Quintescenteries

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mercredi 31 janvier 2007

Le trombino

Je n'arrête plus de penser à la femme du miroir.

Je me demande si mes collègues se posent des questions à propos du temps que je passe dans les toilettes.

Heureusement pour moi, je pense qu'en fait, qu'ils n'en ont rien à foutre et qu'ils n'ont rien remarqué.

Je ne contrôle pas vraiment le moment que j'observe, ni la durée de la scène qui m'apparaît, mais dans une certaine mesure, je peux choisir entre les événements anciens ou plus récents.

J'ai beau essayer, je n'ai pas réussi à retrouver un seul instant où l'inconnue a pu repasser dans ces toilettes.

J'imagine que ça signifie que ce n'était pas quelqu'un qui travaillait dans ce service, mais que c'était plutôt une visiteuse de passage.

En réalité, je n'arrive même pas à retrouver la scène où je l'ai découverte, et où elle est passée devant ce miroir pour la première fois.

Je dois me contenter de ce que ma mémoire me restitue.

En tous cas, ce qui est sûr, c'est qu'elle ne travaille pas dans ce service actuellement.

Je ne suis même pas sûr que la scène se déroulait alors que les locaux étaient déjà occupés par ma boîte actuelle.

D'après ce que j'ai entendu dire, l'immeuble a été autrefois un hôtel particulier, transformé en hôtel de tourisme après la guerre, et en immeuble de bureaux ensuite.

Mais la femme que j'ai aperçue avait des vêtements plutôt modernes.

Je me creuse la tête pour cuisiner les collègues qui sont dans le service depuis plus longtemps que moi, sans éveiller leurs soupçons.

Pour le moment, ça n'a rien donné.

A force de poser des questions, j'ai appris qu'il y avait un trombinoscope accessible sur le réseau, avec les photos de mes collègues.

Pas très complet, et pas très à jour, hélas.

Je l'ai parcouru attentivement, mais je n'ai trouvé aucune trace de mon inconnue.

Accessoirement, ce temps passé dans les toilettes m'a quand même permis d'en découvrir de belles sur certains de mes collègues.

La discrète intimité des lieux d'aisance convient à faire, pour certains, un parfait nid d'amour entre garçons, pour quelques personnes dont je ne soupçonnais d'ailleurs pas du tout l'inclination.

Personnellement, j'ai toujours trouvé que l'odeur d'urine rance était un parfait tue-l'amour, mais, bon, chacun ses fantasmes.

mardi 30 janvier 2007

Le petit con

J'ai rencontré quintescent dans le désert de Libye, pendant une mission "non officielle" à la frontière du Tchad.

J'avais dû m'éjecter en plein désert.

Carafe moteur.

Je ne sais pas ce qui a pu se produire, une explosion, et puis un incendie.

Les commandes qui ne répondent plus, les instruments complètement aux choux.

Le GPS de mon Jaguar m'indiquait que j'étais plus ou moins au dessus de la Normandie, mais si je voyais la plage, je ne savais pas où la mer était passée.

Je m'étais éjecté tout près du sol, et mon parachute avait à peine eu le temps de s'ouvrir.

Finalement, je m'en étais plutôt bien tiré, sauf que j'avais atterri en plein sur un rocher imbécile et néanmoins libyen (du moins, je le supposais).

Je m'étais légèrement foulé une cheville, mais je m'estimais plutôt heureux.

Surtout que le Jaguar avait explosé presque immédiatement après mon éjection.

Incroyablement, aucun éclat ne m'avait atteint, le parachute non plus.

L'avantage du désert, c'est que le sable absorbe le carburant, et que les débris ne brûlent pas très longtemps, ce qui permet d'éviter de se faire repérer en territoire "hostile".

L'inconvénient, c'était qu'avec mes instruments déréglés, il n'allait pas être très facile aux secours de me retrouver.

Je n'avais presque pas d'eau, mais en revanche, du sable et des cailloux autant que je voulais.

Finalement, le me demandais si le mieux qui pouvait m'arriver, ce n'était pas de tomber sur une patrouille libyenne.

Si je n'étais pas liquidé sur place, les diplomates pourraient faire leur travail, et je pourrais sortir deux ou trois ans (et quelques dessous de table) plus tard.

A moi le couscous aux frais de Khadafi !

En attendant, j'avais passé la journée en m'abritant du soleil du mieux possible sous un débris d'aile.

A part le manque d'eau, si je m'efforçais de ne pas bouger, ça restait supportable.

La nuit est tombée.

Le moindre bruit de vent ou d'insecte me faisait sursauter.

Et soudain, il était là.

Quintescent.

Un gamin, blondinet.

Je me dis brièvement que c'était bizarre, un niard blond dans le coin.

En plus, je ne parlais pas le langage indigène, ça n'allait pas être facile de communiquer.

Mais c'est lui qui a entamé la conversation, en français.

"S'il vous plait, monsieur, dessine-moi un mouton".

Je n'ai pas relevé la faute de grammaire grossière, comme Ludine l'aurait fait.

Faisant preuve d'une patience qui m'étonne encore moi-même, j'ai même évité de lui demander s'il en avait d'autres, des questions à la con de ce genre.

J'ai éludé la question en disant que je n'avais pas mon carnet de croquis sur moi.

Mais il avait amené de grands blocs de papier et des fusains, ce con, et il insistait.

Je n'osais pas trop le rabrouer, parce que je me méfiais de ses réactions.

Je ne savais pas s'il y en avait d'autres comme lui.

Il m'a raconté une histoire bizarre de volcans, de roses et de réverbères.

J'ai essayé de lui inculquer les rudiments de l'électricité, mais il insistait avec son histoire d'éclairage au gaz.

J'ai fini par laisser tomber.

Je lui ai demandé de me montrer ses roses, me disant que là où il y avait des roses, il devait y avoir de la flotte.

A ce moment-là, c'était tout ce qui me préoccupait.

Je n'avais plus les idées très claires, il me parlait de volcans.

Il me semblait avoir vu des volcans, juste avant mon éjection.

De l'eau, près du volcan...

Je suis tombé dans les pommes.

