Quintescenteries

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samedi 30 juin 2007

La relève

Bon, c'est sûr, maevina part à la retraite, mais la relève est assurée.

Les gamins sont entre de bonnes mains.

Pour ceux qui ne voient pas la vidéo, ils peuvent cliquer ici:

LA VIDEO

mercredi 27 juin 2007

Oh, collègue !

Moi, j'avais un collègue, il était africain
Il était africain, je lui parlais d'Afrique:
Des fruits, des paysages, et de la politique,
Du peu que je savais, tiré de mes bouquins.

Lorsque j'avais fini, je parlais de la France:
Comment il se sentait, et son intégration
Sa carte de séjour, et son immigration
J'essayais de montrer toute ma tolérance.

Mais lui, ce qu'il voulait, c'est parler en collègue,
Un peu plus du boulot, un peu moins de son legs,
Des soucis du service, du temps, du RER.

Il en avait assez qu'on le voie comme un noir,
Avec de l'intérêt, certes, mais comme un noir,
D'une sollicitude raciste à sa manière.

mardi 26 juin 2007

Darfour crématoire

Le maître du Soudan, un digne personnage,
Qui défendait l'Islam et les puits de pétrole,
Envoyait au Darfour, plutôt que des écoles,
Tous ses meilleurs soudards, pour faire des carnages.

L'empire des chinois, qui lui vendait des armes,
Et voulait son or noir, n'avait rien à redire,
Laissant tout l'occident rouspéter et maudire,
Et le cul bien au chaud verser beaucoup de larmes.

Les nobles janjaouides, poussés par un bon Dieu,
Brûlaient tout saintement, purifiaient par le feu,
Les paysans impies, les bergers infidèles.

Les grands chefs africains, embarrassés eux-mêmes,
Trainaient un peu des pieds pour répondre au problème:
On en trouve partout, des graines de rebelle.

lundi 25 juin 2007

Gratosse

Dans les journaux gratuits, on trouve l'horoscope
Des jeux, des sudoku, de la cuisine en fiches
Et de l'info people sur les têtes d'affiche
Bue par les banlieusards lorsqu'ils se téléscopent

Il y a les ragots, usuels, des politiques,
Comme toutes les fois qu'ils briguent le pouvoir,
Et des stars en photo voulant se faire voir,
Et puis des faits divers dans un état critique.

Aussi - Vous le saviez ? - des pages de culture,
Annonçant les spectacles, expos, littérature,
Sur les larges feuillets de papier réformé.

Et comme c'est gratuit, vous n'avez qu'à saisir:
Le goût de posséder est un menu plaisir...
A défaut d'être libre, vous serez informé.

vendredi 22 juin 2007

Sincérité

C'est vrai, j'étais chez eux, mais ne les aimais pas.
Puisqu'ils m'avaient élue, je portais leur parole,
Sans y croire vraiment: J'interprêtais un rôle.
J'avalais des couleuvres, presque à chaque repas.

Je devais laisser croire que j'étais très éprise
Du premier secrétaire, un bonhomme insipide.
Ensemble on se montrait, en étreintes rapides,
Pour que deux-trois photos aient le temps d'être prises.

Je disais des discours à propos d'un programme
Dont je n'approuvais rien: Imaginez mon drame !
Quant à la *bravitude*, c'était un truc à eux !

Je revis à présent, car ils se sont fait battre.
Raisons et responsables, je les laisse en débattre:
Désormais femme et libre, je vais beaucoup mieux.

mercredi 20 juin 2007

peoplecratie

Nicolas Sarkozy, devenu socialiste
Empruntait à la gauche à la moindre occasion
Tous les mieux habitués de la télévision,
De ses amis sincères agrandissant la liste.

Se retrouvant entre eux, les héros de télé
Se sentaient plus à l'aise, calmes et moins angoissés,
Goûtant les joies d'un loft que bien peu connaissaient,
Où ce bon Président les avait appelés.

Les ors de la nation, les gardes et les honneurs
Leur faisaient découvrir un tout nouveau bonheur,
Que Nicolas avait rendu plus accessible.

Le brave citoyen, observant tout cela
Se régalait sans fin en lisant son Gala,
Offrant par ses impôts, de la joie indicible.

mardi 19 juin 2007

Séparation des pouvoirs

*Bonjour, je me suis assuré la complaisance de journalistes pour dissimuler jusqu'au dernier moment que je me suis séparée de mon conjoint, afin de ne pas influencer le vote des électeurs qui auraient pu changer d'opinion en connaissant la vérité. Et maintenant que mon astucieuse discrétion a assuré le redressement triomphal du parti, utilisons cette séparation pour conforter ma candidature au poste de secrétaire générale*.

