Pour l'intérêt d'une histoire, le gentil n'a aucune utilité. Une bonne histoire se caractérise par la qualité de son méchant.

La star du Seigneur des Anneaux, c'est... le Seigneur des Anneaux, celui qu'on ne voit jamais et qui imprègne toute l'histoire.

Les gentils, hobbits, elfes, nains ou humains ne sont que des faire-valoir, interchangeables et transparents.

Qu'on retire Milady et le cardinal aux quatre mousquetaires, et il en reste quoi ? De gardes suisses décoratifs.

Poussons plus loin: que seraient les Ecritures, par exemple, sans Lucifer et quelques méchants annexes, comme Haman, Goliath ou Holopherne ?

"Fiat Lux, Dieu vous aime, tout le monde est gentil, fin du monde, au revoir".

C'est le méchant qui donne son sens au monde.

Il existe, certes, quelques histoires ingénieuses dans le scénario desquelles un auteur astucieux a fait disparaître tout méchant.

Ce sont des histoires où il n'y a que des gentils.

L'astuce, c'est que ce sont les gentils eux-mêmes qui sont les méchants, à cause de leur naïveté, de leur bonne volonté désastreuse, de leur ignorance et de leurs préjugés.

L'enfer n'est-il pas pavé de bonnes intentions ?

L'exemple d'un tel scénario se trouve dans le film "Babel", de Alejandro González Inárritu.

Cultivez vos méchants.