J'ai été réveillé par un sergent de la légion étrangère, qui parlait avec un fort accent slave.

"Mon capitaine, est-ce vous entendez ?

- A boire ! " C'est tout ce que j'ai pu répondre.

J'ai entendu un médecin militaire dire que je délirais.

Et je suis parti à nouveau.

lundi 29 janvier 2007

Le scoot

Au fils de Nicolas on vola son scooter.
Jugeant que cette affaire concernait tout l'état,
Le garant de la loi, aux trousses des malfrats
Mit toute la justice, remua Ciel et Terre.

L'intègre fonctionnaire, sans soucis des finances
Diligente aussitôt un solide enquête.
Les chercheurs des labos, bien sûr, à sa requête,
Font maintes analyses aux dépens de la France.

L'ADN infaillible confond les deux voleurs:
Le gamin rassuré retrouve ses valeurs,
Et surtout la confiance en son père ministre.

Convenez que le jeu en valait la chandelle
Vous n'en exigez tant pour vos propres sinistres
Enfin, la République peut être fière d'elle.

Source: 20minutes page 4

dimanche 28 janvier 2007

Nature Boy

There was a boy
A very strange enchanted boy
They say he wandered very far, very far
Over land and sea
A little shy and sad of eye
But very wise was he

And then one day
A magic day he passed my way
And while we spoke of many things
Fools and kings
This he said to me
"The greatest thing you'll ever learn
Is just to love and be loved in return"

Nat King Cole (1948)
Paroles et musique:Eden Ahbez

Il était un garçon
Un garçon enchanté très étrange
On disait qu'il avait erré très loin
Très loin
Sur terre et sur mer
Un peu timide et à l'oeil triste
Mais très sage était-il

Et alors, un jour
Un jour magique, il croisa mon chemin
Et alors que nous parlions de maintes choses
De fous et de rois
Il me dit ceci
"La plus grande chose que tu apprendras jamais
C'est juste à aimer et à être aimé en retour".

samedi 27 janvier 2007

La femme dans le miroir

Une fois, par le miroir, j'ai vu entrer une jeune femme dans les toilettes.

Ce n'est pas très courant de voir des femmes entrer dans les toilettes des hommes.

Les seules femmes que je vois passer, d'habitude, ce sont les femmes en blouse de l'entretien.

Par chance (peut-être) personne d'autre n'est entré dans les toilettes pendant son passage.

Cette femme-ci avait n'avait pas l'air très en forme.

Son maquillage avait coulé, elle semblait avoir pleuré.

D'ailleurs, pendant le cours instant où elle a séjourné devant le miroir, elle a pleuré plusieurs fois.

Elle avait les yeux clairs, et très rougis.

Et des cheveux châtains clair.

Plutôt mignonne en fait, sous son masque désespéré.

Elle portait une robe rouge et noire, ces couleurs qui vont si bien aux femmes qui pleurent.

Elle parlait au miroir, en s'adressant visiblement à un absent, avec un air de reproche, jusqu'à la crise de larmes suivante.

A un instant, elle a fouillé un long moment dans son sac.

Dans son énervement, elle semblait avoir des difficultés à trouver ce qu'elle cherchait.

Finalement, elle a sorti un petit couteau à lame pliante.

J'étais surpris qu'il puisse y avoir de tels objets dans un sac de dame.

Mon cœur s'était mis à battre.

Devant mon miroir, j'étais impuissant.

Je lui criais en silence "Allez, bon sang, ne fais pas de bêtise !".

Elle est restée longtemps devant le lavabo, regardant le couteau, comme fascinée.

Elle passait son doigt sur la lame, pour en éprouver le tranchant.

Puis, elle s'est ravisée, a replié la lame et rangé le couteau.

Elle s'est remaquillée rapidement, et elle est ressortie.

L'image s'est effacée, et je me suis retrouvé face à mon image, un peu hébété, attendant que les battements de mon cœur se calment.

Je me disais qu'il fallait absolument que je sache qui était cette femme, si elle était encore en vie, et ce qu'elle était devenue.

vendredi 26 janvier 2007

Les larves

Elles poussent des cris sauvages dans la zone d'arrivée.
Cent milliers de putois ne font pas tant de bruit.
En trois secondes à peines, vos tympans sont détruits.
Sans quelques précautions, ils seront même crevés.

Aussitôt arrivées, elles réclament à manger.
C'est fou ce que ça bouffe ! Uniquement du lait !
De ce curieux liquide elles semblent raffoler...
On voit que de menu, elles n'aiment pas changer

Elles sont blêmes et fripées, humides et gluantes,
Affichent sans vergogne des fuites répugnantes,
S'épanchent sans montrer la moindre retenue.

Mais le plus surprenant, c'est surtout l'attitude
De ces gens qui les suivent depuis leur survenue
Qui montrent cet air bête de la béatitude.

jeudi 25 janvier 2007

Le discours de la reine

Princes du royaume de Gondolia, vous êtes réunis en réponse à notre convocation solennelle.

Sachez que dans chacun des sept royaumes, le souverain a convoqué une réunion semblable.

Depuis des millénaires, nous sommes élevés dans la tradition de la prophétie, dont chaque sujet est tenu de se considérer comme un gardien.

Je sais que pour beaucoup, il s'agit d'un conte baroque et pitoresque, et que l'histoire de la fondation des sept royaumes est considérée comme une légende sans fondement.

Je sais que plus personne ne croit guère à l'existance de l'infra-monde et des royaumes souterrains.

Avec le temps, les monstres les plus abominables sont devenus des personnages ridicules dont on s'amuse aux temps de carnaval.

Pourtant, sachez-le, le temps annoncé par la prophétie est venu, et le temps des pires cauchemars est redevenu une réalité.

Les étoiles nous sont défavorables, et il sera bientôt possible d'ouvrir les portes qui nous ont si longtemps isolés du monde d'en-dessous, et dont les clefs nous furent autrefois volées.

La porte au dessus de laquelle a été bâtie le palais, par la volonté de nos ancêtres s'est déjà entrouvertes, et certaines de nos guerrières les plus valeureuses ont été entrainées dans les mondes hideux.