Dans n'importe quel autre pays démocratique, le mensonge par omission est un mensonge, et il serait impensable qu'une personne investie de mandats publics s'y livre publiquement, puis ose se présenter à nouveau devant les électeurs.

Et si elle le faisait, elle se ferait humilier à coup sûr par les électeurs, qui sont ceux dont le pouvoir émane (c'est la *démocratie*, n'est-ce pas ?).

La logique étant que celui qui est prêt à mentir pour accéder au pouvoir est également prêt à mentir pour abuser de son pouvoir.

Les électeurs sont hautement conscients du pouvoir qu'ils délèguent aux élus et veillent jalousement à ce qu'aucun abus ne soit commis.

La transparence du pouvoir est un des éléments qui permettent de substituer le principe de gouvernance au principe de gouvernement.

Comment celui qui est prêt à mentir sur sa vie privée serait-il supposé être complètement sincère sur le reste de sa politique ?

Ailleurs, il n'y a pas de mensonge légitime.

Il n'y a que le mensonge, et il est inacceptable.

Si on ne se sent pas tenu de dire la vérité, comment pourrait-on se considérer engagé par ses promesses électorales ?

Mais pas en France.

L'exemple le plus énorme de notre histoire récente est celle de François Mitterrand, et de ses mesures incroyables et illégales pour préserver le secret sur l'existence de sa fille naturelle (écoutes illégales, service de gendarmerie spécialement consacré à ce problème, le tout soigneusement drapé du secret-défense - pardi, les enfants naturels relèvent de la sûreté nationale).

Mesures d'autant plus débiles qu'en France gauloise, ce genre de *secret* était plutôt de nature à lui attirer des sympathies que des inimitiés.

C'est qu'en France, ce genre de problème relève de la *vie privée* - même si on n'a jamais manqué de l'étaler et de s'en servir quand cela pouvait être utile.

Et que l'électeur ingénu admet sans problème qu'il est légitime de protéger à tous prix cette vie privée à géométrie variable, fût-ce au moyen de malhonnêtetés.

Surtout contre ces voyous de journalistes baveux qui mettent leur nez partout, même quand on a cessé de les convoquer après la fin de ses photos de plage en famille (rappelons juste que cette ex-ministre convoquait la presse à la materité après son accouchement. On ne craignait guère la publicité, à cette époque).

Lesquels journalistes se sentent tellement mis en examen par l'opinion qu'ils s'asseoient volontiers sur leur déontologie pour retenir l'information qui pourrait nuire à l'accès illégitime au pouvoir (incroyable collusion entre le *quatrième* et le *premier* pouvoir, qu'on appelle autocensure).

Et pourquoi pas ?

Puisque ce peuple souverain consent avec enthousiasme à l'entente entre les pouvoirs qui abusent de lui, peut-on encore parler de viol, malgré la violence ?

Et l'autre bord est encore pire, qui y ajoute ouvertement l'abus de pouvoir, en virant sans aucun détour les patrons de journaux qui osent publier des informations qui n'ont pas été soigneusement filtrées et sélectionnées par les services de communication.

Il y a ainsi, au ministère de l'intérieur, plusieurs réconciliations par an, mais jamais de séparation.

1 + 1 = 1 : C'est l'algèbre de Boole.

Cela ne choque guère l'électeur, qui leur confie volontiers la totalité de ses pouvoirs.

Et le cul de la crémière.

lundi 18 juin 2007

La Belle et la Bête

Un infâme macho, au temps de la campagne,
Un couillu, un musclé, une sorte de brute,
Calme et équilibré comme un rhino en rut,
Menait dure la vie à sa pauvre compagne.

La pauvre Ségolène, la douceur incarnée,
Qui aimait tout le monde, et se faisait avoir,
Pleine de bravitude, assumait son devoir:
Elle se devait au peuple depuis qu'elle était née.

Elle endurait les coups, l'alcool et les injures,
Allant puiser de l'eau malgré les engelures,
Pour préparer la soupe à ses nombreux enfants.

L'ambitieux François, paresseux et avide,
La battait si jamais la gamelle était vide,
C'est bougrement méchant, parfois, un éléphant.

vendredi 15 juin 2007

La petite flemme dans mes yeux

Chapitre 28

Où l'on voit que les Europains avaient de la considération pour leurs cendres de conséquence.

