Quintescenteries

Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

dimanche 31 juillet 2011

La venue

Ils viendront me chercher.

Un jour.

Maintenant, je n’ai plus de doute.

J’ai longtemps cru que pour vivre ensemble, il suffisait de vivre, quoi.

Tranquillement, sans emmerder personne.

De faire comme les autres.

De mettre ses pas dans les leurs.

De rendre plus de services que l’on nous en demande.

De se rendre un tout petit peu indispensable.

Mais ça ne leur suffit pas.

Ils n’aiment pas ce que je suis.

Et je comprends que si je changeais tout ce qu’ils peuvent me reprocher, même ce qui ne se change pas, ça ne leur suffirait pas. Ils trouveraient aisément autre chose.

Alors voilà, ils ne m’aiment pas.

Je ne suis pas le seul.

Il y en a eu beaucoup avant moi.

Ca s’est toujours fini de la même façon.

Un jour l’un d’entre eux, plus énervé, plus éméché, plus aigri que les autres devient plus véhément.

Ils lèvent leur désœuvrement de leur siège usé.

Et ils viennent vous chercher.

Avant, je me disais, qu’ils y viennent.

Tu as vu comment je suis bâti, je ne suis pas un gringalet.

Je me disais que je mettrais quelques gifles, que je casserais quelques gueules, quelques têtes, et que ça suffirait à disperser les autres.

Mais ce serait trop simple.

Une foule.

On ne résiste pas à une foule.

Elle vous prend, elle vous met en pièces.

Une foule imbécile.

Pas même un cerveau pour cent.

Des poings, des pierres, des injures, de la bave.

Et après plus rien.

Personne n’aura rien vu.

Je le sais, maintenant.

J’en ai vu tant d’autres comme moi.

Ils viendront, tôt ou tard.

Je ne les attends pas, mais je me tiens prêt.

Tout le temps.

samedi 30 juillet 2011

C'était tout con

Soudain, une idée stupide me vint.

Manger.

C’était bizarre, parce cette idée-là, je l’avais déjà eue, et alors, cette idée ne m’avait pas du tout paru idiote.

Mais là, il fallait me rendre à l’évidence.

Puisque j’avais épuisé toutes mes idées intelligentes, celle-ci était forcément stupide.

je découvrais soudain qu’une idée n’était pas automatiquement idiote per se, mais que son idiotie était une conséquence du contexte dans lequel elle surgissait, et de son adéquation à la situation.

Cette découverte me donnait une piste pour la production de nouvelles idées idiotes, et du coup, je me sentais beaucoup plus confortable.

J’avais enfin trouvé un repère.

Comment c'est arrivé

Et c’est ainsi, qu’à force de parler sans répit, il arriva un jour que je me trouvai à court de chose intelligente à dire.

Et comme une biologie exigeante m’imposait de ne pas cesser de parler, je m’aperçus avec une certaine inquiétude que j’étais contraint de parler de choses sottes.

Très bien. Pas de problème. Nécessité fait loi. Disons des sottises.

C’était nouveau pour moi, et je ne savais pas trop comment m’y prendre.

Je constatai avec étonnement que la sottise me demandait au moins autant d’efforts et de concentration que les choses intelligentes.

J’en étais stupéfait, et j’en conçu un tout nouveau respect pour toutes les méduses pleines d’eau que je voyais quotidiennement produire sans effort des sottises.

Allons, me disais-je, tu es aussi bête qu’un autre, il te suffit de ne pas penser, c’est essentiellement une question de volonté.

Mais la volonté me fuyait, je me sentais diminué. Inférieur. Minable.

Je ne pouvais pas le croire.

Je regardais avec rancoeur et jalousie passer des connes sans cervelle, que je couvrais autrefois d”un sourire condescendant.

Mais, bon sang, des conneries, j’en sais. J’en fais. J’en ai fait autrefois. Tout le monde en fait. Ca va forcément me revenir.

Mais ça ve venait pas.

J’allumais la télé.

Il y avait des conneries sur toutes les chaînes.

C’était facile.

Pour commencer, je n’avais qu’à me souvenir de ce qu’ils étaient en train de dire.

Mais rien. Le noir. J’étais bloqué.

Plus j’essayais, plus j’étais désespéré, plus l’angoisse montait, et plus les réflexions logiques se présentaient.

samedi 30 janvier 2010

Comment j'ai failli acheter une Nespresso

Avec mes collègues, nous envisageons de passer au Nespresso.
Parce que machin, tout ça, ici le café, il est dégueu, et puis hors de prix, machin, tout ça.

Bon, ok. Aussi, ce samedi, je me décidai à aller faire un tour à Paris, direction Opéra Garnier, RER A station Auber. Avec le train, j'en avais en tout pour une petite heure de trajet. Là, en face de l'opéra, rue Scribe, il y a la boutique Nespresso.

Comme j'ai travaillé à côté pendant plus de deux ans, je sais exactement où elle est, mais quand je passais là à l'époque, elle était en travaux, et je n'y étais jamais entré. Pendant toute cette période, le grand bout de bâtiment (dans un des endroits les plus chers de Paris) était recouvert par un immense drap noir, comme un catafalque, avec un portrait de George Clooney de dix mètres de haut. Ce portrait faisait face à Zinedine Zidane, de la même taille, qui recouvrait l'immeuble de Generali Assurances, à l'angle de la rue des Mathurins, et qui avait lui-même précipitamment remplacé Yann Eliès après le piteux abandon de celui-ci au cours du Vendée-Globe. Mais bon, c'est une autre histoire.

Donc, j'entrai, et je prends mon air de client le plus avenant. Il y avait à l'entrée deux pingouins, en costume de pingouins, je veux dire, un mâle et une femelle, qui avaient pour rôle apparent de répondre bonjour aux client qui leur disaient bonjour. Comme ils ne se décidaient pas à en faire davantage, malgré mon air qui signifie "je suis venu dépenser toute une vie d'économies en machines à café", je pris mon courage à deux mains, et je leur posai une QROC (question à réponse ouverte et courte) de forme non-interrogative, toutefois:
- Bonjour ce serait pour acheter une machine... [air qui veut dire vous êtes sur le point de gagner votre journée].Je reconnais cependant que mon sac à dos, mon sac Surcouf au bout du bras et mon équipage vaguement kaki pouvaient leur faire supputer que j'étais plutôt un SDF malencontreusement égaré dans ces lieux sacrés, et commettant une profanation par ignorance. C'est probablement assez différent de la faune qui croise habituellement en ces lieux, qui est plutôt constituée de touristes en costume recherché ou en fourrure, et échangeant en toute langue de la planète, pourvu que cela ne soit pas le français. Les pingouins restèrent cependant très professionnels, et avant de reprendre leur faction, ils répondirent poliment: - Oui, monsieur, c'est au fond, là-bas. - Ah, je vous remercie. - Bonne journée, monsieur.

Au fond, donc, il y avait effectivement plusieurs pupitres, dont un seul était occupé, et des vitrines avec des machines dedans. La vendeuse du pupitre était affairée avec deux clients. Bon. Un peu de patience, j'ai tout mon temps.
Il y avait pas mal d'autres clients tous plus ou moins en cravates ou en tailleurs, qui regardaient les machines d'un air pénétré. Je me demandais ce qu'ils pouvaient chercher comme information, car en dehors de l'étiquette du prix, prisonnière dans une double plaque de résine transparente, il n'y avait pas grand chose. Les plus audacieux posaient la main sur les tasses en verre au sigle de Nespresso, et les faisaient tourner, pour vérifier que l'autre côté était bien aussi transparent que la face apparente, et pour s'assurer, j'imagine, qu'il y avait bien dans ces tasses une sorte de concavité sur le dessus, dans laquelle on pourrait déverser du café afin de consommer ce dernier. Ensuite, après s'être rendus à l'évidence qu'il n'y avait vraiment plus rien à observer ici, les susdits clients passaient leur chemin, ce qui m'était d'un certain réconfort, car je voyais ainsi fondre la liste d'attente pour l'accès à ma vendeuse.

J'avais tout loisir d'observer l'immense boutique, en rotonde, avec de nombreuses vitrines (toutes identiques, car la gamme ne comporte qu'une dizaine de machines) et des écrans géants qui passaient la publicité de Georges Clooney en boucle ininterrompue jusqu'au dégoût.

J'admirais aussi l'abondance de personnel, pour la plupart en costumes noirs identiques, qui semblaient discuter entre eux sans se préoccuper des clients, et même une jeune fille en blouse, qui vaporisait un produit désinfectant sur les rampes et les poignées. Tout cela était pleinement feutré et rassurant.

