Aussitôt qu’on lui eut indiqué ses appartements dans le palais, sire Breizhblog (ou plutôt, de son véritable nom Ar Valafenn d’Armoricie) abandonna ses gens à l’installation de sa maison, et se mit à explorer méthodiquement le château, afin de vérifier le trouble que sa légendaire jupe à carreaux produisait invariablement sur la gent féminine.

Car si chacun sait l’intérêt que les garçons portent à ce qui se cache sous les jupes des filles, cette curiosité est peu de chose en comparaison de celle que les filles vouent à ce qui se cache sous les jupes des garçons !

Et de filles de toutes sortes, le palais n’en manquait pas en ce moment, et si l’humeur générale était davantage à la préparation d’aventures guerrières, il est notoire que les guerriers sont des jeunes gens et des jeunes filles qu’aucune sorte d’aventure ne saurait rebuter.

Une belle assurance, non dénuée d’un soupçon d’arrogance lui laissait à penser qu’il s’en trouverait surement quelques-unes désireuses de s’initier avec lui à l’art du biniou armoricien.

Ou, du sac-à-pipes, comme on disait dans en dialecte saxangloyen.

Car le sire Ar Valafenn était versé dans l’art des langues, non seulement dans la langue officielle du royaume et dans les dialectes gutturaliques pratiqués dans les terres d’Armoricie, mais dans de nombreux langages de principautés éloignées de l’Insularie angloyenne.

Il se flattait en outre de savoir utiliser sa langue de mille autres manières.

D'ordinaire, Ar Valafenn fréquentait plutôt les dames de sa qualité, auprès desquelles sa virile prestance faisait des merveilles.

Dernièrement, il avait croisé ClandestinaRBemba, et malgré une rencontre un peu houleuse, il s'était promis de se faire mieux connaitre de la jeune personne.

Il avait également assisté à l'arrivée spectaculaire de Lili au commandes de son dirigeable, et avait noté dans un coin secret et hypertrophié de son cerveau que cette dame était également digne d'intérêt.

Car Ar Valafenn se passionnait pour le fonctionnement des femmes de forte personnalité, qu'il mettait une soin minutieux à étudier, se considérant légitimement comme un érudit en la matière.

Mais il estimait aussi qu'il se devait à tout le monde, et ne se soustrayait jamais à l'obligation sacrée de diffuser à l'occasion ses gènes auprès de la gent servile, pourvu qu'elle fût féminine.

Justement, cette nuit-là, il explorait les cuisines du palais afin d'en étudier la population femelle avec une minutie scientifique.

Il n'eut guère de mal à subjuguer une fille des cuisines, aux formes prometteuses et au regard plein de réconfortante naiveté.

Ar Valafenn s'apprêta à disposer de sa proie, ainsi qu'il revient au chasseur victorieux, ce à quoi celle-ci consentait volontiers.

Soudain, une sorte de grondement monstrueux sembla s'élever de l'abîme, loin en dessous des cuisines.

Une sorte de chant suraigü, aux paroles ininteligibles, issu de gorges inhumaines s'éleva.

Une partie du mur sembla rougeoyer, puis des lettres flamboyantes se mirent à apparaître et à s'effacer, d'un alphabet inconnu.

Puis, progressivement, les letttres semblèrent plus familières.

Enfin, Ar Valafenn reconnut quelques mots, Porte, Ouvrir, Souverain.

Et soudainement, tout cessa, laissant un silence presque douloureux, et un mur lisse.

Ar Valafenn effleura le mur, qui était glacé.

La fille s'était enfuie depuis longtemps, et c'était aussi bien, car Ar Valafenn se sentait désormais trop piteux pour consommer ses amours ancillaires.

Son éternelle bonne humeur désormais teintée d'idées sombres et inquiètes, il se promit de prendre davantage de renseignements sur les motifs de la convocation de la reine.