Tu es poussière, et tu finiras mal.
Jaurès de l'Avenue, in Adages, Sagesse et Dictons.


Au temps de Nicolas de Sarcotie, les Europains, malgré tous leurs talents, avaient aussi quelques déplorables habitudes.

Parmi ces mauvaises manies que la morale réprouvait, il y avait la fumée.

La fumée était produite par la combustion de petits bâtonnets phalloïdes à base d'herbes séchées brunâtres peu ragoutantes.

En réalité les bâtonnets avaient le plus souvent une taille modeste, de quelques centimètres à peine en longueur, pour moins d'un centimètre de diamètre.

On est forcé d'en déduire, non sans surprise,  que les Europains de cette époque avaient un tout petit pénis, malgré l'usage frénétique qu'ils en faisaient.

Cependant, certains gourmands préféraient les modèles de grande taille comme la célèbre Monique de Lèvenskis, une célèbre stagiaire à gros potentiel de cette époque, qui savait ce qui était bon, et qui est restée célèbre pour la manière dont elle roulait les cigares sur la cuisse, à la cubaine.

Le plus souvent, on préférait des modèles plus modestes, qui présentaient l'avantage qu'on pouvait consommer plus fréquemment, car malgré la honte latente, on n'était pas prêt à renoncer à son addiction.

Il en existait de pré-roulés industriellement, et d'autres qu'il fallait rouler soi-même, avec de la colle à prise rapide commodément fournis dans les kits proposés aux consommateurs.

Les conjectures sont encores ouvertes quant à l'avantage que les Europains tiraient de la fumée.

On sait qu'elle jouait un rôle, avec le sel,  dans la conservation du poisson nordique et des écclésiastiques orientaux.

Selon de nombreux récits, la fumée faisait rire sans raison, effet que nos médecins considèrent généralement comme bénéfique, tout en estimant que cette approche pour l'obtenir était un peu dérisoire.

De plus, la fumée permettait de masquer l'odeur du métro et des égouts à ciel ouvert, qu'on trouvait ici et là dans les villes (les notions de l'hygiène publique étant encore balbutiantes).

D'autant plus qu'au début de son premier mandat, Nicolas de Sarcotie n'avait pas encore réussi à extirper toute la gent SDF qui s'était insinuée partout, certains s'obstinant à rester pauvres malgré les opportunités qui leur étaient offertes de travailler plus pour avoir la TVA gratuite.

La fumée permettait aussi de désinfecter les vêtements en poil de ruminant frisé tressé quand on l'avait mauvaise à laine, en leur laissant une bonne odeur de propre, certes illusoire et factice, mais agréable, et en tous cas, aphrodisiaque, ce qui n'était pas négligeable.

Et on présume qu'elle tuait les bactéries et les poux, qui infestaient pratiquement toute la population, hormis les chauves (probablement en raison d'un gène incompatible).

Il faut s'imaginer les villes de l'époque (et notamment Pari) couvertes par un salubre nuage de fumées parfumées de plusieurs centaines de mètres d'épaisseur,  qui donnaient aux murs leur patine et leur cachet, mais perturbaient la circulation des aéronefs et des moineaux lorsqu'ils n'étaient pas munis de radar.

Mais à tout prendre, ce n'était pas si mal, puisque Nicolas de Sarcotie avait interdit le survol de Pari, et que les aéronefs et les volatiles qui passaient outre l'interdiction se retrouvaient en état de délinquance.

Les marchands de tabac,  quant à eux, jouissaient d'un grand prestige, au point qu'il était d'usage de leur accorder des libéralités exceptionnelles, comme le droit exclusif de distribuer des timbres-amende, une sorte de bon de soutien au budget de Nicolas de Sarcotie, que les Europains les plus patriotes collectionnaient avec acharnement, dix bons donnant droit à une image, et dix images donnant droit à une boîte à images.

Malgré ces avantages présumés, la fumée n'allait pas sans quelques désagréments, et ceux qui s'y adonnaient étaient plutôt mal vus en définitive, probablement pour des raisons qui tenaient souvent davantage à la religion et à la superstition qu'au bon sens.

On raconte ainsi que les Europaines qui arrêtaient la fumée grossissaient dans des proportions gigantesques, difficilement concevables, ce qui constituait un défi difficile pour les confectionneurs de vêtement extrèmement orientaux qui n'avait jamais vu une catastrophe de cette ampleur en centimètres.

De manière générale, on considérait avec admiration ceux qui faisaient voeu d'arrêter, et avec une admiration plus grande encore ceux qui pouvaient arrêter plusieurs fois de suite.