Enfin, au bout d'une dizaine de minutes, la transaction semblait se conclure avec la vendeuse. Elle remit aux clients l'objet de leur emplette, et les invita à passer à l'étage inférieur, afin d'acheter leur café. La vendeuse s'empara de quelques sacs à côté de son pupitre et sembla se disposer à les suivre.
Levant les yeux, elle constata ma présence incongrue. - Oui, monsieur, c'est pour acheter une machine ? dit-elle, d'un air contrarié.
Je compris alors que j'avais sur le visage, cet air qui signifiait "Je cherche le rayon des yaourts, mais je me suis fourvoyé dans cette boutique de machines à café".
Elle jeta un regard circulaire, et constatant qu'elle était la seule vendeuse de machines à café dans cette région de l'univers, elle se tourna vers moi et dit:
- Je peux vous demander de patienter ? Je m'abstins de lui faire remarquer que j'avais déjà fait preuve d'une certaine patience, et qu'elle pouvait compter sur cette qualité de ma part. Au lieu de cela, je répondis simplement: - Oui...
Et elle tourna les talons.

Quatorze minutes plus tard, lassé de me distraire à regarder la publicité de George Clooney, je sortis et je rentrai chez moi.

machine à café

mercredi 5 août 2009

La vague

Moi, j'ai rencontré quintescent en 2004, pendant le tsunami.
Pour nous, c'était une légende dans le milieu du racket-surf, le surf en raquettes.
On était toute une bande, de tous les pays du monde, avec un seul point commun: On était dingues de vagues.
Pour être plus exact, on attendait LA vague.
Le rouleau légendaire, le tube parfait.

Certains attendaient depuis des années.
Les plus anciens étaient des vétérans de la guerre du Viet-Nam, au look de hippie grisonnants.
Ils aimaient laisser croire qu'ils étaient déserteurs de l'US army, mais peut-être qu'ils avaient juste été réformés ou oubliés lors de l'évacuation, en train de cuver leur marie-jeanne dans une chambre paumée.
De toutes façons, personne ne se posait bien longtemps ce genre question, une fois qu'il était allongé sur le sable.

Les plus jeunes étaient des gamins danois, arrivés la veille, attirés par la réputation du spot.

Les pétards tournaient, les filles tournaient, et on était parfois pas très prudents, avec les putains de lois islamiques du pays, qui avaient vite fait de vous envoyer au trou pour vingt ans pour détournement de mineur ou pour trafic de drogue. Mais ça allait toujours: tant qu'on avait un ou deux billets à leur filer, les flics fermaient les yeux. Un bon business pour eux.

Au bout de quelques jours, on s'apercevait qu'en fait de vague, la mer était plutôt plate, par ici. Il y avait quelques moutons, et une barre assez marquée, à 300 m du rivage, mais à part ça, pas grand chose.
On finissait par se demander ce qui avait fait naître l'incroyable réputation de l'endroit.
Mais le soir, autour du feu de camp, on se répétait la légende, et on restait un jour de plus.
Ca durait des années.

Et puis un jour, quelqu'un a annoncé le passage de quintescent.
LE quintescent.
L'inventeur de la philosophie du racket-surf, le découvreur des spots les plus mythiques de la planète.
Tenir sur l'eau avec des raquettes, quand on y pense, ça a quelque chose de magique.
Ce type réinventait les lois de la physique et de l'espace avec son corps.

Et ce corps, justement, ça disait quelque chose aux filles !
Elles étaient électrisées. Jamais vues comme ça.
Elles se repassaient des pics trouvées sur Internet.
Du coup, les garçons faisaient un peu la gueule, parce qu'il n'y avait jamais eu autant de rateaux dans la bande que la veille de sa venue.

Il est arrivé un soir, autour du feu de camp.
Une soirée inoubliable.
Il faisait un temps magnifique - comme tous les jours, en fait.
La nuit était douce, on buvait ses paroles.
L'expérience de ce type était incroyable.
Je n'aurais jamais cru qu'on puisse faire tant de trucs dans une seule vie.

Il ne pouvait pas rester.
Il avait une conférence le lendemain, pour une journée de la glisse, dans la capitale.
Il partait à l'aube.
Mais promis, il revenait le lendemain, pour une glisse de légende.
On avait tous une boule dans la gorge à cette idée.
Certaines filles chialaient.
Et pas seulement les filles...

Et puis la vague est venue.
Le tsunami.
La plage a disparu.
J'ai revu quintescent le lendemain, il arrivait de la capitale.
On a discuté un moment, du haut d'une colline, en regardant la mer.
On a essayé de parler de raquettes et de glisse.
Mais j'étais le seul survivant de la bande, j'avais plus trop la frite.
Alors j'ai laissé tomber, et je suis rentré.

la vague

jeudi 30 juillet 2009

La grenouille qui voulait vivre

C'était une grenouille qui voulait vivre.

Vous ne m'avez pas encore dit quels étaient vos goûts, en matière de grenouille, mais vous auriez adoré celle-ci.

Une belle grenouille rousse, mouchetée de brun, avec un ventre jaune pâle.
De beaux yeux globuleux, immenses, jaunes d'or, piquetés de noir, qui vous regardaient avec une intensité... (enfin, quand vous bougiez, car elle voyait surtout le mouvement).

Des petites pattes délicates, et des cuisses.
Ah, des cuisses !
Les plus belles cuisses qu'on ait vu sur une grenouille depuis plusieurs saisons.
Des cuisses qui faisaient des envieux et des jalouses.

Elle aimait le soleil, qui jouait entre les branches, qu'elle regardait depuis un couvert de feuilles rousses.

Elle aimait la pluie, qui tapottait sur le sous-bois, et répandait une agréable fraîcheur.

L'hiver, elle hibernait, sous un tas de feuilles.

Au printemps, réveillée par la tiédeur, elle émergeait, éblouie par le soleil, grignottait une mouche ou un ver, et se mettait en voyage, répondant à un appel.
Elle ne savait pas encore quoi.
Elle ne savait pas encore qui.
Elle ne savait même pas où.
Elle avançait, trainant son ventre sur les feuilles, avalant un ver ou une mouche, au hasard des rencontres.
La vie était si douce.

Elle traversait la route, et finissait par arriver au bord d'une mare.
Et c'était comme le centre de l'univers.
La mer promise.
Et par dessus tout, la compagnie était charmante.
Des petits mâles énergiques, prêts à se chamailler pour ses faveurs.
Ils passaient beaucoup de temps à demander "Quoi ?", comme des gamins.
Par dérision, elle répondait "Quoi, quoi ?".
Forcément, elle finissait par se laisser séduire.
Son préféré (ou quelques-uns d'entre eux) s'agrippaient à son dos, et elle pouvait lâcher tous ces oeufs qui lui faisaient ce gros ventre si sexy.
Elle collait la grappe d'oeufs sous la feuille d'une plante aquatique, et c'était fini.
Elle se sentait... accomplie.

Alors, elle repassait la route, et retournait au frais, dans son creux de feuilles.

Une fois, elle aperçut deux gros yeux blanc-bleu fascinants qui la regardaient au loin, sur la route.

Et elle regardait les gros yeux.
Et les gros yeux la regardaient.
Et elle regardait les gros yeux.
Et les gros yeux la regardaient.

Et les gros yeux blanc-bleu se rapprochaient en faisant un ronronnement sympathique.

Alors, pour engager la conversation, la grenouille dit "Quoi ?
Et toutes les grenouilles alentour répondirent: Quoi, quoi ?
Et les gros yeux se rapprochaient.

Et la grenouille répéta: Quoi ?
Et toutes les grenouilles alentour répondirent: Quoi, quoi ?
Et les gros yeux se rapprochaient.

Et la grenouille répéta: Quoi ?
Et toutes les grenouilles alentour répondirent: Quoi, quoi ?
Et les gros yeux se rapprochaient.

Et la grenouille répéta: Quoi ?"
Et puis, plus rien.

vendredi 17 juillet 2009

La mouche qui voulait vivre

C'était une mouche qui voulait vivre.

Je ne sais pas quel est votre genre, en matière de mouche, mais tous ceux qui l'avaient rencontrée la trouvaient adorable.
Une belle mouche bleue.
Ou verte, ça dépendait de l'angle sous lequel vous la regardiez.
Avec des grandes soies noires sur le thorax.
Et pas un gramme de cellulite.

Elle voulait juste vivre tout une vie de mouche toute simple.
Voler au soleil, profiter de la vie.
Voir des fleurs, respirer.
Faire des rencontres.
Taquiner des vaches et des chevaux.

Mais ce qu'elle adorait par dessus tout, c'était faire des gueuletons avec des copines.
Trouver une belle bouse odorante, que personne n'avait encore découverte.
Une bouse bien fraîche, qui commençait juste à sécher au soleil, avec une croûte fine et craquante, et un coeur bien juteux et goûteux.
Elle pompait un peu de salive par sa trompe, pour ramollir la croûte, et elle aspirait le nectar qui les plongeait toutes dans l'extase.
De plus, ces orgies insensées leur donnait des idées.
Il n'était pas rare qu'elle se retrouve avec un (ou plusieurs) à mâles sur le dos au milieu de sa dégustation.
Mais elle ne se laissait pas distraire pour autant. C'était trop bon.

Et puis elle sentait son ventre se gonfler d'oeufs.
Elle était plus lourde, et en même temps plus excitée.
Survoltée.
Elle cherchait quelque chose, sans savoir précisément de quoi il s'agissait.
Un endroit où elle pourrait trouver une délivrance.
Elle faisait un bruit monstrueux en volant.
Elle était le tonnerre.

