Attention: Cette note est destinée exclusivement à la seule de mes lectrices que je n'ai pas encore eue (elle se reconnaitra).

Les autres lecteurs, anciennes amantes, mâles visiteurs, ne doivent pas se considérer comme éconduits, mais trouveront peu d'intérêt à ce texte, qui n'a pas été écrit pour eux.

A toi, donc, que j'ai connue dans de si étranges circonstances.

Etranges, mais tellement banales, en vérité, le hasard des rencontres sur le réseau, cette curieuse manière de se séduire sans jamais prendre le risque de s'engager.

Sans jamais se voir, ni se toucher, se sentir communier en âme et en paroles, par la seule magie des mots qui se forment sur l'écran et qui touchent exactement ce qu'on n'aurait su mieux exprimer.

Eprouver que quelqu'un enfin, quelque part, est en mesure de comprendre toute l'intimité de son sentiment.

Partager l'émotion, lire ces mots, et en les lisant, les entendre en murmure qui répondent au murmure de son être alors que la communication se mue en communion.

Et puis, un jour, peut-être, se voir, se rencontrer.

A toi, donc, si unique que je ne t'ai jamais eue, parce qu'il ne faut pas, parce qu'une vision, un contact réduirait cette fusion si ténue, ce tissu si diaphane en une navrante et triste banalité, et que l'embrasement des sens et l'exultation des corps éteindrait la lueur des esprits intimement noués.

Comme le fameux chat, dans la boîte, qui ne pouvait être observé que sous peine d'être tué, cette relation qui te rend si unique doit à tout prix demeurer abstraite, détachée des corps et des sens, de l'odeur du café et de la cigarette, du bruit du moteur de l'autobus qui passe.

Je veux te garder comme un rêve vivant, comme le plus vivace de mes souvenir, un souvenir qui se ravive et se renouvelle chaque jour.

Attends, ne coupe pas, je crois qu'ils viennent de marquer un but.