On rapporte ainsi l'histoire, vraisemblablement légendaire, de certains fumistes de cette époque, qui auraient été capables d'arrêter plusieurs fois par jour, à force d'entrainement.

mercredi 13 juin 2007

Mais où va-t-on ?

Chapitre 27

Où l'on voit que les Europains étaient victimes de comportements grégaires ataviques.

Partir un jour, sans retour.
Jaurès de l'Avenue, in La Protohistoire.


Au temps de Nicolas de Sarcotie, les Europains adoraient se déplacer en groupes.

En réalité, ils n'aspiraient à rien d'autre qu'à la tranquillité et à la solitude, mais ils étaient affectés d'une anomalie génétique qui avait pour conséquence de leur donner à tous une envie de repos en même temps.

Il faut savoir qu'à cette époque, le climat était beaucoup plus instable que de nos jours.

Il ne faisait pas chaud tous les jours, mais seulement quelques mois dans l'année, disons les mois d'été, pour simplifier.

Le reste du temps, ça caillait sévère, et les rares journées d'hiver ou de printemps où le soleil brillait, les météorologues de la télévision, consternés, annonçaient la survenue imminente d'un réchauffement climatique.

En fait, ils n'avaient complètement tort, mais pas pour les bonnes raisons.

En été, donc, période bénie, les Europains étaient quasiment assurés qu'il ferait beau, en dehors, évidemment, des jours où il pleuvrait (c'était un temps où il pleuvait encore, et souvent: c'est dire si le climat était instable en l'absence des dispositifs de contrôle météo artificiels).

Et les Europains se sentaient tous en même temps pris d'une incoercible envie de vacances.

On pense aujourd'hui que la chaleur des mois d'été augmentait leur production d'oestrogènes et de testostérone, et induisait ce comportement migratoire, une sorte de vestige d'un comportement sexuel primitif hérité d'ancêtres ruminants - mais ce n'est qu'une hypothèse.

Et en ce temps-là, les considérations économiques de bon sens et l'utilité de travailler plus pour gagner plus ne pesaient pas lourd face à une envie de vacances.

Et ils partaient.

Il s'ensuivait forcément des problèmes logistiques quasiment insolubles.

Le plus souvent, ils partaient à la mer.

Ou à la montagne.

Ou au fond d'un trou.

N'importe où, enfin, pourvu que ce soit loin de la foule (sauf le soir, pour les boîtes de nuit, nous y reviendrons).

Et les Europains n'étaient pas seuls à partir.

Les Ollandais étaient pris du même vertige en même temps.

Il n'y avait plus de guerre qui tenait, Europains et Ollandais se retrouvaient côte à côte sur les mêmes routes, les mêmes chemins, les mêmes plages, les mêmes montagnes.

On avait plus de chance de voir un Ollandais en vacances que pendant les élections.

Il s'ensuivait inéluctablement que les destinations choisies étaient abominablement surpeuplées, bien plus, en définitive, que les lieux dont les vacanciers étaient issus au départ.

On s'y bousculait, on y faisait des queues interminables devant les marchands de frites molles à l'huile rance (la spécialité cullinaire favorite des vacanciers), on partageait le sable entre les fesses et les mycoses.

On attendait dans les embouteillages au soleil, on se trempait dans une mer de bouillon tiède qui avait servi à la toilette (et de toilette) pour ses prédécesseurs.

En revanche, on n'y voyait guère l'élite des pipôles, qui se faisait toujours photographier en maillot sur des plages quasi désertes (si on omettait le pool de journalistes convoqués).

Des images de Nicolas de Sarcotie ou de la Suglend royale en maillot, destinées à susciter la sympathie électorale par le pouvoir d'attraction érotique de ces corps athlétiques quasi-nus sont ainsi restés célèbres.

Mais Nicolas de Sarcotie, quant à lui, préférait de beaucoup trouver la chaleur, morale, sinon climatique, sur un bateau libéralement prêté par un ami sur l'île du Malt (une localité connue pour ses brasseries, ce qui était malencontreux, car Nicolas de Sarcotie ne buvait pas, comme chacun sait).

Puis, lorsque l'on avait fini d'être en vacances, on retournait vite se reposer, et se soigner dans ses pénates, en se promettant - en vain - de ne plus jamais s'y faire prendre.

Les victimes les plus atteintes ne s'en remettaient jamais.

On disait alors qu'elles partaient en retraite, la plus célèbre d'entre toutes étant la retraite de Russie, qui équivalait littéralement à une véritable Bérézina.