A travers le monde, dans les sept royaumes, sur terre et en mer, des portes semblables sont sur le point de s'ouvrir.

La tâche que nous ont légué les anciens, vous le savez, est de repousser les créatures qui en surgiront, par le fer, le feu et la magie.

Vous pouvez voir à mes côtés les ambassadeurs des six royaumes.

Leurs souverains, et moi-même sommes convenus que chaque porte identifiée dans la prophétie dans chaque royaume doit être retrouvée et munie de la meilleure garde, afin de protéger l'univers des conséquences d'une ouverture.

Je vous ai convoqués pour constituer ces gardes.

Le royaume de Gondolia possède lui-même quatre portes, dont la plus ancienne est située dans la grande crypte du palais.

La prophétie indique qu'une autre porte est localisée dans nos terres îliennes occidentales, au large de la Britannie.

Une autre est dans les marches du sud, en province d'Africale.

La dernière est dans une caverne de nos terres gelées de Septentrionie.

Le grand sénéchal distribuera les lettres de missions à chacun de ceux qui auront l'honneur d'être choisis pour assurer la garde d'une des portes.

La conjonction astrale annoncée par la prophétie sera réalisée à la fin de la prochaine lune.

Dans les semaines qui vont suivre, vous acheverez vos préparatifs de guerre et l'entrainement de vos troupes.

Beaucoup d'entre vous ne reviendront pas.

Certains trouveront leur mort, d'autres connaîtront un sort bien pire.

Je ne doute pas de votre noblesse et de votre courage.

N'oubliez pas que ce qui est en jeu, c'est notre liberté et notre mode de vie dans cet univers.

Le seul autre choix qui nous est proposé, c'est que l'univers dans son entier devienne esclave des monstres les plus odieux.

mercredi 24 janvier 2007

La gaffe

Vous vous rappelez, en 2000, pendant l'élection du président des Etats-Unis ?

Tout le monde raillait ce George Bush, un parfait inconnu inoffensif qui n'avait pour lui que d'être le fils de son père, et qui multipliait les gaffes dans le domaine de la politique étrangère.

Maintenant, on a ce qu'il faut chez nous, pour les gaffes.

Prometteur, non ?

mardi 23 janvier 2007

Le vieux

Il a cassé sa pipe, le vieillard qui braillait
C'est dingue, ce que ça fait, comme bruit, à cet âge
Bien qu'ils respirent à peine, leurs voix font des ravages.
Il nous cassait les couilles chaque fois qu'il criait.

D'accord, c'est un problème, ces personnes mal logées
Ces mômes et ces malades vivant dans des taudis,
Mais c'est la vraie vie, merde ! C'est pas le Paradis !
S'il pleut dans les maisons, y a qu'à se protéger.

Ca lui suffisait pas qu'on leur file des tentes !
Ca, c'était seulement une solution d'attente !
Non, lui, ce qu'il voulait, c'est du définitif !

La misère, y en a, il faut s'y résigner.
Supportons la souffrance ! Soyons moins émotifs !
Faudrait les bâillonner, les vieux fous indignés !

lundi 22 janvier 2007

La légende de Robinson (Odyssée en quatre sonnets)

Sonnet premier: La créature

En quelques pas à peine, je monte sur le pont.
De cette créature, j'aperçois le corps blême,
Et les bras ventouseux, hideux comme un blasphème,
Sa bouche monstrueuse, munie d'affreux crampons.

Je la salue bien bas, (j'aime la politesse),
Je la prie de vouloir bien lâcher mon navire,
Car sa poigne de fer empêche qu'il ne vire.
Voilà qu'elle prend courroux de ma délicatesse !

Elle revendique haut cet esquif qui est mien,
Qui me coûta fort cher dans un port londonien
Et prétend derechef en user à sa guise.

Vos gens et vous, dit-elle, êtes bien arrogants
Qui prétendez sur Terre et sur Mer avoir prise
La Mer est aux mollusques, non à d'humains brigands.

Sonnet second: La nature

Je me vois à la baille, détruit est mon navire
Barbotant en canard au milieu des espars
Cramponné aux bouées, bien moins fier qu'au départ:
C'est que boire quelques tasses me convient à ravir...

Et quand je touche Terre, enfin débarrassé
Des requins facétieux qui attendaient ma fin,
Je dois me rendre compte que j'ai encore l'air fin
Échoué sur un îlot où nul n'ira passer

Mon inventaire est maigre: quelques bandes dessinées
Un briquet sans essence, une peau parcheminée
Où un sot désœuvré a tracé quelques signes.

Fort opportunément, j'ai pu trouver aussi
Une règle en plastique pour bien tracer des lignes.
Pour mon journal de bord, ce sera plus précis...

Sonnet troisième: La lecture

Je regarde les marques tracées sur parchemin
On dirait une carte, indiquant une route !
J'y vois bien des repères il n'y a pas de doute
C'est sûr, c'est un trésor dont voici le chemin !

Avec un bout de bois, j'entreprends de creuser
Mes pauvres mains en tremblent, crispées sur cette planche
Je continue quand même, pas question que je flanche !
Je creuse jusqu'au matin, où je tombe, épuisé.

Il me semble à présent que j'ai bien retourné
La moitié de l'îlot, au moins, à vue de nez
Sans trouver du trésor le début d'un indice

Et alors, renonçant, déçu et harassé,
Las d'en avoir des crampes et que mes doigts raidissent,
Je jette le plan au loin pour m'en débarrasser.

Sonnet quatrième: La luxure

Voilà bientôt six mois que je suis sur cette île.
J'en ai vraiment assez, moi, de sucer des moules
Assaisonnées de sable en guise de semoule !
Je voudrais aller voir les filles à la ville !

Comment faire un bateau puisqu'ici rien ne pousse ?
J'ai coupé mon palmier pour me faire du chauffage.
Je voudrais voir quelqu'un, même un anthropophage
Plutôt que d'être seul à me tourner les pouces

Mais que vois-je là-bas, sont-ce des indigènes ?
Amicaux ou sauvages, pris d'hallucinogènes ?
Les cons, j'en ai assez, merde, j'ai déjà donné !

