vendredi 1 juin 2007
La grosse bébête
Par quintescent, vendredi 1 juin 2007 à 20:16 :: Uchronique
Chapitre 22
Où l'on voit qu'il convient de choisir avec soin son animal de compagnie.
Il y a tromperie dans le merchandising.
Jaurès de l'Avenue, in La Protohistoire.
Au temps de Nicolas de Sarcotie, les Ollandais voulaient s'emparer d'Europe.
Que le lecteur se rassure, ils n'y parvinrent jamais, malgré tout leur acharnement.
Ils se faisaient invariablement battre à plate couture par n'importe quel Europain de souche ou d'adoption, pourvu que celui-ci fasse état de sa fidélité à Nicolas de Sarcotie.
Par la magie de ce nom, les eaux de la Mer du Nord s'ouvraient devant les troupes du prince-démocrate, et se refermaient sur les malheureux Ollandais, qui buvaient la tasse.
Et les Ollandais finissaient par en concevoir de la rancoeur et du déplaisir.
Ils trouvaient confusément que leur persévérance et leur courage intrépide face à la déculottée inéluctable était bien mal récompensée.
Bien sûr, ils s'efforçaient de rester fidèles à la Ollande bien aimée et à sa Suglend royale, mais au fond de leur coeur, ils sentaient quelquefois un blasphème leur monter aux lèvres contre les injustices de Dieu.
D'autres, encore imputaient leur invraisemblable infortune aux éléphants, parmi lesquels figurait Fransois de Ollande lui-même.
On ne sait d'où était issue la souche d'éléphants qui s'épanouissait en Ollande.
Les analyses génétiques nous laissent à penser qu'ils résultaient de croisements successifs entre pachydermes de plusieurs origines.
Il est à peu près certain que certains étaient ni plus ni moins que des mammouths laineux dégraissés, introduits quelques années plus tôt par un célèbre ministre Ollandais: Clos de l'Aigre (nous reparlerons de lui plus tard).
D'autres ancêtres provenaient certainement d'une souche locale, survivante de la dernière glaciation.
Il n'en restait pas moins que la troupe d'éléphants de Ollande restait florissante, en dépit des coups du mauvais sort.
L'éléphant Ollandais se caractérisait par sa majestueuse stabilité, l'épaisseur de son cuir et sa résistance aux mauvais coups.
Le bel animal était en outre remarquablement élégant, capable à la fois de prendre des vestes et de retourner la sienne, sans se départir de son sourire de triomphe.
De nombreux historiens présument que le légendaire cimmetière des éléphants était une appellation métaphorique de la Ollande.
Le peuple Ollandais, quant à lui, était très attaché à ses éléphants, mais devinait confusément qu'une partie de son insatisfaction devait provenir de la jalousie que les dieux nourissaient à l'encontre de ses pachymermes.
Certains Ollandais devinrent méfiants à l'égard de ces bêtes, et montraient même un certain dédain à leur approche.
Jusqu'au jour où certains franchirent le Rubicon, ou plutôt le bras de Mer du Nord qui séparait Europe de la Ollande.
Ils virent prêter allégeance à Nicolas de Sarcotie.
(à suivre)
Un des célèbres éléphants de Fransois de Ollande, accompagné de quelques-uns de ses fidèles.