.

lundi 11 juin 2007

Les huit

Chapitre 26

Ou l'on voit qu'il est toujours possible de rendre le monde meilleur.

Ils étaient huit, seuls au monde..
Jaurès de l'Avenue, in La Protohistoire.


Au temps de Nicolas de Sarcotie, le monde était presque parfait.

Mais pas tout à fait.

Il y avait d'abord tous ces esclaves venus de l'étranger qui s'acharnaient stupidement à envahir Europe.

Et tous ceux qui restaient chez eux, et qui se laissaient insolemment décéder de faim, de soif ou d'ennui  pour plonger le reste du monde dans l'embarras.

Un peu de la manière dont les enfants font des caprices, en refusant de respirer et en devenant tout rouges, voyez.

Des gamins, vraiment.

Il y avait aussi les républicains du China, qui insitaient pour vendre des chemises, alors qu'à cause de la canicule, on était déjà bien assez habillé.

Et qui refusaient, de surcroît, d'acheter des Raibus, une sorte d'aéronef à huile de pétrole de cette époque, dont on était très fier parce qu'on en avait un plus gros que ses camarades, démontrant ainsi une virilité supérieure.

Les républicains du China avaient la réputation peu enviée d'en avoir de tout petits, ce qui les rendait jaloux, méchants et agressifs.

Il y avait encore Minimir des Poutines, qui passait tout son temps à rétablir l'ordre, mais à qui on ne pouvait rien dire parce c'était lui qui conduisait la pompe à pétrole, et que tout le monde avait de l'affection pour lui à cause de cela.

Et les magasins Darfour, qui n'étaient jamais ouverts quand on en avait besoin, et que les clients crevaient la dalle devant l'entrée en attendant que ça ouvre.

Bref, le monde allait bien, mais causait en permanence d'agaçantes contrariétés.

Heureusement, Nicolas de Sarcotie, qui se préoccupait du moindre détail, avait inventé le G8.

Cela consistait à convoquer tous les meneurs qui posaient problème et à les gronder devant tout le monde.

Beaucoup ne supportaient pas de se voir ainsi tancés en public, ils pleuraient beaucoup et se repentaient considérablement.

Nicolas de Sarcotie avait posé des exigences très précises pour les G8.

D'abord, ils devaient être organisés sur des sommets, ce qui obligeait les participants à s'entrainer durement à l'escalade, car tous n'avaient pas les dispositions physiques avantageuses du jogger d'élite qu'était Nicolas de Sarcotie.

Les buffets, ensuite, devaient être abondamment garnis de toutes les boissons possibles et imaginables, car si Nicolas de Sarcotie ne buvait jamais, il en appréciait l'odeur avec le nez d'un connaisseur.

Les sommets des G8 devaient en outre être soigneusement garnis de cortèges de partisans enthousiastes (ils n'étaient guère difficiles à trouver) volontaires pour témoigner leur attachement aux participants par des manifestations gymniques et festives, des pétards et des feux d'artifices.

Chacun devait, de préférence, venir déguisé, muni de banderoles et de calicots portant des paroles de bénédiction.

Mais les G8 n'étaient pas qu'une occasion de fête.

Le plus souvent, ils donnaient lieu à des prises de décisions importantes.

On faisait une liste de problèmes, en négociant longuement pour sélectionner ceux qui étaient importants et ceux qui ne l'étaient pas.

On convenait  de réunir un nouveau G8 l'année suivante, pour s'assurer que la liste des problèmes n'avait pas évolué, et pour négocier sa mise à jour éventuelle.

Les Europains et toute la planète était très attachée aux G8 de Nicolas de Sarcotie.

Ainsi, en hommage aux G8, Raibus (la compagnie qui fabricait les Raibus) avait appelé Pouère 8 son fameux plan d'optimisation qui lui avait permis de se débarrasser de ses esclaves superflus.

Le fameux Raibus 380, le train le plus rapide de l'est.

vendredi 8 juin 2007

Puisqu'il faut en passer par là

Chapitre 25

Où l'on voit que l'amour, c'est pas de la tarte.

Tu aimes les films de gladiateurs ?.
Jaurès de l'Avenue, in La Protohistoire.


Au temps de Nicolas de Sarcotie, les Europains n'étaient pas tout à fait comme nous.

Leur comportement était fortement influencé par leur sujétion au mode de reproduction naturel, qui était encore largement répandu.

Ce type de reproduction malsain et inconfortable supposait l'appariement de plusieurs individus.