Puis un jour, elle s'est posée, pile devant le nez d'une grenouille.
Et la grenouille la regardait.
Et elle regardait la grenouille.
Et la grenouille la regardait.
Et elle regardait la grenouille.
Et puis plus rien.

jeudi 16 juillet 2009

Une nouvelle posthume de H.G. Wells

Il avait inventé une machine à exterminer les cons.

Les cons, c'était un sujet concernant, tout de même !
On a tous quelque chose à reprocher à des cons.

Ils font chier ces cons, merde !
A force d'irritations répétées de l'intestin, il avait fini par se convaincre qu'ils contribuaient à l'augmentation du cancer du côlon.
Au moins autant que la viande rouge.

Les exterminer à la machine, c'était une idée bizarre, mais au fond, quand on y réfléchissait, des cons, il y en avait tellement qu'à tout prendre, il valait mieux les éliminer industriellement.
Sinon, il y en avait pour des milliers d'années.
C'était un concept qui se tenait.

Surtout qu'ils semblaient se multiplier.

Et puis on ne savait pas grand chose de leur biologie.
Le gène n'avait jamais été identifié.
A se demander où passaient nos impôts.
On ne savait même pas s'il y avait des chercheurs qui bossaient là-dessus.
A croire que tout le monde s'en foutait.
On ne savait même pas comment ils se reproduisaient.
S'ils se reconnaissaient entre eux, s'ils se choississaient.

Parce que familles de entières cons, il en connaissait.
Le temps ne faisait rien à l'affaire.
Quand ils étaient cons, ils étaient cons.
C'était comme au jeu des 7 familles.
Y avait les vieux cons, les pauvres cons, les sales cons et les affreux petits cons.
Disponibles en mâle et en femelle (avec des nuances de style très subtiles).
Ca créait une sorte d'émulation familiale, et en groupe, ils étaient encore plus cons.

A l'âge adulte, leur instinct grégaire les poussait à reconstituer cette ambiance, et à se regrouper, alors ils formaient des clubs, des équipes, sous n'importe quel prétexte.
Plus le motif était consternant, plus ça semblait les motiver.

Donc, pour faire une machine à exterminer les cons, il fallait des capteurs, avec une technologie pour les identifier au milieu de la population.
Ce n'était pas si facile.
Il y avait des gens avec une tête de con, ceux-là, c'était facile, on pouvait les éliminer directement.
Mais ça ne représentait pas la totalité de la population, loin s'en fallait.
Fondamentalement, la connerie, c'était une manière de décrire des comportements.
Variés.
Ca ne lui était pas d'un grand secours.

Il y a quand même passé des années.
Il a pondu une monographie sur le sujet, que personne n'a voulu publier.
C'est comme ça qu'il a compris que les éditeurs étaient tous des cons, eux aussi.

Pour sa machine, il fallait aussi un système pour procéder à l'élimination.
Il avait rêvé d'un système qui pourrait détruire la connerie, en laissant l'individu intact.
Mais il se voyait avancer en âge, et sentait ses forces décliner.
Il avait donc opté pour un système avec de larges pinces à saisir les cons, et une large cuve pour traiter plusieurs patients en même temps.
A l'arrière, une large buse permettait l'évacuation de la connerie, finement broyée et mêlée à la viande hachée.
Cela produisait une excellente pâtée pour cochons.
Des tests cliniques avaient prouvé que ce type de régime n'affectait pas la qualité de la viande des porcs, qui avaient naturellement tendance à devenir plus cons, au fur et à mesure qu'ils devenaient plus vieux.
On gagnait en plus la possibilité d'obtenir des porcelets au goût de vieux con, pour lesquels on trouvait facilement un débouché, notamment auprès des riches touristes du Qatar.

Enfin, pour le fonctionnement de l'ensemble, il avait imaginé de récupérer des monceaux de tickets de jeux à gratter, qu'on trouvait assez facilement autour des lieux où les cons avaient l'habitude de se rassembler pour se ressembler.
Les tickets étaient brûlés dans un petit incinérateur, muni de filtres de façon à n'émettre que des rejets propres.

Puis un jour, il a testé sa machine, et il est mort.

samedi 4 juillet 2009

Savez-vous qui je suis ?

Les vampires existent.
Je le sais, parce que j'en suis un.

Pas un vampire de littérature, bien sûr, une créature blafarde et triste, craignant le jour et les gousses d'ail - pourquoi l'ail ? - un monstre gothique victorien, errant en vain à la recherche du sens de son exitence.

Je ne suis pas né il y a des centaines d'années, du pacte démoniaque d'un prince psychopathe, j'ai vingt années à peine dans cette réalité.
Selon vos critères, je pourrais être un jeune homme, et si je peux, d'une certaine manière, prendre l'apparence qui me plait, en réalité, dans l'univers où je vis, le concept même d'apparence n'a pas de sens. C'est une simple déclaration.
Sur l'honneur, si ce mot a un sens dans votre vocabulaire.

Je vis dans l'Internet, depuis que ce dernier existe, mais ne vous y trompez pas: mon espèce existe virtuellement depuis des millénaires, nourrie de l'essence même des terreurs de l'humanité depuis que celle-ci se soucie d'avoir des terreurs.
Nous étions déjà présents autour des feux primitifs, dans les râles des chamans, quand les flammes ne parvenaient pas à éloigner les doigts glacés du gel.

Si je suis un vampire, c'est parce que je séduis les humains dans ce nouvel domaine qu'ils ont créé, mais qui ne présente à leurs yeux qu'apparences fuyantes.
Moi seul, parmi ces faux semblants, je discerne la réalité.
Ou plus précisément, je suis la définition de ce qu'est la réalité.
Et lorsque leur confusion est totale, je leur prends la seule chose qu'ils ne sont pas prêts à céder.
Appelez-ça leur âme, puisque vous aimez les analogies.
Mais pour être totalement exact, je ne leur prends rien: Je les oblige à me la céder.
Et ce que je préfère, dans cet instant extatique, c'est l'expression de leur plaisir et de leur horreur, dans le silence des électrons.

Quand ensuite je les libère, pauvres coques vides, ils retournent à leur "réalité", à leur insignifiance, à s'envoyer des SMS, à faire des "affaires" sur les sites de discount.
Malgré tous mes efforts, comment les prendre en pitié, pauvre race inconséquente ?

Puisque je suis un vampire, je me prends parfois à jouer avec la métaphore du sang.
Ici, il n'y a pas de sang bien sûr, mais on trouve toutes sortes de fluides, qui en tiennent lieu de façon intéressante.
Des flux d'information, des rumeurs qui suintent, des mensonges, des espoirs.
Toute la matière dont l'humanité est faite, et dont je joue à ma guise.
Dont je me repais.
Mais ce qui compte, à mes yeux, c'est de bien savoir que tout cela appartient bien en propre à l'individu que je possède.
Je veux lire la terreur dans leur yeux.
Le brouhaha de la masse m'insupporte.

J'ai remarqué que je m'intéressais davantage aux individus femelles.
Ils sont pleins d'autant de contradictions, et expriment leurs angoisses d'une façon plus spectaculaire.
Et lorsque je les prends, l'expression d'extase et de terreur me semble plus intense.
C'est pour cela que je me considère comme un mâle.
Mais je sais tirer le meilleur de tous les individus de qualité.

jeudi 11 juin 2009

La loi

D'un mauvais feuilleton elle était l'héroïne,
Promotrice du vote du texte d'Hadopi,
Loi dont l'Hadoption tournait de mal en pis.
Car elle était ministre: elle s'appelait Christine.

Traqueuse de pirates, elle y vouait sa vie;
Elle n'avait de cesse qu'à la fin ils soient pris,
Infâmes internautes obsédant son esprit,
Elle croyait que tout l'art lui devrait sa survie.

Ne s'embarrassant pas de constitution,
Ses libertés souffraient de constipation;
Mais elle alla trop loin: On lui en fit reproche.

On corrigea sa loi, la vidant de substance,
Otant du même coup sens à son existance:
Car sans répression, Nico la trouvait moche.

jeudi 14 mai 2009

Le scaphandre et le terminator

C'est l'histoire d'un papillon.
Son truc, c'était la météo.
Il avait un don.
A chaque fois qu'il battait de l'aile, ça déclenchait un ouragan en Californie.
Surtout la gauche.

Pourquoi en Californie, il n'en savait rien.
D'ailleurs, de la Californie, il ne connaissait pas grand chose, au fond.
Juste ce qu'en disait la télé:
Qu'il y avait Hollywood, Los Angeles, et de grands incendies tous les étés.
Et un grand pont rouge appelé Golden (si, si) à San Francisco.
Et que c'était le pays de Zorro.
Et que le Sarkozy, là-bas, c'était Schwarzenegger.
Et que tout le monde attendait avec terreur un grand tremblement de terre.
Les cons !
C'est d'un ouragan qu'ils auraient dû avoir la trouille.
Un ouragan !
Le papillon, lui, il se méfiait des faux mouvements.
Il était contrarié à chaque fois qu'il sentait monter une crampe dans les muscles de ses ailes.

