Une fois, par le miroir, j'ai vu entrer une jeune femme dans les toilettes.

Ce n'est pas très courant de voir des femmes entrer dans les toilettes des hommes.

Les seules femmes que je vois passer, d'habitude, ce sont les femmes en blouse de l'entretien.

Par chance (peut-être) personne d'autre n'est entré dans les toilettes pendant son passage.

Cette femme-ci avait n'avait pas l'air très en forme.

Son maquillage avait coulé, elle semblait avoir pleuré.

D'ailleurs, pendant le cours instant où elle a séjourné devant le miroir, elle a pleuré plusieurs fois.

Elle avait les yeux clairs, et très rougis.

Et des cheveux châtains clair.

Plutôt mignonne en fait, sous son masque désespéré.

Elle portait une robe rouge et noire, ces couleurs qui vont si bien aux femmes qui pleurent.

Elle parlait au miroir, en s'adressant visiblement à un absent, avec un air de reproche, jusqu'à la crise de larmes suivante.

A un instant, elle a fouillé un long moment dans son sac.

Dans son énervement, elle semblait avoir des difficultés à trouver ce qu'elle cherchait.

Finalement, elle a sorti un petit couteau à lame pliante.

J'étais surpris qu'il puisse y avoir de tels objets dans un sac de dame.

Mon cœur s'était mis à battre.

Devant mon miroir, j'étais impuissant.

Je lui criais en silence "Allez, bon sang, ne fais pas de bêtise !".

Elle est restée longtemps devant le lavabo, regardant le couteau, comme fascinée.

Elle passait son doigt sur la lame, pour en éprouver le tranchant.

Puis, elle s'est ravisée, a replié la lame et rangé le couteau.

Elle s'est remaquillée rapidement, et elle est ressortie.

L'image s'est effacée, et je me suis retrouvé face à mon image, un peu hébété, attendant que les battements de mon cœur se calment.

Je me disais qu'il fallait absolument que je sache qui était cette femme, si elle était encore en vie, et ce qu'elle était devenue.