Ben non, tiens, c'est des filles ! Les nanas ! Par ici !
Les sirènes de l'amour ont enfin résonné !
Vous Jane et moi Tarzan, et moi King-Kong aussi.

dimanche 21 janvier 2007

Pari d'écoeure

Je suis vraiment trop émotif.

Pourquoi ça m'énerve, quand je zappe à la télé, et que je vois un concurrent du Dakar, trop content de montrer à la caméra son courage et sa débrouillardise face à l'adversité en nettoyant sa mécanique dans le puits que les indigènes ont opportunément creusé pour faire boire leurs troupeaux (et, j'imagine, leur famille) au milieu du désert ?

Pourquoi ça m'énerve d'entendre le lyrisme des "journalistes" (ou employés du marketing, je ne sais plus) de France 2, qui décrivent l'héroïsme de ces concurrents obligés de changer leur pneu dans le sable.

Si, si, tous seuls, sans assistance ni maître d'hôtel.

"Le rêve n'a pas de prix", il paraît.

Sauf pour ceux qui payent.

C'est grave, je suis de plus en plus associal et détaché de ce qui intéresse mes contemporains.

jeudi 18 janvier 2007

Ar Valafenn

J'ai vécu journaliste: il n'est de sot métier.
Bref, je vis de ma plume, ou parfois je survis,
Mais seul sur mon îlot, je répète à l'envi:
Mieux vaut être mi-libre qu'être esclave en entier

J'ai trouvé récemment ma nouvelle passion.
Mieux vaut s'éveiller tard que dormir à jamais,
Car au fond de moi même un militant dormait:
Défendre le breton, c'est là ma vraie mission.

Ainsi que les anciens, je sonne la révolte
Quand soufflaient les tempêtes et brûlaient les récoltes
Et que c'était misère, la vie, pour nos marins.

Je veux par mes photos faire aimer nos campagnes,
Nos vieux murs et bien sûr, les mers de la Bretagne,
Modernes, malgré tout, aux temps Européens.

mercredi 17 janvier 2007

Luitne

Je suis toute petite, mais ça, vous le saviez.
Ce qui compte c'est qu'au fond, mes pieds touchent bien Terre,
Et mon pseudo bizarre, qui porte mon mystère,
Avec faute de frappe, j'aime que vous l'écriviez.

Je m'aime en cheveux courts, vous devrez l'accepter.
J'eus du mal à convaincre mon entourage aussi.
Je garde ma crinière et son crin raccourci,
Car elle traduit bien ma personnalité.

Je collecte les termes et les définitions
Qui me servent de base pour former des questions
Que je pose aux lecteurs, bien malicieusement

Mais comment profiter vraiment de ceux que j'aime ?
Compliquées mes amours: je doute de moi même.
Heureusement pour moi, je suis aussi maman.

mardi 16 janvier 2007

L'éveil

J'ignore ce qui m'a pris, j'étais bien sur ma piste,
Je tenais bien ma droite, honnête libéral,
(Déférence gardée envers le Général),
Et voilà qu'au congrès, je deviens socialiste !

J'invoque Léon Blum, j'en appelle à Jaurès !
Je trouve du charme à Marx, à Engels, à Zola !
Je ne lisais que Bush et à présent voilà:
Je me mets à citer l'insurgé de Vallès !

Je sens pousser mes ailes, je vois la présidence:
Je pourrais accomplir le rêve de Mendès-France.
Pourquoi pas ? Achever la tâche de Mitterrand !

J'ai découvert le sens du combat qui m'anime.
Prolos de tous pays, levez-vous, unanimes:
Il faut voter pour moi, car j'ai rejoint vos rangs.

lundi 15 janvier 2007

Le miroir

Il y a, dans l'immeuble du bureau où je travaille, un miroir très spécial.

Si je me concentre intensément, mon image disparaît, et je vois le reflet des personnes qui se sont succédées à cet endroit depuis que le miroir a été installé.

On ne voit pas les gens dans leurs moments les plus intimes: le miroir est situé dans la partie "publique" des toilettes, devant les lavabos, là où on se lave les mains et où on renoue sa cravate.

Je vois les types du ménage, jour après jour:

Des vieilles dames fatiguées, en blouse de la maison, aux temps les plus anciens.

Et dans les périodes plus récentes, des types immigrés, en uniforme de la société prestataire.

Je peux même voir l'époque où la société titulaire du contrat a changé: le logo sur la poitrine a changé de côté.

Avec un peu d'habitude, je peux choisir assez finement la période que je contemple.

Je peux dire si c'est l'hiver ou l'été rien qu'en regardant comment les gens sont habillés.

Au mois d'août, l'encadrement est en vacances, les cravates disparaissent.

Je vois, à partir du 11 septembre, les rondes des vigiles la nuit.

Je vois les changements de réglementation, l'installation des veilleuses de sécurité.

J'ai même aperçu la visite du comité d'hygiène et de sécurité, juste avant.

C'était en quelle année ?

En tous cas, ici, il ne fait jamais jour.

Il n'y a que la lumière électrique.

Je vois les changements des systèmes d'essuie-mains: les distributeurs de papiers, les enrouleurs de tissus.

Et je vois à chaque fois les types qui rouspètent parce qu'il n'y a plus d'essuie-mains: Un seul pour l'étage, ce n'est pas suffisant.

Mais ça, personne n'en a rien à foutre.

Je vois des types qui viennent vider leurs tasses de café froid.

Puis des gobelets, plus tard, quand ils ont installé la machine.

J'ai vu tous les systèmes de désodorisants qui ont été essayés: Les bombes, les mèches plongeant dans les liquides, les vaporisateurs électriques, les blocs qui fondent lentement.

Mais je peux vous le dire: ça pue toujours autant.

Il y a eu des toilettes bouchées, une fois, je pense.

Les types de l'entretien ne se sont pas emmerdés (c'est l'occasion de le dire): Ils ont balancé une quantité hallucinante de produit déboucheur, qu'ils devaient stocker dans un coin pour une telle occasion.