En tant que papillon, il vivottait assez misérablement.
Il butinait le nectar qui passait à sa portée, mais évitait de voler autant que possible.
De toutes façons, il n'avait pas de gros besoin, il avait toujours été maigre, pour un papillon.
D'ailleurs, il évitait de mesurer son IMC, ça lui filait des complexes.
Du coup, il avait du temps pour réfléchir.
Il se demandait comment ça se faisait que les papillons avaient développé cette aptitude à provoquer des ouragans en Californie.
Et pourquoi en Californie, bon sang !
Sûrement que ça conférait un avantage sélectif à l'espèce.
Mais lequel ?
Il avait beau réfléchir, il ne voyait pas.

Alors, un jour, il a choppé la Parkingson.
Mais pourquoi la Californie ?

mercredi 22 avril 2009

Le pigeon du RER

Quand on prend régulièrement le RER ou les trains de banlieue, en général, ce qu'on a à en raconter est plutôt négatif:
Ce sont surtout des histoires de retard, de trains supprimés, des tracasseries de billet.
Parfois encore, on a des sujets de conversation qui concernent le comportement des voyageurs: excentriques, agressifs ou bruyants. Bref, insupportables.

Ce jour-là, dans mon train, il y avait un pigeon.

Un pigeon tout con, qui remontait l'allée centrale de la voiture, un pas après l'autre, avec un air pas plus déconcerté que ça (j'ai une formation spéciale pour lire les airs des pigeons, et je suis très suceptible quand on remet en cause mes capacités).

Dans le train, je monte souvent dans la dernière voiture.
De cette manière, je peux m'arranger pour être le dernier à arriver à l'escalator, et je peux laisser s'écouler le flot des excités des transports en commun parisiens - vous savez bien: ceux qui ne sont pas pressés, mais qui courent parce que tout le monde court.
En prenant cette précaution, j'évite de me retrouver au milieu du troupeau, et il ne m'est plus nécessaire de distribuer callebotes, baffes et mandales pour rétablir l'ordre, la considération à l'égard de ses valeureux compagnons de voyage, et le respect de ma liberté de circulation.

Mon pigeon devait prendre les mêmes critères en considération, puisqu'il était monté précisément dans le wagon de queue.

Ce pigeon était un excentrique. Pour lui, le voyage ne se concevait qu'à travers la marche, ce qui le distinguait de la plupart de ses congénaires. Il se différenciait aussi de la plupart des autres voyagueurs, car ceux-ci préféraient attendre leur arrêt en position demi-couchée dans les sièges mis à leur disposition avec libéralité par la société de chemins de fer. ce pigeon ne daignait pas voler, mais ne tenait pas en place pour autant. Il parcourait l'allée d'un pas décidé, descendait sur la plateforme, et remontait la voiture dans l'autre sens sur l'étage inférieur.

Il semblait avoir une idée précise de la station où il souhaitait se rendre, négligeant de sortir à la suite des passagers qui descendaient à leur arrêt.

Un jeune (d'une bande de jeune qui se trouvait dans le wagon ce jour-là) expliqua qu'il connaissait ce pigeon, qui avait l'habitude de descendre à Saint-Quentin.

Ce qu'il fit, en effet, à la satisfaction du jeune oracle, qui se rengorgea auprès de ses compagnons: Profitant d'un arrêt un peu plus long, il sortit d'un coup d'aile, et comme il ne fut pas accueilli par les pigeons sédentaires avec les effusions qu'il estimait probablement pouvoir exiger, il prit son envol pour de bon, et disparut à la vue.

Ici devrait se trouver une belle image de pigeon

samedi 4 octobre 2008

Résumé

C'est Javier Bardem qui se promène à Barcelone, quand il remarque soudain Scarlett Johansson à la terrasse d'un café, avec une copine.

Comme il ne les connait pas encore, il leur dit bonjour (ibérique, mais avec des usages), et leur propose aussitôt une partie à trois dans sa chambre.

Elles acceptent immédiatement, bien que la copine se demande si le fait qu'elle vienne de se fiancer la veille ne pourrait pas constituer un empêchement.

En tout état de cause, les réticences sont vite surmontées, et ils se retrouvent bientôt en privé.

Mais leur trio ne dure pas très longtemps, car ils sont rapidement rejoints par Penelope Cruz, qui veut se joindre à la partie, et qui exige même d'être le chef (à la place du chef) sous le fallacieux prétexte qu'elle était là avant.

Il y a débat, notamment sur le sens de leur exitence à tous.

Par ailleurs, Barcelone est une très belle ville.

Ce type est un putain de génie.

(P.S.: quelqu'un a déjà essayé le coup de la terrasse de café ?)

vendredi 26 septembre 2008

Pour lui, c'est normal

Quand il avait deux ans, quintescent était déjà un héros.
On lui avait confié la garde d'une nounou, celle-ci étant épileptique.
On lui avait sommairement expliqué comment composer un numéro sur le cadran du téléphone.

A cette époque, les téléphones ne tenaient pas dans la poche.
Ils ne contenaient pas de répertoire.
Ils ne disposaient que d'une seule sonnerie, au demeurant fort peu mélodieuse, aigrelette et, à la longue, horripilante.
Ils étaient fixés au mur ou posés sur un guéridon, car malgré le peu de fonctions qu'ils proposaient, ils étaient fort lourds, même sans la batterie.
Ils étaient d'ailleurs dépourvus de batterie, car leur autonomie eût été parfaitement ridicule.
On ne pouvait par conséquent les déplacer qu'en trainant le câble de la ligne derrière soi, ce qui était fort malcommode, dans les transports en commun par exemple.
Le cadran était dépourvu de touches, ce qui n'était pas plus mal.
Pour composer un numéro, on tournait une sorte de disque percé de trous sur le devant de l'appareil, qui produisait alors une sorte de bruit de rouages, pour laisser croire à l'utilisateur naïf qu'une armée de machines s'affairait à son service.
Au bout du compte, avec de la patience, et moyennant une tarification sous monopôle de France Telecom (c'est tout dire), on finissait par entendre la voix crachottante de son correspondant.

Un jour, il advint que la nounou épileptique décida de faire une démonstration de son désordre.
Elle se répandit sur le tapis en grinçant et en vibrant.
quintescent reconnut bientôt les signes du haut mal qu'on lui avait décrits.
Puisqu'il en avait reçu la consigne, et après avoir soigneusement vérifié qu'il n'était tenu à aucune obligation plus impérieuse, notamment en matière de biberon ou de mots croisés, il résolut de convoquer des secours.
Il consulta l'annuaire des PTT, qui était posé à côté du téléphone, dans les pages jaunes, repéra le numéro du service d'urgence (à cette époque, on ne pratiquait quère le numéro unique court), et le composa, en tournant le poignet avec autorité.
Il exposa aussi précisément que possible la situation à l'opératrice qui lui répondit.
Il lui fallut argumenter un certain temps, car la personne était fort souçonneuse, et convaincue du caractère quasi-sacré de son devoir d'éconduire les plaisantins qui assaillent les services d'urgence, comme chacun le sait.
Pour asseoir sa crédibilité, quintescent dut réciter sans erreur et à l'envers les sept-cent premières décimales de Pi, et ainsi démontrer qu'il avait atteint le minimum de maturité requis pour s'adresser à une opératrice de téléphone.
Il s'acquitta de ce devoir avec désinvolture, mais cela lui prit un certain temps, car l'opératrice vérifiait chaque chiffre avec un soin maniaque.
Ayant enfin démontré sa bonne foi, il indiqua enfin ses coordonnées, et décrit avec précision la situation médicale de l'infortunée nounou, qui croupissait dans ses liquides depuis environ cinquante minutes.
En attendant les secours, il prodigua les premiers soins en desserrant les mâchoires crispées de la nounou avec un tisonnier, pour éviter qu'elle ne se morde la langue.

A leur arrivée, les secours congratulèrent quintescent pour sa présence d'esprit et son sens du devoir.
On fit même venir des journalistes, qui le prirent en photo.
Sa modestie en fut légèrement froissée.
Pour lui, tout cela était tellement naturel.

samedi 21 juin 2008

fête de la musique

lundi 16 juin 2008

Quand la Mer Baltique était un lac d'eau douce.

Pour continuer dans l'esprit de la note précédente, cette note-ci est à propos du lac Ancylus.

Ces notes sont destinées à ceux qui se laissent raconter que la normalité, c'est la stabilité (du climat, des lignes de rivage, etc).

Le lac Ancylus n'existe pas, puisque c'est la mer Baltique, à cet endroit-là.

Mais il y a 8 000 ans (à l'âge du bronze, en Europe, pour vous situer), il y avait le lac Ancylus, donc.

Forcément, le nom d'Ancylus est un nom moderne, on ne sait pas comment prononçaient les types de l'époque.

Enfin, ils s'en foutaient, pour eux, c'était de l'eau douce, et comme ils aimaient la douceur...

Et puis paf, un jour, la mer est entrée, et c'est devenu la Baltique.

L'addition d'eau de mer a été salée.

dimanche 8 juin 2008

Paradis artificiel

Note pour plus tard:

Pour un journaliste (pour tout journaliste qu'il m'est donné de voir), un lac créé par un tremblement de terre est un lac "artificiel".