Deux semblait un minimum, mais tout semble indiquer que les opérations de reproduction regroupaient le plus souvent au moins cinq personnes.

Sur ce point encore, l'archéologie expérimentale nous permettra probablement d'en savoir davantage en procédant à des simulations avec des volontaires.

De façon assez surprenante, il semble que l'état et les différentes administrations n'étaient aucunement tenus de mettre en place des dispositifs ou des mesures pour faciliter les appariements - bien que Nicolas de Sarcotie ait tenté de timides réformes dans ce domaine au cours de son troisième mandat - et les individus étaient la plupart du temps livrés à eux-mêmes pour la recherche de partenaires compatibles.

Selon certains historiens, la nécessité de la reproduction serait à l'origine du concept de 'covoiturage', une étonnante pratique consistant à regrouper une unité reproductive complète au sein d'un même véhicule.

Il va sans dire que les déplacements ne s'en trouvaient pas facilités.

On comprend que la reproduction était en ce temps-là vécue comme un véritable supplice, et on ne peut que s'émerveiller de la persévérance et de l'abnégation des Europains de ce temps, qui réussirent à éviter une extinction qui semblait inéluctable.

La négociation préalable à la procréation ne s'arrêtait pas à la mise en présence des participant.

On procédait souvent à une parade nuptiale tarabiscotée, dont nous commençons seulement à découvrir la complexité et les modalités.

Elle imposait notamment de boire un verre.

La soif n'était pas nécessaire.

La nature du breuvage utilisé semble assez variable, mais consistait probablement en un cocktail d'hormones destiné à préparer les participants aux difficiles manoeuvres d'appariement (on disait aussi copulation, terme que les étymologistes considèrent comme une contraction de l'expression 'coucou, la population', par référence aux préoccupations démographiques des personnes).

S'ensuivait une chorégraphie protocolaire compliquée, dont le détail précis nous est perdu, mais dont le but était d'assurer un transfert de masses verticales vers une position horizontale, selon un mouvement rotatif contrôlé, cette position horizontale semblant plus favorable au processus (pour des raisons de remplissage évidentes).

Pour plus de détail, le lecteur est invité à se reporter à l'observation des mouches, qui pratiquent ce mode de reproduction encore de nos jours, moyennant une transposition à l'espèce humaine.

Il semble que la reproduction par les voies naturelles était peu ou prou une obligation sociale, à laquelle chaque citoyen était astreint, quelque que soit son sexe et son origine sociale.

Certaines catégories particulièrement méritantes et distinguées de la population étaient dispensées de cette obligation, comme les prêtres, les détenus, les enfants, les anciens combattants.

Par voie de conséquence, la population ne comportait jamais de prêtres jeunes, détenus jeunes, d'enfants jeunes ou d'anciens combattants jeunes, ces fonctions étant nécessairement occupées par d'anciens jeunes repentis.

Parade nuptiale typique au temps de Nicolas de Sarcotie.

jeudi 7 juin 2007

Chose promise, Chômedu.

Chapitre 24

Où l'on voit que les Europains excellaient dans les constructions de chôme.

C'est nous les damnés de la Terre, C'est la faute à Voltaire .
Guillaume de Napoléonaire, in 
Les 100 000 barges.


Selon les chroniqueurs du temps de Nicolas de Sarcotie, la vie des Europains était plutôt douce, agitée seulement de temps à autre par les chamailleries avec les Ollandais, qui servaient davantage à procurer des distractions qu'à défendre des intérêts vitaux.

Europe vivait une période de calme et de prospérité exceptionnelle, aussi bien sur le plan social que sur le plan économique.

Le travail abondait, et comme l'avait révélé le président-démocrate, si on s'en dispensait c'était nécessairement qu'on préférait consacrer sa vie au repos - cela paraît évident à nos yeux, mais à cette époque, c'était révolutionnaire.

Seuls restaient au chômage ceux qui vivaient une passion acharnée pour cette activité.

Ce choix de vie était généralement considérée favorablement par les citoyens, qui estimaient que la présence de nombreux chômeurs était un gage de bonheur et de convivialité.

La société était d'ailleurs organisée pour enrichir et protéger avec bienveillance ceux qui faisaient ce choix courageux, en leur fournissant avec libéralité des aides dégressives.

De nombreux textes montrent d'ailleurs dans le détail l'opulence des fêtes de l'abondance - les *concerts des enfoirés*, comme on disait - organisées spécialement pour les Restaus du Coeur, une sorte de Lyon's Club huppé réservé aux chômeurs les plus méritants, accessible sur invitation.