Ca a dû déborder partout et attaquer les carrelages.

Je comprends maintenant pourquoi il reste des traces blanches indélébiles sur les petits carreaux gris.

dimanche 14 janvier 2007

La balance (commerciale)

Génial !

On va enfin vendre les premiers chasseurs Rafale à l'étranger.

Ouais, à Khadafi, le gentil dictateur lybien.

On est les seuls à pas trouver qu'il pue de la gueule (entre autres parce qu'il fait condamner à mort des infirmières bulgares afin de dissimuler l'incompétence de ses services de santé ).

18 Rafale, les américains doivent être verts de jalousie et d'humiliation, les cons.

Lollah

Elle rêve de l'amour comme une adolescente.
Et si elle croit aux princes, c'est qu'elle en vit beaucoup
Qui à la fin s'en prirent leurs jambes à leur cou
En voyant la chaleur de cette femme ardente

Elle s'entoure de fleurs, de peintures et de chats,
Son monde est de douceur, de couleurs et d'odeurs,
Et si elle y remarque, quelquefois, des laideurs,
Des touches chamarrées achèvent leur rachat

Elle aime faire la fête, les rires et la danse.
Elle vit l'amusement d'une passion intense,
Et chante volontiers si elle voit un micro.

Elle élève en secret de gros rhinocéros
Elle joue sur votre tête des ciseaux et des brosses
Car vous le valez bien, comme disait Figaro

jeudi 11 janvier 2007

Sarkaszm

Au sein de mon parti, je n'ai que des amis
D'honnêtes compagnons, qui souhaitent ma victoire.
Ils me soutiennent à fond, et sans faire d'histoire
M'apportent leur support, contre mes ennemis.

Leur sourire chaleureux, toujours me réconforte
Je suis rasséréné par cette affection.
La sincère tendresse, la vraie dévotion
Que je lis dans leurs yeux, m'apportent une aide forte.

Je remarque parfois la hache dans leur dos,
Qu'ils prévoient, j'imagine, de m'offrir en cadeau,
Sans, bien sûr, rien me dire: exquise attention !

Je veille qu'en mon lit, avant de m'endormir
Nul n'a mis de serpent pour dire comme il m'admire:
Les gens sont pleins d'humour avant l'élection.

mercredi 10 janvier 2007

Cultivitude

J'irai montrer un jour, sur le mur de la Chine
La grande immensitude de mon vocabulisme,
Montrant ma cultivance en lieux de communisme,
Refusant de me taire et de ployer l'échine.

Je dirai un dicton sans qu'on me l'ait dicté
Car j'ai lu Lao Tseu, Mao et Confucius.
Ne peuvent en dire autant ni Jospin, ni Fabius:
Je les écrase tous de ma cultivité.

J'irai chez les chinois, et avec gravité,
Je leur enseignerai le droit d'humanité.
Si ça ne suffit pas, le droit d'humanitance !

Et quand j'aurai fini, quand j'aurai conforté
Les atouts qu'une femme, souriante, peut apporter,
Au jour de l'élection, je gagnerai la France.

mardi 9 janvier 2007

littlefroggy62

C'est au pied d'un grand phare que la grenouille habite
Au bord d'une mer fraîche peuplée de britanniques
Personnages insulaires, anglais et flegmatiques
Se nourrissant d'eau chaude, de pudding et de frites

C'est avec ses dessins que vraiment elle traduit
Les troubles sentiments qui traversent son cœur
Et la mélancolie dépourvue de rancœur
Quelle confie au papier: c'est ainsi qu'elle séduit.

Elle assemble et elle colle, sur support de carton
Les personnages peints qu'elle a prédécoupés,
Des animaux aussi, et souvent, son chaton.

Quand vient l'été elle prend, en photo, les touristes,
Les cabines de plage, les enfants attroupés,
Car notre grenouillette est surtout une artiste.

Dicey

Elle fait des trous dans l'eau pour chercher du pétrole
Au large de l'Afrique, sur une île en métal
Pour voler à la Terre le liquide vital
Qui finira un jour brûlé par nos bagnoles

Elle eut des aventures au pays des moustiques
Affrontant les bestioles et le temps le plus chaud
Et triompha aussi des traditions macho
Des chauffeurs de taxi, aux tarifs... touristiques

Elle aime s'amuser, les copains et la fête
Jouer au bord de la plage sans se prendre la tête
Car la vie après tout, c'est pour la rigolade

Elle fait quelques dessins afin de se décrire
Des croquis hilarants, qui donnent le sourire
Avec une bienveillance de bonne camarade

lundi 8 janvier 2007

Le démoneau

Toutes les torches s'étaient éteintes à l'instant où les quatre femmes avaient franchi la porte.

L'obscurité était totale.

L'air était empesté d'une odeur âcre et soufrée, qui renforçait l'impression d'une présence menaçante.

Maevina portait son épée nue, mais n'osait faire de mouvements avec, de peur de blesser ses compagnes, dont elle sentait la présence auprès d'elle.

"Combien sommes-nous, après tout ? demanda-t-elle finalement. Qui nous a suivies ?

- Je suis, là, ClandestinaRBemba, avec mon épée.

- Nous sommes là aussi, les deux gardiennes, Luitne et Tarmine.

Un grondement inquiétant s'éleva, un peu plus loin, mais ce bruit, qui venait comme une réponse était tellement incongru et inattendu que les quatre femmes ne purent complètement étouffer un éclat de rire. Après tout, il n'était pas inutile de faire tomber la tension.

- Eh bien, gardiennes, poursuivit Maevina, est-ce que par quelque bonheur, votre magie pourrait, nous fournir un peu de lumière ?"

Tarmine prononça une brève incantation, et les torches s'enflammèrent.

Après un bref instant d'éblouissement, les quatre femmes purent enfin examiner l'endroit où elle se trouvaient.

Il s'agissait apparemment d'une salle immense, dont la lueur des torches ne parvenait pas à éclairer les limites.

A en juger par l'aspect grossier du sol, il s'agissait probablement d'une grotte.

A la limite de leur champ de vision, des yeux et des silhouettes indistinctes semblaient se mouvoir.

