Quintescenteries

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mercredi 27 juin 2007

Oh, collègue !

Moi, j'avais un collègue, il était africain
Il était africain, je lui parlais d'Afrique:
Des fruits, des paysages, et de la politique,
Du peu que je savais, tiré de mes bouquins.

Lorsque j'avais fini, je parlais de la France:
Comment il se sentait, et son intégration
Sa carte de séjour, et son immigration
J'essayais de montrer toute ma tolérance.

Mais lui, ce qu'il voulait, c'est parler en collègue,
Un peu plus du boulot, un peu moins de son legs,
Des soucis du service, du temps, du RER.

Il en avait assez qu'on le voie comme un noir,
Avec de l'intérêt, certes, mais comme un noir,
D'une sollicitude raciste à sa manière.

mardi 26 juin 2007

Darfour crématoire

Le maître du Soudan, un digne personnage,
Qui défendait l'Islam et les puits de pétrole,
Envoyait au Darfour, plutôt que des écoles,
Tous ses meilleurs soudards, pour faire des carnages.

L'empire des chinois, qui lui vendait des armes,
Et voulait son or noir, n'avait rien à redire,
Laissant tout l'occident rouspéter et maudire,
Et le cul bien au chaud verser beaucoup de larmes.

Les nobles janjaouides, poussés par un bon Dieu,
Brûlaient tout saintement, purifiaient par le feu,
Les paysans impies, les bergers infidèles.

Les grands chefs africains, embarrassés eux-mêmes,
Trainaient un peu des pieds pour répondre au problème:
On en trouve partout, des graines de rebelle.

lundi 25 juin 2007

Gratosse

Dans les journaux gratuits, on trouve l'horoscope
Des jeux, des sudoku, de la cuisine en fiches
Et de l'info people sur les têtes d'affiche
Bue par les banlieusards lorsqu'ils se téléscopent

Il y a les ragots, usuels, des politiques,
Comme toutes les fois qu'ils briguent le pouvoir,
Et des stars en photo voulant se faire voir,
Et puis des faits divers dans un état critique.

Aussi - Vous le saviez ? - des pages de culture,
Annonçant les spectacles, expos, littérature,
Sur les larges feuillets de papier réformé.

Et comme c'est gratuit, vous n'avez qu'à saisir:
Le goût de posséder est un menu plaisir...
A défaut d'être libre, vous serez informé.

vendredi 22 juin 2007

Sincérité

C'est vrai, j'étais chez eux, mais ne les aimais pas.
Puisqu'ils m'avaient élue, je portais leur parole,
Sans y croire vraiment: J'interprêtais un rôle.
J'avalais des couleuvres, presque à chaque repas.

Je devais laisser croire que j'étais très éprise
Du premier secrétaire, un bonhomme insipide.
Ensemble on se montrait, en étreintes rapides,
Pour que deux-trois photos aient le temps d'être prises.

Je disais des discours à propos d'un programme
Dont je n'approuvais rien: Imaginez mon drame !
Quant à la *bravitude*, c'était un truc à eux !

Je revis à présent, car ils se sont fait battre.
Raisons et responsables, je les laisse en débattre:
Désormais femme et libre, je vais beaucoup mieux.

lundi 18 juin 2007

La Belle et la Bête

Un infâme macho, au temps de la campagne,
Un couillu, un musclé, une sorte de brute,
Calme et équilibré comme un rhino en rut,
Menait dure la vie à sa pauvre compagne.

La pauvre Ségolène, la douceur incarnée,
Qui aimait tout le monde, et se faisait avoir,
Pleine de bravitude, assumait son devoir:
Elle se devait au peuple depuis qu'elle était née.

Elle endurait les coups, l'alcool et les injures,
Allant puiser de l'eau malgré les engelures,
Pour préparer la soupe à ses nombreux enfants.

L'ambitieux François, paresseux et avide,
La battait si jamais la gamelle était vide,
C'est bougrement méchant, parfois, un éléphant.