Une part non-négligeable du budget de l'état était consacrée au maintient d'une proportion immuable de militants-chômeurs dans la population, selon un principe vertueux hérité des prédécesseurs de Nicolas de Sarcotie: Valéry d'Escarres des Seins, Fransois des Mythos-Errants, Jaque de Chirague, etc.

Tout prince-démocrate se serait senti terriblement gêné si ce pourcentage avait tendu à diminuer, et des efforts acharnés étaient consentis par tous leurs collaborateurs pour que cela n'arrive à aucun prix.

Le journal de l'ANPE de cette époque (une sorte de bourse d'échange de chômeurs permettant de gérer rationellement la pénurie) fournit des chiffres très détaillés du nombre de chômeurs exigés pour chaque commune et chaque département.

On y constate que certaines communes se disputaient âprement des chômeurs de prestige.

On y rapporte aussi que des parents occupaient des écoles pour exiger la mise en place de chômeurs en fonction du nombre d'élève par classe.

Nicolas de Sarcotie suggéra qu'on s'efforce, quand c'était possible, de faire venir des chômeurs étrangers bac+7, en leur proposant le soutien économique et psychologique dont ils avaient besoin, et qu'ils ne trouvaient guère, dans leurs taudis exotiques à couleurs vives.

On appelait cette démarche *l'immigration- choisie- par- nous- tant- pis- pour- vous- désolé*, que l'on abrégeait souvent, par abus de langage,  en *les- étrangers- qui- ne- posent- pas- trop- de- problèmes- hormis- le- fait- regrettable- qu'ils- sont- noirs*.

Certains des pays d'origine de ces chômeurs immigrés, notamment les pays Afriqués finissaient d'ailleurs par s'inquiéter de cette hémorragie, et mettaient en place des mesures pour empêcher la fuite de leurs meilleurs chômeurs.

Mais ils ne pouvaient pas grand chose contre le pouvoir d'attraction de Nicolas de Sarcotie.

Quant au reste de la société, il s'adonnait avec enthousiasme et décontraction au travail en plus, ce qui avait pour effet de lui faire gagner plus, presque par inadvertance, n'eût été le fait que Nicolas de Sarcotie l'avait prédit.

Ils travaillaient plus, et ils gagnaient plus.

Tant qu'ils gagnaient, ils jouaient.

Alors ils regagnaient.

Alors ils retravaillaient.

De plus en plus.

Un truc de dingue.

Et certains accumulaient de véritables fortunes en travaillant à toute vitesse, avec les deux mains, comme des mitraillettes, parvenant parfois à l'équivalent d'un temps complet !

Le ministre Bernacle de Cochenère donnant l'exemple du travail en plus destiné à gagner plus de riz.

mardi 5 juin 2007

L'appel du ventre

Chapitre 23

Où l'on voit que tout n'augmente pas nécessairement.

Ton impudence verra sa récompense.
Jaurès de l'Avenue, in 
La Protohistoire.


En Ollande, au temps de Nicolas de Sarcotie, l'animal de compagnie favori était l'éléphant.

C'était une espèce particulière de pachyderme, qui - contrairement à ceux dont nous avons l'habitude et qui constituent de grands troupeaux dans les réserves Afriqués - était uniquement composée de vieux mâles solitaires.

Bien que ventrus et impressionnants à cause de leur stature, ces éléphants Ollandais étaient relativement doux et pacifiques, et ne se connaissaient que deux sortes d'ennemis: Tout membre de la gent Eléphant d'une part, et tout ce qui n'était pas éléphant d'autre part.

En dehors de ces modestes ennemis, les éléphants étaient plutôt faciles à vivre et sociables.

Il étaient étaient d'ailleurs tous affectés par la socialite, mais grâce à un système immunitaire de mammouth, ils n'en présentaient, heureusement pour eux, aucun symptôme, et ils finissaient souvent par oublier avoir jamais été atteints de cette maladie.

Cette particularité leur permettait de s'adapter à tous les changements d'environnement, que le climat de la Ollande soit tiraillé vers la droite ou vers la gauche, ainsi qu'il était fréquent à cette époque.

Tous les Europains de cette époque étaient passionnés par les gros animaux, à l'instar de J'en-Marie des Peines avec ses molosses ou de Brégide de Barredeau avec ses morses.

Nicolas de Sarcotie n'y faisait pas exception, nourrissant une certaine affection pour ces bons gros animaux tendres venus de Ollande.

Et lorsqu'il accéda à son premier mandat, il s'efforça d'en attirer quelques-uns par tous les moyens compatibles avec sa propre morale (il était très tolérant, au fond, quand il s'agissait de lui-même).

