi, la reine pourvoyant avec libéralité à l'entretien de ses invités.

Il ne faudrait pas, s'exclama belleselajoue, que cette attente si confortable se prolonge par trop. Nous sommes si bien traités que si la reine tarde trop, elle nous trouvera incapables de bouger et de nous déplacer. Rien qu'à contempler ce buffet, j'ai déjà pris deux kilos.

ClandestinaRBemba rappela à cette occasion l'invitation à dîner quotidienne de la reine, à laquelle tous les vassaux étaient conviés chaque soir.

Décidément, les amies appréciaient leur voyage, et leur humeur était excellente.

mercredi 26 juillet 2006

convocation

Breizhblog descendit du rat-dragon qui lui servait de monture.

ClandestinaRBemba jeta un regard glacial sur cet étranger en jupe à carreaux qui surgissait au milieu de la troupe sans avoir été invité.

- Je vous salue, madame, de toute ma celtitude.

- Je vous retourne vos compliments, monsieur, de toutes mes certitudes.

- Je vous en prie mes amis, pas d'ironie acide intervint meavina en reconnaissant l'étranger. Le temps n'est plus aux disputes. Nous avons été convoqués pour résoudre une situation grave.

- Mes salutation, dame maevina, répliqua Breizhblog. J'espère que vous pourrez nous en dire plus, justement. Quant à moi, on ne m'a guère donné de précisions, hormis qu'il s'agissait d'une urgence.

- Nous n'en savons guère plus, précisa ClandestinaRBemba. A ce qu'il semble, tous les vassaux de la couronne ont été invités à se présenter dans les meilleurs délais, avec leurs armes et leurs gens.

Depuis trois jours, en effet, tout ce que le royaume comptait de noblesse se rassemblait au château.

Cela faisait déjà pas mal de monde, en comptant les gens de suite, et les différentes cours du palais finissaient par ressembler à une énorme ruche bourdonnante.

- J'ai déjà croisé la comtesse lili et la marquise ludine, précisa maevina. Et on m'a dit que dame luitne viendrait et aussi la baronne belleselajoue. Je n'avais jamais pris conscience du nombre de personnes que représentait la noblesse du royaume. C'est probablement la première fois qu'ils seront réunis en un même lieu.

- J'ai croisé sur ma route pas mal d'ambassadeurs étrangers, précisé Breizhblog. Je soupçonne que cette affaire a quelque chose à voir avec la fonction de Grande Gardienne Universelle de la Porte de notre reine.

- C'est probable, en effet, répondit maevina en haussant des épaules, mais nous en saurons plus dans quelques jours, quand la reine jugera qu'un nombre suffisant de vassaux sont arrivés. En attendant, nous ferions mieux de trouver pour notre suite une place disponible et à peu près commode.

Le majordome de maevina obtint une aile dans le château, où ils purent tous les trois installer leurs suites - après tout ils étaient arrivés ensemble, et comme ils étaient cousins éloignés, cela leur donnait une raison de refaire connaissance.

Breizhblog s'assura que l'on prenait tout le soin nécessaire de ses rats-dragons. C'étaient des créatures de combat redoutables, mais d'une grande fragilité sur le plan digestif, et sujets aux flatulences. Deux maîtres-rat et sept palefreniers veillaient en permanence sur l'équipage.

ClandestinaRBemba et maevina étaient arrivées chacune dans un carrosse à chevaux plus classique, suivi de leurs chevaux d'armes et de chariots à chevaux qui transportaient les bagages et les armes.

Pour leurs déplacements, ces dames et ce monsieur portaient l'armure de voyage légère composite au carbone et au kevlar.

- Mesdames, monseigneur, commença le majordome, la reine vous fait savoir que tous ses vassaux présents sont convoqués chaque soir au banquet officiel qu'elle donne en leur honneur jusqu'à la tenue de la réunion plénière. Par ailleurs, nous recevrons ce soir la convocation officielle pour cette réunion, dont la date définitive a été fixée à demain soir.

- Demain, déjà ! s'écria Breizhblog, surpris. Mais tous les vassaux ne seront pas arrivés !

- La reine décide, monseigneur, répondit le majordome. A ce que j'ai cru entendre, l'urgence se fait pressante.

Au dehors, presque sans discontinuer, dans les airs ou par la route, de nouveaux équipages se présentaient dans la cour principale du château.

- C'est la suite de belleselajoue, s'écria soudain maevina. Allons la saluer.

(à suivre)

vendredi 21 juillet 2006

La fureur de vivre

Moi, j'ai rencontré quintescent à Watkins Glen, au Grand-Prix des Etats-Unis en 1973, l'année de l'accident de François Cevert.
La course automobile, et particulièrement la formule 1, c'est toute ma vie, et presque tous les voyages que j'ai faits, c'était en reportage pour couvrir les courses sur les circuits du Monde entier.
Les plus belles bimbos du monde, je les ai vues à travers mon objectif.
Quand vous fréquentez ce milieu (ou n'importe quel milieu, d'ailleurs) pendant un certain temps, vous finissez par connaître pas mal de monde.
Avec ma carte de presse, j'avais mes entrées dans les paddocks, et certains pilotes finissaient pas être de véritables amis - après tout, j'étais dans le business depuis plus longtemps qu'eux.

