Chapitre 23

Où l'on voit que tout n'augmente pas nécessairement.

Ton impudence verra sa récompense.
Jaurès de l'Avenue, in 
La Protohistoire.


En Ollande, au temps de Nicolas de Sarcotie, l'animal de compagnie favori était l'éléphant.

C'était une espèce particulière de pachyderme, qui - contrairement à ceux dont nous avons l'habitude et qui constituent de grands troupeaux dans les réserves Afriqués - était uniquement composée de vieux mâles solitaires.

Bien que ventrus et impressionnants à cause de leur stature, ces éléphants Ollandais étaient relativement doux et pacifiques, et ne se connaissaient que deux sortes d'ennemis: Tout membre de la gent Eléphant d'une part, et tout ce qui n'était pas éléphant d'autre part.

En dehors de ces modestes ennemis, les éléphants étaient plutôt faciles à vivre et sociables.

Il étaient étaient d'ailleurs tous affectés par la socialite, mais grâce à un système immunitaire de mammouth, ils n'en présentaient, heureusement pour eux, aucun symptôme, et ils finissaient souvent par oublier avoir jamais été atteints de cette maladie.

Cette particularité leur permettait de s'adapter à tous les changements d'environnement, que le climat de la Ollande soit tiraillé vers la droite ou vers la gauche, ainsi qu'il était fréquent à cette époque.

Tous les Europains de cette époque étaient passionnés par les gros animaux, à l'instar de J'en-Marie des Peines avec ses molosses ou de Brégide de Barredeau avec ses morses.

Nicolas de Sarcotie n'y faisait pas exception, nourrissant une certaine affection pour ces bons gros animaux tendres venus de Ollande.

Et lorsqu'il accéda à son premier mandat, il s'efforça d'en attirer quelques-uns par tous les moyens compatibles avec sa propre morale (il était très tolérant, au fond, quand il s'agissait de lui-même).

Il ne pouvait évidemment pas en demander l'autorisation à Fransois de Ollande, qui veillait sur son cheptel avec un soin jaloux, mais par bonheur, le maître des Ollandais était fort occupé à recoller les morceaux de Ollande éparpillés par une Suglend royale agitée à forte.

Nicolas de Sarcotie connaissait bien le fond de l'âme éléphantesque, et il préparait depuis des années des fiches sur chaque Ollandais.

Il savait exactement le prix auquel chaque animal s'évaluait lui-même.

La plus noble conquête de l'homme fut évidemment Bernacle de Cochenère , qui lui coûta tout de même un ministère, mais dont il entendait profiter de sa légendaire capacité à transporter du riz.

Quelques-uns, qui semblaient en mesure de tenir un bâton sale, furent faits secrétaires des tas.

A beaucoup d'autres, il demanda de jolis rapports, dont nul n'aurait que faire, mais qui les tiendraient occupés pendant un certain temps.

D'autres enfin se rallièrent contre un porte-clés à l'effigie du prince-démocrate, et un T-shirt, en prévision du jogging, qui serait bientôt obligatoire.

Elephant Ollandais répondant à la sollicitation de Nicolas de Sarcotie avec toute la modération dont il est capable.