Il ne pouvait évidemment pas en demander l'autorisation à Fransois de Ollande, qui veillait sur son cheptel avec un soin jaloux, mais par bonheur, le maître des Ollandais était fort occupé à recoller les morceaux de Ollande éparpillés par une Suglend royale agitée à forte.

Nicolas de Sarcotie connaissait bien le fond de l'âme éléphantesque, et il préparait depuis des années des fiches sur chaque Ollandais.

Il savait exactement le prix auquel chaque animal s'évaluait lui-même.

La plus noble conquête de l'homme fut évidemment Bernacle de Cochenère , qui lui coûta tout de même un ministère, mais dont il entendait profiter de sa légendaire capacité à transporter du riz.

Quelques-uns, qui semblaient en mesure de tenir un bâton sale, furent faits secrétaires des tas.

A beaucoup d'autres, il demanda de jolis rapports, dont nul n'aurait que faire, mais qui les tiendraient occupés pendant un certain temps.

D'autres enfin se rallièrent contre un porte-clés à l'effigie du prince-démocrate, et un T-shirt, en prévision du jogging, qui serait bientôt obligatoire.

Elephant Ollandais répondant à la sollicitation de Nicolas de Sarcotie avec toute la modération dont il est capable.

vendredi 1 juin 2007

La grosse bébête

Chapitre 22

Où l'on voit qu'il convient de choisir avec soin son animal de compagnie.

Il y a tromperie dans le merchandising.
Jaurès de l'Avenue, in 
La Protohistoire.


Au temps de Nicolas de Sarcotie, les Ollandais voulaient s'emparer d'Europe.

Que le lecteur se rassure, ils n'y parvinrent jamais, malgré tout leur acharnement.

Ils se faisaient invariablement battre à plate couture par n'importe quel Europain de souche ou d'adoption, pourvu que celui-ci fasse état de sa fidélité à Nicolas de Sarcotie.

Par la magie de ce nom, les eaux de la Mer du Nord s'ouvraient devant les troupes du prince-démocrate, et se refermaient sur les malheureux Ollandais, qui buvaient la tasse.

Et les Ollandais finissaient par en concevoir de la rancoeur et du déplaisir.

Ils trouvaient confusément que leur persévérance et leur courage intrépide face à la déculottée inéluctable était bien mal récompensée.

Bien sûr, ils s'efforçaient de rester fidèles à la Ollande bien aimée et à sa Suglend royale, mais au fond de leur coeur, ils sentaient quelquefois un blasphème leur monter aux lèvres contre les injustices de Dieu.

D'autres, encore imputaient leur invraisemblable infortune aux éléphants, parmi lesquels figurait Fransois de Ollande lui-même.

On ne sait d'où était issue la souche d'éléphants qui s'épanouissait en Ollande.

Les analyses génétiques nous laissent à penser qu'ils résultaient de croisements successifs entre pachydermes de plusieurs origines.

Il est à peu près certain que certains étaient ni plus ni moins que des mammouths laineux dégraissés, introduits quelques années plus tôt par un célèbre ministre Ollandais: Clos de l'Aigre (nous reparlerons de lui plus tard).

D'autres ancêtres provenaient certainement d'une souche locale, survivante de la dernière glaciation.

Il n'en restait pas moins que la troupe d'éléphants de Ollande restait florissante, en dépit des coups du mauvais sort.

L'éléphant Ollandais se caractérisait par sa majestueuse stabilité, l'épaisseur de son cuir et sa résistance aux mauvais coups.

Le bel animal était en outre remarquablement élégant, capable à la fois de prendre des vestes et de retourner la sienne, sans se départir de son sourire de triomphe.

De nombreux historiens présument que le légendaire cimmetière des éléphants était une appellation métaphorique de la Ollande.

Le peuple Ollandais, quant à lui, était très attaché à ses éléphants, mais devinait confusément qu'une partie de son insatisfaction devait provenir de la jalousie que les dieux nourissaient à l'encontre de ses pachymermes.

Certains Ollandais devinrent méfiants à l'égard de ces bêtes, et montraient même un certain dédain à leur approche.

Jusqu'au jour où certains franchirent le Rubicon, ou plutôt le bras de Mer du Nord qui séparait Europe de la Ollande.

Ils virent prêter allégeance à Nicolas de Sarcotie.

(à suivre)

Un des célèbres éléphants de Fransois de Ollande, accompagné de quelques-uns de ses fidèles.