A l'époque, bien sûr, on parlait beaucoup de François Cevert.
C'était la star de l'automobile pour les français.
Avec sa gueule d'ange et son caractère d'adolescent turbulent, et surtout son extraordinaire talent de pilote, que personne n'osait plus mettre en doute, il laissait espérer qu'on avait enfin trouvé le premier champion du monde de formule 1 français de l'Histoire (c'était longtemps avant Alain Prost).

Le grand public n'avait pas encore beaucoup entendu parler de quintescent, mais les professionnels des paddocks n'avaient que son nom à la bouche.
A cette époque, il était seulement pilote-essayeur chez Tyrell, mais ceux qui l'avaient vu sur un circuit affirmaient que malgré son jeune âge, il montrait beaucoup plus de talent que tous les autres - Cevert compris.
De plus, tout le monde lui reconnaissait un don exceptionnel de metteur au point, un talent qui comptait au moins autant pour la course que l'agressivité ou la finesse du pilotage.
D'ailleurs, malgré son peu d'expérience, c'est lui qui assurait la mise au point des machines de l'écurie avant les courses.

Je pense que sentir la présence virtuelle de quintescent sur ses talons pour le titre de premier pilote mettait pas mal de pression sur François Cevert (sans insinuer que cela a été la cause de son accident).
Les pilotes sont des types un peu hors du commun, et la vie à 300 à l'heure, avec une pression permanente, c'est leur quotidien, ça leur est même nécessaire, c'est ce qui les fait tenir en l'air.
Et parfois, c'est ce qui les tue.

Je ne sais pas si vous allez me croire, ou vous dire que c'est facile d'avoir des prémonitions a posteriori, mais ce jour-là, je trouvais que François n'était pas comme les autres jours.
Je savais qu'il y avait eu des discussions avec les patrons de l'écurie au cours de la semaine, à propos de la stratégie pour les saisons à venir.
J'avais trouvé François plus sombre que d'habitude, sans deviner qu'un drame était sur le point de se jouer.

En contraste, quintescent, qui participait également à ces discussions paraissait plutôt euphorique.
C'est à cette occasion qu'on me l'avait présenté, et que j'avais obtenu un tout premier (et très court) interview.
En fait, il n'avait rien révélé de significatif (pour un débutant, il maîtrisait déjà très bien la langue de bois).
Au bout du compte j'avais obtenu quelques petites phrases anodines, quelques photos, assez pour un petit papier de routine, je pouvais être satisfait.
Il faut dire qu'il était sacrément photogénique, le bougre.

A cette époque-là, les formule 1 étaient de véritables bombes roulantes, presque aussi rapides qu'aujourd'hui, mais sans presque aucune protection contre les chocs et surtout contre les incendies.
Le moindre indicent donnait de très grandes chances d'y rester, dans d'épouvantables souffrances et d'atroces brûlures.
A bien y réfléchir, je suppose que c'est aussi ce qui rendait les pilotes sexy, comme les matadors ou les gladiateurs quand ils descendent jouer avec leur vie.

Après l'accident de François, il semble que quintescent a complètement perdu sa motivation.
Les directeurs de l'écurie ont essayé de le convaincre de continuer - forcément, c'était un coup dur de perdre leurs deux meilleurs pilotes d'un coup, mais il n'avait plus l'étincelle.
Il est resté un peu de temps dans les équipes techniques de l'écurie, puis a rapidement laissé tomber complètement le milieu.

Récemment, un confrère qui faisait une enquête sur l'histoire de la course automobile a retrouvé sa trace.
Il paraît qu'il s'est reconverti, il est devenu éleveur de brebis dans le Galeizon.
Il passe des journées entières sans entendre un moteur, et il est heureux.

jeudi 20 juillet 2006

mon guide

Moi, j'ai connu quintescent sur la place Rouge.
Qui ce jour-là était toute blanche, à cause de la neige qui faisait comme un tapis.

Je me souviens, ça devait être un dimanche.
Je regardais sa silhouette alors qu'il marchait devant moi.
C'était mon guide, et je trouvais que son nom était joli: quintescent.

J'adorais sa façon passionnée de parler de la révolution d'octobre quand nous avons visité le mausolée de Lénine.
Et après, nous avons filé boire un chocolat chaud, dans un café à écrivains.

Il avait un sourire !
Et des cheveux blonds !

Il était encore étudiant, quintescent.
C'était incroyable de voir le nombre de camarades qui pouvaient entrer dans sa minuscule chambre de bonne, à rire et à bavarder avec curiosité.
J'étais un peu la vedette, et jusqu'au bout de la nuit, je leur ai raconté comment c'était, Paris.

On a dansé, et bu pas mal aussi.
Ils avaient même réussi à mettre la main sur une bouteille de Champagne, dans lequel tout le monde a pu tremper les lèvres.