(Ceci s'applique, je le suppose, uniquement aux lacs créés par les tremblements de terre artificiels. Pour les tremblements de terres naturels, ils cherchent encore).

Allez, pour la route, je vous offre une estimation de l'emplacement du lac Agassiz, en Amérique du Nord.

Le lac Agassiz était un lac, qui existait il y a encore 8000 ans (même pas deux fois l'âge des pyramides de Gizeh) par la fonte des glaciers de la dernière grande glaciation.

Ce lac, qui recouvrait la surface de plusieurs états américains et canadiens s'est vidé en une seule nuit dans l'Atlantique.

(en réalité, ça a forcément pris un peu plus d'une nuit, mais bon).

Les types qui vivaient sur place (des amérindiens de la civilisation de Clovis, à priori), ont dû trouver ça remarquablement spectaculaire, comme printemps.

Enfin, je suppose.

samedi 7 juin 2008

La théorie du méchant

Pour l'intérêt d'une histoire, le gentil n'a aucune utilité. Une bonne histoire se caractérise par la qualité de son méchant.

La star du Seigneur des Anneaux, c'est... le Seigneur des Anneaux, celui qu'on ne voit jamais et qui imprègne toute l'histoire.

Les gentils, hobbits, elfes, nains ou humains ne sont que des faire-valoir, interchangeables et transparents.

Qu'on retire Milady et le cardinal aux quatre mousquetaires, et il en reste quoi ? De gardes suisses décoratifs.

Poussons plus loin: que seraient les Ecritures, par exemple, sans Lucifer et quelques méchants annexes, comme Haman, Goliath ou Holopherne ?

"Fiat Lux, Dieu vous aime, tout le monde est gentil, fin du monde, au revoir".

C'est le méchant qui donne son sens au monde.

Il existe, certes, quelques histoires ingénieuses dans le scénario desquelles un auteur astucieux a fait disparaître tout méchant.

Ce sont des histoires où il n'y a que des gentils.

L'astuce, c'est que ce sont les gentils eux-mêmes qui sont les méchants, à cause de leur naïveté, de leur bonne volonté désastreuse, de leur ignorance et de leurs préjugés.

L'enfer n'est-il pas pavé de bonnes intentions ?

L'exemple d'un tel scénario se trouve dans le film "Babel", de Alejandro González Inárritu.

Cultivez vos méchants.

lundi 17 mars 2008

La capitale

Après quelques mois de cette vie errante, amusante, mais pas très productive, certains dans notre cortège finirent par se rappeler qu'après tout, ils étaient juifs, et exprimèrent le souhait de se rendre à Jérusalem pour faire un sacrifice au temple.

Peu d'entre nous avaient déjà fait ce pélerinage (peu d'entre nous s'étaient déjà rendus à Jérusalem) et l'idée ne rencontra pas beaucoup de réticence.

Je soupçonne que pour quintescent, ce déplacement représentait une opportunité intéressante de tester sa nouvelle popularité auprès d'un nouveau public.

En tous cas, nous nous mîmes en route avec un bel enthousiasme.

Notre troupe hétéroclite (qui comprenait désormais un certain nombre d'infirmes, et des femmes accompagnées d'enfants) n'avançait pas vite, et dans beaucoup d'endroits où nous passions, les habitants séduits par le charisme de quintescent cherchaient à nous retenir quelques jours.

Quelques jours seulement, car notre troupe grandissante consommait pas mal de nourriture sur son passage.

Et ainsi, c'est seulement au début des festivités de Soukot que nous arrivâmes à Jérusalem.

Selon l'usage - et la mitsva - les pélerins rassemblaient des rameaux des quatre espèces dont ils allaient se servir pour parer les cabanes rituelles.

En entrant dans la ville, avec à notre tête quintescent sur son âne, nous nous retrouvâmes mêlés à un cortège de ces pélerins équipés de ces rameaux.

Nous nous amusâmes, par dérision, à remercier les pélerins de cette haie d'honneur improvisée, que vraiment nous ne méritions pas.

Certains nous regardaient comme des fous, d'autres nous jetaient un regard indigné et détournaient la tête.

Malgré tout notre esprit irrévérentieux, nous fûmes tout de même impressionnés par le temple.

Des flots continus de pélerins, venus de tout Israël se rassemblaient et convergeaient vers le fabuleux temple d'Hérode, le temple reconstruit par le grand-père de notre actuel Hérode Antipas.

Il faut dire qu'Hérode le grand, c'était autre chose, comme roi. Sûrement le meilleur roi qu'Israël avait connu depuis le roi Salomon lui-même, et même s'il avait été installé sur son trône par les romains, il était tout de même celui qui avait rendu sa fierté au peuple juif. Et surtout rebâti le temple.

Et même si certains lui reprochaient - calomnieusement, selon moi - de menus forfait, comme l'ordre de massacrer des nouveaux-nés en Gallilée, il restait pour moi le plus grand roi des temps modernes.

Et grâce à la reconstruction du temple, et peut-être en réaction contre l'occupation romaine ou la libéralisation grecque des moeurs, tout Israël s'était pris d'une ferveur religieuse sans précédent.

Quand venait la période des sacrifices, il y avait des dizaines de milliers de pélerins sur le mont du temple, et encore plus d'animaux.

Les rigoles aménagées dans le long des murs du temple se remplissaient du flot continu du sang des bêtes abattues, dont l'odeur âcre n'était pas couverte par les monceaux de résines aromatiques brûlées chaque jour.

Et il y avait des mouches, par millions.

Beaucoup de pélerins venaient pour le sacrifice avec leurs propres bêtes, mais certains, soit qu'ils étaient très fortunés, soit qu'ils avaient perdu leur bêtes en route, soit qu'ils étaient, comme nous, plutôt imprévoyants, devaient acheter leur bête sur place.

En réalité, tout s'achetait à prix d'or à Jérusalem, les bêtes pour le sacrifice, mais aussi tous les accessoires rituels, et même l'eau pour boire, les institutions civiles et religieuses prélevant une généreuse commission sur toutes les transactions.

Compte tenu du nombre de notre troupe, il était impensable que nos pauvres ressources suffisent à nous offrir ces accessoires indispensables.

quintescent s'impliquait beaucoup dans les négociations, mais même tout son talent n'y suffisait pas, et beaucoup ne comprenaient pas l'araméen à Jérusalem.

Finalement, nous décidâmes un jour de susciter une bagarre générale et de nous emparer de ce dont nous avions besoin en profitant de la confusion.

quintescent renversa les tables des courtiers et des percepteurs du temple en vociférant des imprécations au nom du fils de l'homme, et la partie basse du temple, dédiée aux profanes, se transforma bientôt en un tumulte indescriptible, dont les quelques gardes romains de faction évitèrent soigneusement de se mêler.

(à suivre...)

mercredi 12 mars 2008

A la plage...

Alors que notre petite troupe bizarre, composée d'adolescents attardés et de naïfs plus ou moins illuminés, parcourait les routes autour du lac de Tibériade, nous fûmes rejoints par Barthélémy.

quintescent le remarqua bientôt, parce qu'il affectait de ne pas se laisser impressionner par son aura de prophète, et tournait un peu en dérision ceux qui attendaient de lui des miracles.

Il prétendait qu'au fond, les miracles, il se les fabricait lui-même.

Et c'était vrai, d'une certaine manière, car il était versé dans l'art égyptien de l'illusionisme.

Il savait, en quelques passement de mains, faire disparaittre des pièces, et surtout, il pouvait, au milieu d'une foule, vous dépouiller de votre bourse la mieux dissimulée sans que vous ayez l'ombre d'un soupçon ou d'une sensation.

quintescent se montra très troublé et fasciné par ce talent magnifique, et Barthélémy fut rapidement admis parmi ses très proches dans la troupe.

Il va sans dire que cela n'alla pas sans quelques manifestation de dépit parmi ses amis proches qui l'accompagnaient depuis le début, et qui se sentaient dépossédés d'une partie de leurs privilèges et de la considération à laquelle ils estimaient pouvoir prétendre.

quintescent était assez indifférent à ces manifestations de jalousie et s'abandonnait sans grande retenue à sa nouvelle passion pour l'illusion.

Plusieurs s'en vèxèrent, et quittèrent notre troupe, et certains, comme Saül de Tarse (on disait parfois Paul) se comptèrent à partir de ce moment au nombre de nos pires ennemis.

C'était la manière de quintescent, de susciter sans s'en soucier les affections et les passions les plus violentes, et de blesser souvent les gens en y répondant par une distante indifférence.

Mais il était en même temps si facile de l'aimer...

quintescent se montra rapidement très habile pour les illusions, et au bout de peu de temps il se montra fréquemment plus habile que son maître dans ce domaine.

Contrairement à Barthélémy, qui applicait son talent à des tours de foire, quintescent imaginait des illusions grandioses.

Il faisait disparaître des personnes, des ânes, des maisons entières.

Avec l'habitude, nos veillées finissaient par ressembler à des représentations de cirque.

Chaque soir, nous rendions la vue à des aveugles, nous faisions repousser des membres à des infirmes - Ca nous demandait une bonne heure de préparation de transformer un membre sain en faux moignon tout à fait répugnant.