Ce qui attira immédiatement l'attention des jeunes femmes, c'était un démoneau, à l'épiderme rouge écailleux, assis à peu de distance, haut de quelques pieds à peine.

Luitne, qui était la plus petite des quatre, le dépassait de plus d'une tête.

Son aspect était assez hideux, et son visage au teint verdâtre renforçait l'expression de rage intense qui y était inscrite.

Ses bras courtauds étaient terminés par des sortes de mains, ou de serres, énormes, disproportionnées, qu'il semblait masser douloureusement.

"Eh bien, démon, l'interpella Maevina. Voici plusieurs jours que tu essaies de franchir cette porte, et de pénétrer dans des royaumes qui te sont interdits. Tu as même laissé une de tes griffes de l'autre côté, ajouta-elle en remarquant une patte mutilée. Tu vas nous en rendre raison.

- Te voilà bien insolente, créature, répliqua le démon. Sache que c'est ici le royaume de mon maître, et qu'il n'y tolère aucune intrusion".

Comme Maevina approchait, l'épée nue, suivie par ClandestinaRBemba, le démoneau abandonna toute son arrogance et se mit à glapir misérablement.

"Ne le tuons pas tout de suite, suggéra ClandestinaRBemba. Nous avons besoin d'un guide pour retourner dans notre monde.

A regret, Maevina retint son épée.

- D'accord, mais il nous faut une laisse pour éviter qu'il ne s'échappe.

- J'ai peut-être ce qu'il vous faut, répondit Luitne. Cette corde tressée en crin de licorne devrait faire l'affaire."

A la mention des licornes, le démon se mit à geindre et à pleurer.

"Pas la licorne, suppliait-il. La licorne brûle."

Les quatre femmes n'en eurent cure, et il fut promptement entravé.

Lorsqu'il s'agitait un peu trop, la corde qui était partiellement vivante, se resserrait cruellement, occasionnant visiblement au démon une souffrance intense.

Luitne suggéra: "Je lui en mettrais bien une autre boucle autour des ...

- Ca ne sera pas nécessaire, coupa Maevina. Je pense qu'il se tiendra tranquille. A présent, démon, tu vas nous montrer comment retourner dans notre monde".

Le démoneau sembla se soumettre, et ils se mirent prudemment en route.

Ils n'eurent le temps que de franchir quelques pas.

Soudain, une sorte d'appel retentit.

Le démoneau semblait écrasé de terreur.

Il tirait sur sa laisse, ce qui avait pour effet de l'étrangler davantage.

Face contre terre, il sanglotait:

"Mon maître, mon maître, je suis prisonnier d'odieuses créatures. venez me sauver, mon maître".

Mais l'appel s'était tu.

Un silence menaçant était retombé, haché seulement par les sanglots du démoneau.

Au bout d'un instant, Luitne tira sur la laisse, et la troupe se remit en route.

dimanche 7 janvier 2007

Le tuyau

C'est pas le moment de vendre mes actions de Décathlon.

Les tentes Quechua se vendent comme des petits pains en ce moment.

Le cours va monter, monter...

ClandestinaRBemba

De ses indignations, elle se fait le héraut :
Elle n'a de  mot trop dur pour dénoncer l'inique
De son pire  ennemi, le roi des Amériques ,
Un puissant demeuré aux  pouvoirs immoraux

Ses héros font maquis dans des forêt lointaines,
Ceignant leur front de rouge, brandissant l'étendard
De la révolution des anciens communards,
Aux jungles africaines et sud-américaines

Elle aime leur musique, leurs rythmes syncopés,
Qui incitent à danser des danses chaloupées,
Aux parfums d'interdits, à la chaleur intense.

Elle parle maints langages, dit un mot pour chacun,
Montre chaque semaine quelques dessins coquins,
Elle pense ce qu'elle dit et elle dit ce qu'elle pense

samedi 6 janvier 2007

Calinore

Au fond d'étranges flaques elle épie notre ville
Les feuilles qu'elle y voit, misérables débris
Côtoient les murs de pierre hausmaniens de Paris
Et le musée du Louvre et Notre-Dame en l'Île

Les âmes des personnes sont photographiées
Par cette jeune femme qui les a vu passer,
Et d'un regard aigu, en sachant s'effacer,
En capture l'essence qu'elles n'osaient confier

Elle prend des passantes au regard éperdu,
Cherchant sur un tableau des horaires perdus,
D'un train qui les emporte en ville ou en campagne.

Elle prend les gamins, et ses compagnes aussi
Des temples et des lampions, dont le papier roussit
Car dans tous ses voyages son Canon l'accompagne

vendredi 5 janvier 2007

Maevina

Elle passe ses journées auprès des garnements,
A enseigner les maths, la grammaire et la science,
Faisant preuve en cela de beaucoup de patience,
Car la gent enfantine braille vigoureusement.

Elle leur apprend le chant, la peinture et la danse,
Avec ses talons hauts, elle leur montre les pas.
Elle les gronde aussi, s'ils n'obéissent pas,
Et en cas de malheur, recueille les confidences.

Elle a des chats nombreux, un peu envahissants,
Et des enfants aussi, elle en parle parfois,
Et elle prend des photos de maisons en passant.

Elle part en vacances, au vert, dans les Cévennes,
Capturant des images, comme par acte de foi,
D'endroits où à la fin, il faudra qu'elle revienne.

Lili

Pour créer des motifs, elle assemble des toiles
Des tissus colorés, par ses soins collectés
Qu'artistement elle coud en suivant les côtés,
Géométriquement, formant ronds et étoiles

Pour sa distraction, elle court les musées
En histoire de l'art, elle se fait enseigner:
Voir dans la perspective les colonnes alignées,
Savoir comment l'artiste au trait s'est amusé.

Elle fait de sa maison une ménagerie
De tigres miniature, et une oisellerie
Où un perroquet gris crie le nom des passants

Et ses enfant sur scène sont acteurs ravissants,
Un autre, au cinéma saura vous faire rêver,
Car l'art chez cette dame est dûment cultivé

jeudi 4 janvier 2007

quinte by night

J'ai rencontré quintescent lors de ma première participation à la grande orgie mensuelle des blogueurs parisiens.