Puis tout le monde a fini par partir, et nous sommes restés tous les deux, quintescent et moi, seuls au monde.

Depuis, je crève de l'attendre.
Mais je sais qu'un jour il viendra.
Il me l'a promis, cette nuit-là.

mercredi 19 juillet 2006

la nostalgie, camarade

Moi, j'ai connu quintescent à Biénoa, pas très loin de Saïgon.

Lulu la Nantaise tenait la taule la plus connue de toute la colonie occidentale d'indochine, un établissement dans lequel tout gentleman avec la moindre notion du respect des conventions et de la bien séance se devait de faire un séjour.

Tout le monde connaissait ses volets rouges et les cheveux blonds de la taulière.
Avec elle, il y avait intérêt à filer droit si on voulait garder ses entrées parmi les gens de qualité.

Et des gens de qualité, il n'en manquait pas.
Et avec une belle descente, vous vouvez me croire.

Comme monsieur Naudin, par exemple, capable de descendre dans la dignité ses trois bouteilles de limonade dans la soirée sans sauter son tour aux cartes.
Un homme comme on en fait plus, je vous le dis.
Dans les transports, il était, on disait qu'il transportait avec quintescent quelques paquetages de piastres et d'opium à travers la jungle.

Ou Lucien-le-cheval, un drôle de gaillard dégingandé, qui s'y entendait pour faire travailler des jeunes filles indigènes.
Vous pourviez tout lui demander, si vous aimiez les fleurs fraîches.
Quintescent n'avait pas son pareil pour lui dégotter des orchidées rares dans les villages reculés.
Un grand bonhomme, mais qu'il s'était fait quelques ennemis, et qui a fini dans un malheureux accident, à la dynamite.

Et puis les corses, les frères Volfoni, qui étaient eux aussi dans les affaires avec quintescent.

Et Jo le trembleur, un artiste de l'alambic, qui produisait la gnôle de l'établissement, et la meilleure de tout l'extrème Orient.
En tous cas, personne n'était jamais venu se plaindre.

Quintescent-l'élégant passait au milieu de tout ce beau monde, toujours tiré à quatre épingles dans son complet blanc, avec ses chaussures bicolores impeccablement cirées et sa moustache bien repassée.
C'était un monsieur, il rendait des services, sans jamais perdre son calme.
On disait que c'était lui qui avait fait venir Teddy-de-Montréal, un artiste, lui aussi, un gars que le climat rendait tout le temps énervé.

Toute une époque...

dimanche 2 juillet 2006

Superman returns

Zinedine Zidane est trop vieux.

Si, si, faut être réaliste.

Il a décidé d'en tirer toutes les conséquences et de se retirer définitivement du foutbol.

Mais si Zizou est désormais immunisé contre la kryptonite, alors peut-être que Lionel Jospin aussi ?

Et peut-être qu'il peut revenir battre la super-favorite en quart de finale, pour affronter Fabius et Strauss-Kahn en finale ?

Non, ce serait vraiment trop trop terrible.

T'imagines, 500 000 personnes envahissant le palais de l'Elysée ?

samedi 1 juillet 2006

la vie dure

Vous êtes-vous déjà demandé ce que ça nécessiterait comme effort d'exterminer toute vie sur Terre ?

C'est le moteur de beaucoup de scénarios de films de science fiction, par exemple.

Vous vous dites peut-être qu'en faisant sauter un nombre suffisant de bombes atomiques - allez, disons tout le stock mondial existant - ça suffirait à stériliser définitivement la planète une bonne fois pour toutes.

On appellait même ça "l'apocalypse nucléaire" du temps de la guerre froide, pour bien faire comprendre que ce serait la fin des haricots.

Mes les haricots sont tenaces.

En fait, on a déjà essayé plusieurs fois, dans l'histoire de la vie, et on a presque réussi.

Il y a soixante cinq millions d'années, par exemple, on pense qu'un astéroïde que quelques kilomètres de dimètres est tombé dans l'océan Atlantique, juste sur la côte du mexique (dans la presqu'île du Yucatan).

L'équivalent de plusieurs millions de bombes atomiques.

Ca a bien éraflé un peu la croûte terrestre.

Pour tout dire, ça a éliminé bien proprement les dinosaures de la planète.

Et pas seulement les dinosaures: Les ptérosaures, les ichtyosaures, les mosasaures, les harengsaures et pleins de bestioles dont vous n'entendîtes jamais parler, tels que les ostracodes.

En tout, ça a nettoyé 60% des espèces de la planète.

Pas mal. Bien essayé.

Mais on a fait beaucoup mieux avant.

Il y a 250 millions d'années, à la fin du permien, on ne sait pas encore très bien quoi a éliminé près de 90% des espèces de la planète.

C'est mieux, déjà.

La vie a eu du mal à s'en remettre.

Mais elle a survécu.

Jusqu'à donner ce qu'elle avait produit de mieux: George Bush, l'homme le plus puissant du monde (enfin, c'est ce qu'on dit).

Mais même lui, avec son immense talent, il aurait du mal à supprimer la vie sur la planète.