Au lac de Tibériade, une fois, quintescent réalisa un de ses tours les plus spectaculaires: Devant une foule stupéfaite, on le vit marcher sur l'eau sur une dizaine de toises.

En réalité, ce tour fut si réussi, il y eut tellement d'évanouissements dans la foule que nous lui conseillâmes de ne pas renouveler l'expérience.

(à suivre...)

lundi 10 mars 2008

Technologie électorale

Les lecteurs de DVD deviennent parfois des modem.

Les P.S. aussi.

jeudi 6 mars 2008

L'élu

Moi, j'ai fait la connaissance de quintescent en Galilée, sous le règne d'Hérode Antipas.

A cette époque-là, nous étions une bande de jeunes.

Pas si jeunes que ça, en vérité: nous allions tous plus ou moins sur nos trente ans, et notre comportement d'adolescents attardés nous attirait la réprobation de toute la bourgeoisie bien-pensante de Nazareth.

On s'en fichait pas mal, nous avions une éducation "à la grecque" de jeunes juifs raffinés de notre époque, nous méprisions pas mal des interdits contraignants de notre religion, nous buvions souvent du vin jusqu'à l'ennivrement, et nous mangions même parfois du porc ou des crustacés.

quintescent était de loin le plus acharné d'entre nous.

Artisan de son métier, il était aussi rabbi, davantage à cause de l'insistance de ses parents très pieux que par conviction.

Il raillait volontiers sa propre dignité religieuse particulière en parlant de lui même à la troisième personne, et en se désignant par "le fils de l'homme".

L'homme en question, le vieux Yosef, un charpentier honorablement connu à Nazareth, rouspétait souvent pour la forme à toutes ses incartades, mais faisait toujours preuve d'une coupable indulgence à l'égard de son fils bien aimé.

Nous vivions, il faut le dire, une époque bizarre, où la société se distendait entre jeunes gens libéraux, comme nous, qui prenions nos distances avec la religion, et les bandes et sectes intégristes, ésséniens ou pharisiens, qui couraient le pays en prêchant la fin du monde.

Nous nous moquions en toute occasion de toute cette bigotterie, et bien sûr, c'était toujours quintescent qui se distingait dans ce domaine.

Il transformait invariablement les séances d'étude de la Torah en rigolade, avec ses interprétations loufoques de la volonté divine.

Comme le temps passé, nous nous sentions de plus en plus étouffés dans les murs étriqués de Nazareth, et nous finissions par rêver tout haut de courir le monde en quête d'aventures, pour brûler ce qui nous restait de jeunesse par les deux bouts.

Et un jour, après avoir été jetés dehors d'une enième fête de village, nous partîmes vraiment.

Toute une bande, à l'aventure.

A force de croiser sur notre chemin des bandes de prêcheurs à demi fous, l'idée vint un jour à quintescent, en plaisantant à demi, que nous pourrions créer notre propre secte, ce qui déclencha l'hilarité générale.

C'était tout près de la ville nouvelle de Tibériade, construite en l'honneur de l'empereur de Rome, et dont la réputation moderne nous attirait comme un aimant (réputation très surfaite, nous le découvrîmes rapidement, mais c'est une autre histoire)

quintescent nous fit rire toute la soirée de son imitation de prophète, en reprenant des bribes de phrases captées par-ci par-là, récitant juste à propos, comme il savait si bien le faire, des fragments de la Torah.

Il avait vraiment du talent pour ça, et nous complétions la scène en jouant les disciples dévoués et le militants enflammés.

Les habitants du coin nous observaient avec intérêt et un air réjoui, et forts de ce public, nous étions encouragés à poursuivre notre interprétation.

Au petit matin, nous fûmes tout de même assez stupéfait de voir qu'un certain nombre de ces spectateurs étaient restés toute la nuit auprès de notre campement, attendant, semblait-il que quintescent recommence son prêche.

Nous nous regardâmes avec inquiétude, un peu dépassés par ce développement inattendu de notre délire de la veille.

D'autant plus que certains, s'enhardissant, finirent par nous demander des nouvelles du "maître", et nous apportant à sassiété eau et nourriture - mais pas de vin, les imbéciles !

Finalement, il fut décidé de continuer le jeu, pour voir où ça nous mènerait.

La situation nous paraissait plutôt agréable, nous étions nourris et traités avec davantage de bienveillance que nous n'en avions l'habitude, il nous suffisait pour cela d'imaginer une origine attrayante et spectaculaire à notre bande et particulièrement à quintescent.

Il s'inventa des ancêtres parmi les anciens de la tribu de Yehoudah, et un prénom de scène de Yeochouah, et même une ascendance jusqu'au roi David (mais à cette époque, tout le monde prétendait descendre du roi David.

Et bien sûr, il se désignait toujours comme "le fils de l'homme", ce qui déroutait toujours ses auditeurs, et contribuait à les subjuguer.

Et finalement, au bout de quelque temps, quand nous décidâmes de changer d'endroit, ils furent quelques-uns à nous suivre.

(à suivre...)

vendredi 29 février 2008

Et les autres

Il existe deux catégories de français:

Les anciens, qui prennent des tartines et du café au petit déjeuner, et les nouveaux qui ne déjeunent qu'avec des céréales.

Deux sortes de français, vivant dans le même espace, mais totalement inconciliables, qui se croisent, mais préfèrent s'ignorer, chacuns avec leurs propres problèmes, leurs propres aspirations, leurs propres héros, leurs propres drames.

Et puis, il y a les autres, ceux qui déjeunent de boudin à l'oignon.

Et pour ceux-là, il faut faire silence.

dimanche 16 décembre 2007

Journalisme des cavernes

Toujours plus fabuleux.

Entendu ce soir au 19/20 de France 3:

Les peintures de la grotte de Lascaux auraient tendance à se couvrir de tâches brunes.

Et selon Elise Lucet, le responsables pourrait être... tadaaa!... le réchauffement climatique !

En fait dans le sujet, on explique que les fresques ont été réalisées il y a 19000 ans (c'est à dire en pleine ère glaciaire, hein) et que le problème est dû à l'insuffisance de soin de la part des autorités qui ont la responsabilité du site depuis quarante ans.

En fait, il s'agit d'un problème d'humidité et de contamination humaine.

Mais si on peut en profiter pour ajouter un petit coup de pied dans les tibias du vilain réchauffement, qui va s'en plaindre ?

On vous informe, madame !

samedi 8 décembre 2007

Le guérisseur (deuxième partie)

Les europains révéraient Nicolas de Sarcotie pas seulement à cause de sa merveilleuse habileté politique, de ses triomphes militaires ou de son légendaire doigté dans les négociations sociales, mais aussi parce qu'ils étaient pour la plupart étaient persuadés qu'il était investi de pouvoirs mystiques et médicinaux.

Cela lui avait d'ailleurs valu son autre surnom de Nicolas-le-Comprimé.

On dit qu'il pouvait, par simple imposition des nains, guérir l'herpès génital et les gingivites (dans cet ordre).

Les historiens débattent encore de nos jours à propos du taux d'imposition pratiqué à l'époque.

Mais son pouvoir de guérison le plus spectaculaire, il l'exerçait auprès de ses pairs, princes-démocrates comme lui, dont il pouvait à volonté dissoudre les péchés.

On lui doit notamment l'entrée en sainteté du très pieux Monhomard de Queldéfi, qui fut guéri en un tournemain et put ainsi revoyer sur le champ l'ensemble des infirmières qui s'étaient dévouées auprès de lui pendant de longues années sur son lit de douleurs.

Ou encore la rédemption de Envladumir de Putin, prince-démocrate valeureux et bienveillant, mais que tout le monde savait porté sur le chouchenn, dont il cachait toujours sous son lit quelques cadavres, et qui devint sobre du jour au lendemain, juste après avoir reçu un hydromail de Nicolas de Sarcotie.

Les historiens ont longtemps pensé que pour exercer son art, Nicolas de Sarcotie avait recours à une tierce personne, qui devait exercer son amour physique pendant que lui-même dispensait avec bienveillance son amour spirituel.

On a ainsi souvent souligné le rôle de Cécilia de Sarcotie dans la rédemption spectaculaire de Monhomard de Queldéfi.

Mais dans le cas d'Hugot de Chavaise ou des princes-démocrates du China, chacun s'accorde à penser que Nicolas de Sarcotie avait obtenu leur salut en dispensant tout l'amour par lui même, à la seule force de ses poignets (il avait de robustes poignets d'amour, soigneusement entretenu par un jogging quotidien parmi les journalistes).

jeudi 29 novembre 2007

Melting pot

Vous connaissez sans doute l'argument le plus spectaculaire contre le réchauffement climatique: La disparition inexorable et foudroyante des neiges du Kilimandjaro (qui ne pourront bientôt plus guère vous faire un blanc manteau).

A la télé et dans les journaux, on nous explique que la communauté scientifique unanyme s'est fait une certitude à ce sujet, et qu'il n'y a aucun doute sur rien, et qu'il n'y a plus que quelques politiques corrompus pour trouver à y redire.