Bien sûr, ce n'était pas le nom que les organisateurs donnaient officiellement à cette soirée, mais elle avait la réputation de se terminer souvent de manière assez torride et désinhibée, et tout le monde avait pris l'habitude de l'appeler ainsi dans la blogosphère.

Il y avait toujours des photos incroyables qui circulaient sur la toile au lendemain de ces rencontres.

En gros, c'était la promesse d'une soirée réjouissante et de d'opportunités intéressantes si on était plutôt enclin aux rencontres sans lendemain.

Le prix d'entrée était… ouille !

Gratuit pour les filles.

Demi-tarif pour les mecs accompagnés.

Moi, je n'étais pas accompagné.

Plein tarif.

Merde.

Enfin, je suppose que c'était un moyen d'éliminer les « curieux » pas vraiment sérieux.

Question organisation, c'était plutôt bien fait.

Chaque participant recevait un badge avec le nom de son blog, qui brillait dans la pénombre sous les lampes ultraviolettes.

Comme ça, on savait à qui on avait affaire.

Parfait.

Le seuil à peine franchi, je vis passer Maevina.

J'en avais le souffle coupé.

Pas du tout comme je me l'imaginais.

20-22 ans maximum, une cascade de cheveux noirs ondulés tombant jusqu'à la taille et des bottes en cuir retourné, lacées derrière, remontant jusqu'en haut des cuisses.

Une sorcière exotique.

Elle tenait en laisse un type rougeaud, essoufflé, qui la suppliait en l'appelant maitresse, et en s'excusant de ne pas avoir fait ses devoirs.

Je commençai à avoir des doutes en voyant passer une deuxième Maevina, un clone de la première, qui ne s'en distinguait que par des yeux verts et une coiffure à la garçonne rouge vif.

Elle aussi remorquait un type quelconque à l'air ravi d'être traité sévèrement.

Mes doutes se transformèrent en certitudes lorsque je vis se succéder deux Loïc le Meur absolument dissemblables et différents en tous cas de celui qu'on voit se répandre dans les télévisions.

Je compris que les fêtards un peu moins naïfs que moi n'avaient pas déclaré le nom de leur blog véritable, mais plutôt celui d'un blog célèbre dont ils espéraient récupérer un peu de notoriété.

Le pouvoir d'attraction de certains pseudos est parfois stupéfiant.

Ayant intégré ces règles de base, je me laissai aller à gouter la soirée, qui était somme toute agréable.

Les filles étaient plutôt bien roulées, et guère farouches, et comme la nuit avançait, je me surpris tout proche de conclure avec au moins deux Ludine et deux Miladee différentes de plusieurs continents.

Mais finalement, au dernier moment, ces tentatives échouèrent, à cause de … détails.

Trop connes.

Bah, la nuit et la vie était encore pleine de promesses.

Je vis passer Lili, un type obèse avec un string de deux tailles en dessous ridiculement maquillé et maniéré, qui faisait rire les participants en s'écriant « Marcello ! Qui a vu Marcello ? », avec un accent italien maladroit et absurde.

Finalement, la nuit avançait, et je n'étais toujours pas arrivé à grand-chose de concret.

Je finissais par me dire qu'après tout, c'était une soirée intéressante et distrayante, et qu'il me resterait au moins des photos précieuses sur mon portable.

Mais pour être honnête, je n'étais pas venu seulement pour ça.

Certains, plus chanceux, avaient décidé de passer à l'étape suivante, et se disposaient à consommer en public.

Pour moi, ce genre de soirée où on poussait la frénésie publique jusqu'au bout était carrément une nouveauté, mais pour tout dire, c'était pour ça que j'étais venu et que j'avais payé, très cher, mon entrée.

Sauf que jusqu'à présent, j'étais surtout réduit au rôle de spectateur.

Presque tout le monde avait retiré une partie de ses vêtements, et pour éviter de trop attirer l'attention, je retirai moi aussi ma chemise, en réfléchissant frénétiquement à ce que je pourrais faire de mon portefeuille si je devais aller plus loin.

Soudain, Sagesse se matérialisa devant moi.

Des yeux bleus, une gueule d'ange, des cheveux blonds lisses.

Et une sorte de bizarre vêtement collant qui laissait apparaître la pointe de ses seins, chacun muni d'un piercing.

Et un air jeune, si jeune.

Je me demandai si je pourrais être poursuivi pour détournement de mineur en cas de contrôle.

Bah, je jouerais la naïveté et la confiance aux organisateurs, comme tout le monde.

Ca ne marche jamais, mais tout le monde le fait.

J'étais sans voix, mais elle avait l'air plutôt décidé.

« Il fait tellement chaud ici !

- Je… vous offre un verre ? (la parade nuptiale a des codes immuables) »

Elle me révéla son pseudo véritable.

Elle considérait visiblement que celui qui était sur mon badge était un emprunt, et s'attendait à ce que je lui dévoile le mien.

Je balbutiai le premier qui me passait par la tête : quintescent.

Visiblement, cela sembla lui plaire.

Rapidement, il ne fut plus question de rafraîchissement, et l'ambiance décidément frénétique aidant, les préliminaires furent vite expédiés.

Je me mis en devoir de mettre mon matériel en batterie, afin d'honorer la jeune personne ainsi qu'elle en manifestait le souhait.

Et les choses se terminèrent avant de commencer.

Je me retrouvai en train d'éponger misérablement les conséquences de ma maladresse sur la robe de la jeune femme.

Celle-ci était folle de rage.

Elle s'empara de mon paquet de Kleenex et tourna les talons.

Je me retins de lui courir après.

Laisse tomber, Ducon, c'est grillé.

Le long de ma cuisse, je sentais une tache humide qui commençait à refroidir.

Merde, je n'avais plus un seul Kleenex.

Je m'essuyai comme je le pouvais avec la chemise qu'un type avait laissé tomber là.

Pas grave.

Tout le monde avait l'air très occupé maintenant.

Il fallait que je sorte.

