Belleselajoue chevauchait une salamandre-tigre.
Elle avait revêtu une armure d'apparat ignifugée de couleur jaune - la seule couleur que les salamandres supportent.
Son épée et son arc de combat étaient rangés dans un étui ignifugé, jaune également.
Comme c'était l'usage, deux servants suivaient la salamandre à cheval, pour l'alimenter à chaque fois qu'elle en manifestait le besoin.

Chacun d'eux transportait, de chaque côté de la selle une bombonne de nitrométhane sous pression, pour la nourriture de l'animal.

Maevina et ClandestinaRBemba accueillirent avec effusions belleselajoue, mais bien que pressée de questions, elle non plus ne savait pas grand chose de l'objet de la convocation.

Elles avaient cependant beaucoup de choses à se raconter, comme si elles s'étaient quittées depuis des années, alors que leur séparation remontait seulement à quelques semaines.

En devisant avec animation, toutes trois se rendirent à l'espace qui avait été assigné à la suite de belleselajoue.

Par mesure de protection contre les incendies, il était de tradition de soigner les salamandres à l'écart des bâtiments d'habitation, et la reine avait fait mettre un bâtiment annexe à la disposition des invités qui avaient choisi cette arme.

C'était une écurie spéciale, en fait une grotte artificielle de marbre jaune, sans aucune boiserie ni aucune tenture, mais richement décorée de fresques, à dominante jaune.

Le principal ameublement du bâtiment était constitué par un nombre impressionnant de fontaines et de points d'eau, destinés autant à la boisson des visiteurs - l'eau de source était excellente et idéalement équilibrée en sels minéraux et oligo-éléments - qu'à la prévention des incendies.

Comme la matinée était avancée, belleselajoue convia ses amies à déjeuner, autour de la grande table à banquet en pierre dont chaque appartement était muni. Un délicieux repas était servi, la reine pourvoyant avec libéralité à l'entretien de ses invités.

Il ne faudrait pas, s'exclama belleselajoue, que cette attente si confortable se prolonge par trop. Nous sommes si bien traités que si la reine tarde trop, elle nous trouvera incapables de bouger et de nous déplacer. Rien qu'à contempler ce buffet, j'ai déjà pris deux kilos.

ClandestinaRBemba rappela à cette occasion l'invitation à dîner quotidienne de la reine, à laquelle tous les vassaux étaient conviés chaque soir.

Décidément, les amies appréciaient leur voyage, et leur humeur était excellente.