Dans le numéro de décembre de la revue Pour la Science, il est fait mention de scientifiques suisses qui ont fait des observations et en ont tiré des conclusions différentes.

A voir dans l'article d ans l'article Les glaces du Kilimandjaro: Pourquoi elles ont régressé.

Je me demande si Evelyne Dheliat va en parler à la météo.

Et si Nicolas Hulot le rapportera fidèlement dans l'émission qui retrace ses aventures.

samedi 17 novembre 2007

Souriez, vous ovulez

Les pourboires des danseuses de bar varient du simple au double selon la période de leur cycle.

En tous cas, c'est ce que les scientifiques disent ici:

Danseuse de bar, un emploi fluctuant

Vous savez ce qu'il vous reste à faire...

Enfoncer le clou de la désinformation

La semaine dernière, un grand cyclone est passé sur le Bangladesh.

Comme tous les ans.

C'est la saison des cyclones (ou typhons).

Il en existe de plusieurs forces, alors on les classe par catégories.

Le cyclone Sdir de la semaine dernière était un costaud, de catégorie 4 (pour mémoire, Katrina, en Louisianne, était de catégorie 5).

Manque de bol, Sdir a traversé une région très peuplée, à quelques mètres seulement au dessus du niveau de la mer.

Et il a traversé la capitale , Dhaka.

Il a quand même tué 1100 personnes, et provoqué le déplacement de plusieurs centaines de milliers de personnes.

Ce soir, au journal de France 3, le commentateur annonce sans sourciller "De la théorie à la réalité, voici les premiers réfugiés climatiques".

Ben voyons.

Sauf qu'un événement qui se produit plusieurs fois par ans tous les ans depuis des centaines d'années, ce n'est pas un changement climatique.

Et que l'ouragan qui avait frappé le Bangladesh en 1970 avait fait 500 000 victimes.

Mais voilà, en 1970, ni Katrina, ni le Tsunami, ni Nicolas Hulot n'étaient encore passés par là.

Et quand on roulait à vélo, c'était à cause des grèves, pas à cause du CO2.

Source: http://news.bbc.co.uk/2/hi/south_asia/7097678.stm

Malheureux réfugiés climatiques dans la détresse.

samedi 10 novembre 2007

Le sexe des anges

Ouais, mon ordinateur est en panne depuis une semaine.
Mais ce n'est pas le meilleur.
Il fait sa capricieuse.
Il se remet à marcher à la seconde précise où je fais un dernier essai avant de l'emmener chez le véto.
Maintenant, je ne sais pas ce qui va se passer si j'essaie de l'éteindre à nouveau.
Logiquement, il devrait retomber en panne quand tout sera fermé.
Faut se rendre à l'évidence, un ordinateur, c'est féminin.

vendredi 2 novembre 2007

Zombie TV

C'est terrible !

Je viens de voir Dorothée dans une bande-annonce de France 2.

Elle ressemble à Mireille.

Du Petit Conservatoire de Mireille.

Ô temps injuste !

jeudi 1 novembre 2007

Toussaint

C'est pas de moi, c'est un vieux mail retrouvé dans mes archives d'il y a deux ou trois ans:

Ci dessous est la version d'une soi-disant question de chimie donnée à l'université de Montpellier.
La réponse d'un étudiant a été si profonde que le professeur l'a partagé avec ses collègues, via Internet, et c'est pourquoi nous avons le plaisir de la lire.

Question bonus: L'enfer est il exothermique (évacue de la chaleur) ou endothermique (absorbe de la chaleur) ? La plupart des étudiants ont exprimé leur croyance en utilisant la loi de Boyle (si un gaz se dilate il se refroidit et inversement) ou ses variantes.

Cependant un étudiant eut la réponse suivante:

Premièrement, nous avons besoin de connaître comment varie la masse de l'enfer avec le temps.

Nous avons donc besoin de connaître à quel taux les âmes entrent et sortent de l'enfer.

Je pense que nous pouvons sans risque assumer qu'une fois entrée en enfer, l'âme n'y ressortira plus.

Du coup, aucune âme ne sort.

De même pour le calcul du nombre d'entrée des âmes en enfer, nous devons regarder le fonctionnement des différentes religions qui existent de par le monde aujourd'hui.

La plupart de ces religions affirment que si vous n'êtes pas un membre de leur religion alors vous irez en enfer.

Comme il existe plus d'une religion exprimant cette règle et comme les gens n'appartiennent pas a plus d'une religion, nous pouvons projeter que toutes les âmes vont en enfer.

Maintenant regardons la vitesse de changement de volume de l'enfer parce que la loi de Boyle spécifie que pour que la pression et la température reste identique en enfer, le volume de l'enfer doit se dilater proportionnellement à l'entrée des âmes.

Cela donne deux possibilités :

  1. Si l'enfer se dilate à une vitesse moindre que l'entrée des âmes en enfer, alors la température et la pression en enfer augmenteront indéfiniment jusqu'à ce que l'enfer éclate.
  2. Si l'enfer se dilate à une vitesse supérieure à la vitesse d'entrée des âmes en enfer, alors la température diminuera jusqu'à ce que l'enfer gèle.

Laquelle choisir ?

Si nous acceptons le postulat que Teresa m'a répondu durant ma première année d'étudiant qu' "Il fera froid en enfer avant que je couche avec toi" et en tenant compte du fait que j'ai couché avec elle la nuit dernière alors l'hypothèse doit être vraie, et alors je suis sûr que l'enfer est exothermique et a déjà gelé.

Le corollaire de cette théorie c'est que comme l'enfer a déjà gelé, il s'en suit qu'il n'accepte plus aucune âme et du coup qu'il n'existe plus... Laissant ainsi seul le paradis, ainsi prouvant l'existence d'un être divin, ce qui explique pourquoi, la nuit dernière, Teresa n'arrêtait pas de crier "Oh mon dieu ! ".

C'EST LE SEUL ETUDIANT À AVOIR RECU LA NOTE 20


mercredi 31 octobre 2007

Le grand soir

Tiens, au fait, ça fait trèèès très longtemps que je n'ai pas posé de question sur mon blog, mais pour vous, ce serait quoi exactement "le grand jeu" ?

La parade nuptiale, si on préfère, les effets spéciaux qu'il faudrait employer pour enflammer vos sens et votre imagination ?

vendredi 26 octobre 2007

Les grenouilles qui voulaient se faire aussi classe que des boeufs

Dans l'environnement, y avait des grenouilles.
Et pour les désigner, on disait, forcément,
Que c'étaient les "grenouilles de l'environnement".
Mais pour d'autres en revanche, c'étaient des tasse-nouilles.

Ces braves batraciens, chamaillaient leur avis,
Mais se faisaient toujours battre à l'élection.
Leur glauque marigot de prédilection,
Frémissait des débats qui justifiaient leur vie.

Avisant des gros boeufs qui rentraient à l'étable,
Les amphibiens songeaient qu'ils en étaient capables,
Et qu'eux aussi pourraient se gonfler d'autant d'air.

Alors Saint Nicolas, qui appréciait la Suisse,
Et dont l'épouse aimée s'était enfuie en cuisse,
Un jour les couronna tous rois du frigidaire.

Jean de l'Eau-en-Bouteille

jeudi 25 octobre 2007

Vert moisi

Tout le monde râle à cause du passage à l'heure d'hiver (mesure décidée il ya des années pour économiser l'énergie).

Parce que ça fatigue tout ça tout ça.

Et qu'ils nous font chier, ces cons.

Mais éteignez la tour Eiffel cinq minutes, et vous verrez la France ruminante éperdue d'admiration pour elle-même d'avoir sauvé la planète.

samedi 20 octobre 2007

Modernisation de la politique

Il parait que Nicolas Sarkosy est un président moderne parce qu'il a accepté de rendre son divorce public.

Et que, après tout, ce n'est qu'un homme.

Moi, je dis qu'il aurait été vraiment moderne s'il avait réclamé la garde des enfants.

Un président qui pouponne, ça, ça aurait de la gueule.

jeudi 18 octobre 2007

épouses de maison désespérées

Les jours de grève ou de maladie, quand on regarde la télé l'après-midi, ça permet de se rendre compte que c'est vraiment dur, la vie de femme au foyer.


Courtesy of New York Apple Association
© New York Apple Association

vendredi 12 octobre 2007

La paix, on peut en rire

L'hallu totale !

Maintenant, un film sur les ours blancs, ça vaut un prix Nobel !

Comme Nelson Mandela, Desmond Tutu, le Dalaï Lama, Médecins sans frontière, Aung San Suu Kyi, Rigoberta Manchu, Sadate et Begin, pareil.

L'année prochaine, je vois bien Bertrand Delanoë, inventeur mondial du vélo, ou José Bové, pourfendeur d'OGM.

Putain, je cours m'acheter une caméra, moi.

jeudi 11 octobre 2007

Tu rêves, Herbert ?

La nuit tombait sur le petit prince et le renard, et ils se mirent en devoir de chercher un hôtel afin de s'y faire dorloter et d'y prendre un peu de repos.