Quintescent, un autre type dégingandé, hilare, émergeant d'un tas de bras et de jambes me lança « on s'éclate, hein ? » en agrippant mon bras.

Lâche-moi, connard.

L'air frais me fit du bien, mais je sentais encore sur ma cuisse la tache pas encore sèche.

Bien qu'il fît nuit, j'avais l'impression que les passants ne remarquaient que ça.

mercredi 3 janvier 2007

les vers du nez

Pour les alexandrins, je tire mes vers du nez,
Quand d’autres, avec les pieds se permettent d’écrire…
Et comme Edmond Rostand sut si bien le décrire
Aux vers, il faut douze pieds, pour une âme bien née.

Je pose sur ma table une idée ou un mot
Je l’examine bien, j’écoute ce qu’il veut dire
Et s’il est expressif, goûteux sans s’affadir
Je le pique sur ma page comme on plante un rameau

J’en attends qu’il rouspète, qu’il soit un peu rebelle
S’il se soumet trop vite, la mariée est trop belle
Son charme ne passera pas l’émoi des premiers jours

Enfin, s’il me convient, je lui offre, pour toujours
Des mots de compagnie, des adverbes, des pronoms,
Des adjectifs aussi, pour joyeux compagnons.

de main de maître

On m'a présenté quintescent au très secret congrès de la très secrète confrérie des tueurs à gages, qui se tenait cette année-là dans un palace de Lausanne.

Selon la tradition de notre confrérie, il portait une tenue sobre discrète, sans être sinistre, et surtout impeccablement repassée et tirée, selon le respect dû aux personnes assassinées.

Ces dernières années, il y a eu bien sûr dans la confrérie quelques nouveaux venus un peu exubérants, amateurs de vêtement et de véhicules voyants et attirant le regard.

Eh bien, je suppose qu'il faut juger les professionnels avant tout en fonction de leurs résultats, mais dans notre professions, la plupart tiennent la discrétion et la modestie pour une manifestation extérieure de bon goût.

Mais il faut bien que jeunesse se passe…

Pour nous, même pour ceux qui avaient déjà un petit peu d'expérience, quintescent était une légende.

Pour vous décrire à quel point il maîtrisait son art, je dirais simplement qu'on nous avait laisser savoir en nous le présentant qu'il venait de terminer un contrat sur la tête de James Brown et Pierre Delanoë, au profit d'une association de moines intégristes ayant fait vœu de silence, et qu'il s'apprêtait à « traiter » l'ancien président iraquien Saddam Hussein, à la demande d'une superpuissance occidentale de premier plan souhaitant rester discrète (en faisant en sorte que cela ait l'air d'un excès de zèle des fonctionnaires locaux).

C'est peut-être un détail pour vous, mais pour nous, ça voulait dire beaucoup.

Dans notre confrérie, la discrétion est plus qu'un principe, c'est un commandement divin, et plus encore pour les contrats restants à exécuter.

Il fallait une assurance hallucinante pour oser annoncer ses opérations à l'avance !

Faites-moi confiance, pour nous, le type du contrat était déjà virtuellement mort.

Un travail au lacet, à l'ancienne, selon la pratique de la tradition ottomane.

En ce qui me concerne, j'aurais considéré comme un honneur d'être exécuté par un tel artiste.

Evidemment, pour lui, ce contrat était presque une routine, loin des réalisations de légende qu'on enseigne dans les écoles d'assassins, et dont nos vieux ne parlent qu'avec respect et dévotion.

La plus mythique de toutes était bien sûr la légendaire liquidation de J.F.Kennedy à la demande de Marylin Monroe, synchronisée avec l'élimination de celle-ci « par accident » à la demande de Madame veuve Kennedy. Et, en supplément gracieusement offert par la maison, la tête du demeuré promu suspect numéro 1 pour sauver la tête du chef des services secrets.

Un chef-d'œuvre absolu.

Pas le travail de quintescent, bien sûr, trop jeune à l'époque, mais de son mentor et ami personnel Inimaginal, perpétuateur d'une tradition ininterrompue depuis la cour des Doges de Venise.

Une œuvre restée sans égal pendant des dizaines d'années, jusqu'à ce que la princesse de Galles rencontre son destin, prénommé quintescent, dans un tunnel routier sous le pont de l'Alma.

Une réalisation magique, cette fois encore, et des commanditaires prestigieux, d'une très grande et très ancienne monarchie de l'ouest de l'Europe (il est, vous le comprendrez, impossible d'en dire davantage).

Selon la tradition en vigueur depuis la renaissance, nos prestations sont payables d'avance. Il s'agit d'une disposition qui permet de protéger le client contre un contrat dont il pourrait lui-même faire l'objet en cas de difficultés de règlement.

Nous considérons notre pratique comme un art, et que si notre art vit d'argent (dans un agréable confort) il ne vit pas pour l'argent.

C'est un métier de traditions, de discipline, de courage et de respect.

Je sais qu'un jour, grâce à l'appui de très grands maîtres comme quintescent, je transmettrai moi aussi le flambeau de la tradition du plus ancien et du plus discret de tous les arts.

mardi 2 janvier 2007

En vers en contre tout

J’abandonne ma plume au rythme du sonnet,
Et puisqu’il faut écrire ce sont des vers français,
Aux tempos hérités d’esthètes du passé,
Des bêtes à douze pieds que je veux faire sonner.

Le temps est aux haïkus. Le Japon fait école…
Le français, il est vrai n’est pas langue facile
Pourquoi y ajouter des contraintes imbéciles,
Quand les ordinateurs, simplement, coupent et collent ?

C’est qu’après tout, peut-être, écrire est une musique,
Que par leur harmonie, les mots forment un sens
Qui dépasse le sens de chaque mot unique

Et si au bout du compte après quelques efforts
Ces vers qu’on a écrits offrent leur quintessence,
On se régale enfin de leur son doux et fort.

Escalade hivernale

Encore plus solidaire que dormir au bord du canal Saint-Martin avec les SDF.

Dormir au bord du canal Saint-Martin avec les SDF avec la gastro-entérite.

Tous les futurs candidats aux élections vont s'y bousculer.