La légende de Robinson (Odyssée en quatre sonnets)
Par quintescent, lundi 22 janvier 2007 à 19:22 :: Les vers du nez :: #118 :: rss
Sonnet premier: La créature
En quelques pas à peine, je monte sur le pont.
De cette créature, j'aperçois le corps blême,
Et les bras ventouseux, hideux comme un blasphème,
Sa bouche monstrueuse, munie d'affreux crampons.
Je la salue bien bas, (j'aime la politesse),
Je la prie de vouloir bien lâcher mon navire,
Car sa poigne de fer empêche qu'il ne vire.
Voilà qu'elle prend courroux de ma délicatesse !
Elle revendique haut cet esquif qui est mien,
Qui me coûta fort cher dans un port londonien
Et prétend derechef en user à sa guise.
Vos gens et vous, dit-elle, êtes bien arrogants
Qui prétendez sur Terre et sur Mer avoir prise
La Mer est aux mollusques, non à d'humains brigands.
Sonnet second: La nature
Je me vois à la baille, détruit est mon navire
Barbotant en canard au milieu des espars
Cramponné aux bouées, bien moins fier qu'au départ:
C'est que boire quelques tasses me convient à ravir...
Et quand je touche Terre, enfin débarrassé
Des requins facétieux qui attendaient ma fin,
Je dois me rendre compte que j'ai encore l'air fin
Échoué sur un îlot où nul n'ira passer
Mon inventaire est maigre: quelques bandes dessinées
Un briquet sans essence, une peau parcheminée
Où un sot désœuvré a tracé quelques signes.
Fort opportunément, j'ai pu trouver aussi
Une règle en plastique pour bien tracer des lignes.
Pour mon journal de bord, ce sera plus précis...
Sonnet troisième: La lecture
Je regarde les marques tracées sur parchemin
On dirait une carte, indiquant une route !
J'y vois bien des repères il n'y a pas de doute
C'est sûr, c'est un trésor dont voici le chemin !
Avec un bout de bois, j'entreprends de creuser
Mes pauvres mains en tremblent, crispées sur cette planche
Je continue quand même, pas question que je flanche !
Je creuse jusqu'au matin, où je tombe, épuisé.
Il me semble à présent que j'ai bien retourné
La moitié de l'îlot, au moins, à vue de nez
Sans trouver du trésor le début d'un indice
Et alors, renonçant, déçu et harassé,
Las d'en avoir des crampes et que mes doigts raidissent,
Je jette le plan au loin pour m'en débarrasser.
Sonnet quatrième: La luxure
Voilà bientôt six mois que je suis sur cette île.
J'en ai vraiment assez, moi, de sucer des moules
Assaisonnées de sable en guise de semoule !
Je voudrais aller voir les filles à la ville !
Comment faire un bateau puisqu'ici rien ne pousse ?
J'ai coupé mon palmier pour me faire du chauffage.
Je voudrais voir quelqu'un, même un anthropophage
Plutôt que d'être seul à me tourner les pouces
Mais que vois-je là-bas, sont-ce des indigènes ?
Amicaux ou sauvages, pris d'hallucinogènes ?
Les cons, j'en ai assez, merde, j'ai déjà donné !
Ben non, tiens, c'est des filles ! Les nanas ! Par ici !
Les sirènes de l'amour ont enfin résonné !
Vous Jane et moi Tarzan, et moi King-Kong aussi.
Commentaires
1. Le lundi 22 janvier 2007 à 19:50, par kleger
2. Le lundi 22 janvier 2007 à 20:17, par mae
3. Le lundi 22 janvier 2007 à 21:23, par lili
4. Le lundi 22 janvier 2007 à 21:35, par Korat
5. Le lundi 22 janvier 2007 à 22:03, par tarmine
6. Le lundi 22 janvier 2007 à 22:09, par lacigale
7. Le lundi 22 janvier 2007 à 22:09, par lacigale
8. Le mardi 23 janvier 2007 à 01:07, par Frall
9. Le mardi 23 janvier 2007 à 13:49, par lollah
10. Le mardi 23 janvier 2007 à 18:46, par belleselajoue
11. Le mercredi 24 janvier 2007 à 21:12, par ludine
Ajouter un commentaire
Les commentaires pour ce billet sont fermés.