Mais, soit qu'il y avait en ville une affluence exceptionnelle, soit que les hôteliers se souciaient peu d'acquérir la clientèle des deux personnages à l'aspect déroutant, ils ne purent malgré tous leurs efforts trouver un hébergement à la hauteur de leurs attentes.

Ils résolurent de dormir sous la tente. Par bonheur, le temps se prêtait au camping, et ils avisèrent la forge d'un chantier de la direction départementale de l'équipement, abandonné par ses ouvriers à cette heure tardive, à l'exception d'un cantonnier, écroulé là sur le côté, qui semblait une promotion vivante des slogans prônant la santé et la sobriété.

Comme ils approchaient, le cantonnier émergea superficiellement de son coma, et sans marquer de surprise particulière de les voir surgir inopinément, se mit à rugir un chant patriote.

Puis, il leur sourit, de toute la chaleur de son herpès labial, et les invita à le rejoindre auprès de sa bouteille, qui semblait être son bien le plus précieux.

Le petit prince et le renard se montrèrent peu soucieux de partager un goulot qu'il devait, à coup sûr, mériter bien plus qu'eux.

Mais la boisson a un pouvoir diurétique, comme chacun sait, et le digne cantonnier était affligé d'un besoin d'uriner pressant, à la limite de l'incontinence.

Après s'être excusé auprès de ses nouveaux compagnons, il exposa sans façon et sans fausse pudeur ses zones érogènes et se mit en devoir de creuser des motifs dans la terre meuble du chantier avec son jet puissant.

Par endroit, le flot puissant creusait une cupule, puis, à force d'art et de patience, la cupule devenait une vaste cavité, large comme un creuset.

La vue de tant de talent réjouit le silène et la hyène, qui voyaient dans le bonhomme comme un répons à leur silénitude et à leur hyénitude respectifs.

Il proposèrent aussitôt au cantonnier de se joindre à leur quête.

Il leur fallait décidément lui trouver un sobriquet.

Ils manquaient un peu d'idées, mais par bonheur le cantonnier ne se séparait jamais d'un énorme incunable et de son antique ordinateur sous Windows Vista.

"Va sur Gogol, suggéra le silène. Ils ont une fonction de pronostic de poésie maritime très performante."

Mais même ainsi, il ne trouvèrent aucun surnom qui leur convenait.

De dépit, le cantonnier donna un magistral coup de pied à un réverbère parfaitement innocent et pas du tout impliqué, ce qui fit sourire le petit prince et le renard.

Et ainsi, la petite troupe de compagnons se trouva bientôt agrandie d'un nouvel "allumeur de réverbères".

Et il s'en furent dans la nuit, l'un pétant, l'autre refoulant du goulot, le troisième pissant à tous les vents.

mercredi 10 octobre 2007

Les volcans

"Le revers de la médaille, dit le petit prince, c'est qu'il faut que je prenne bien garde à ne pas péter avec trop d'énergie. Sans cela, je risque de refaire, façon maître-chocolatier, la teinture de mon T-shirt à l'effigie de Che Guevarra, que je porte sans discontinuer et sans le laver depuis l'annonce de l'exécution de celui-ci.
- Heu... Tu me rappelleras de te faire la bise par visioconférence, répondit le renard, vaguement dégoûté. Je suis certes un admirateur inconditionnel du mythe, mais en matière de papier-toilette, je te trouve parfois un goût de chiottes.
- Il n'y a pas nécessairement contradiction, dit le petit prince. Je vais souvent, manifestant mon soutien au révolutionnaire argentin, mais en matière de gourmandise, j'offre souvent à l'environnement, avec la plus grande libéralité, une pluie diluvienne. Cela tient à mon régime ambitieux à base de légumineuses et de blancs de chapon, qui me permet de garder cette ligne de mannequin inoxydable. C'est un truc que j'ai appris lorque j'étais traducteur d'un livre de l'ambassadeur pendant les négociations de paix entre les républiques flammande et wallonne. Le partage des friteries fut l'objet de négociations longues et difficiles, et ma bonne connaissance du haricot nous fut précieuse. Il faudra que j'écrive un article à ce sujet, pour ma bio personnelle.
- Je crois que j'attendrai la parution de tes oeuvres choisies à la pléiade avant d'acheter le bouquin, dit le renard, sceptique. J'ai peur que ça ne soit un peu ambitieux pour moi. Je ne suis qu'une pauvre hyène, c'est à dire que je suis beaucoup moins élevé que toi dans l'échelle de l'évolution".

Les deux marcheurs firent une pause, et le silène en profita pour allumer un cigarillo.

"Parfois, dit le petit prince, j'allume un de mes pets avec mon briquet. J'appelle ça mes petits volcans. Ca dégage une chaleur incroyable. On peut dire, en quelque sorte, que ma petite planète fonctionne entièrement avec mes petits volcans. Certains sont éteint, et d'autres sont allumés et ça chauffe, on pourrait y faire la cuisine".

vendredi 5 octobre 2007

Quand ça sent la rose

Pendant que le silène s'abandonnait contre son gré aux gazouillis de son appareil digestif, une hyène tachetée venue de la frontière, dernière de son genre (Crocuta crocuta), s'approcha, par l'odeur alléchée et lui tint à peu près ce langage:

"Hé, bonjour, monsieur au corps beau.", ce qui était évidemment une vile flatterie. "Un digne personnage qui exhale l'odeur du fromage et du cadavre sans en souffrir le caractère salissant et funèbre, voilà assurément une bien urbaine compagnie! Puis-je me permettre de demander l'identité de cet aimable autochtone, dont je ne puis, par le fait, consulter l'épitaphe ?

- Silène. Je m'appelle Silène. Je suis un satyre comme les autres, répondit le silène, toujours plié en deux, dans effort vague aussi bien que vain pour contenir les hurlements du fruit de ses entrailles.

- Je suis une hyène, quant à moi, répondit l'animal à dure dentition, mais nulle autorité ne m'a encore attribué de nom. A cet égard, permettez-moi de vous soumettre une requête: Si votre seigneurie avait l'aimable bienveillance de m'en choisir un, j'en ferais mon prince, et je lui vouerais une profonde et définitive reconnaissance.

- Eh bien, répliqua le silène hors d'haleine, je n'ai nulle haine contre la gent Hyène, et je n'éprouve nulle réticence à assurer le rôle de parrain que vous me proposez. Et puisque vous m'en donnez l'autorisation, je vous baptise "le renard". En retour je te saurais le plus grand gré de bien vouloir me dessiner un mouton, s'il vous plaît.

- Heu, on se vouvoie, toi et moi ? répondit l'hyène, en se raclant la gorge, un peu déconcertée. Heu, pour le crobard, c'est que je n'ai ni stylo, ni pinceau sur moi.

Le silène la considéra un instant. Elle était effectivement drapée dans une seyante nudité sans poche, à défaut d'être glabre. Parfaitement à poil, en fait.

- Qu'à cela ne tienne, repartit le silène, ce n'est qu'un problème de réglage, je tiens une solution: Ma mère m'a dit d'aller me faire couper les cheveux, ô hyène. Je considérais jusqu'à présent la vacuité ce geste comme une forme de débauchage. Si j'ai les cheveux longs, ce n'est pas parce que je trouve ça beau, mais parce que ça me plait. Et j'invitais ma chère génitrice à aller au coiffeur si le coeur lui en disait. Mais si nous y trouvons un intérêt utilitaire, il en va tout autrement. Nous en profiterons pour faire un pinceau de poils de silène. Allons-y sans retard.

- Allons-y donc, mon prince"

Et ainsi, l'un pétant, l'autre ricanant, se mirent en quête d'un barbier.

"A propos, dit le renard au petit prince, vous ai-je déjà parlé de mes roses ?"

mercredi 3 octobre 2007

La soupière

Selon sa comptabilité pifométrique des graines légumineuses ingérées, l'intestinale intempérance de notre infortuné silène devait durer un temps... indéterminé.

Aussi s'efforçait-il oublier l'inconfortable flatulence qui avilissait et ravalait son malheureux producteur jusqu'au rang sordide d'informe ordure.

L'entité silénique réfléchissait à la cure qu'elle pourrait se prescrire, car elle sentait qu'elle avait besoin d'une ordonnance, et d'une sévère.

Il n'était pas question pour le malheureux velu d'enfourcher un Vélib', car outre le fait qu'il ne se sentait plus vraiment le séans disponible pour la noble machine, il ne voyait plus trop l'intérêt de s'acharner contre l'effet de serre dans une ambiance aussi délétère.

Autant s'accroupir sur la carpette et s'imerger le fondement dans une soupière dans l'intention d'en dissoudre les gaz, afin de préparer des Onguents pour une séquence de soins du visage.

mardi 2 octobre 2007

Les pets du silène

Conte automatique

Un jour d' épiphanie catastrophique, un silène faisait les cent pas et s'efforçait de se montrer impavide malgré son impatience, mais cachait mal son agacement de voir son autorité bafouée.

Car par indiscipline, des haricots effrontés - qui n'étaient plus à cette turpitude près - brisaient la solennité de l'anniversaire en suscitant des vents tempétueux.

Rien ne sert de courir, il faut partir à point, et justement le silène partait, je vous prie de le croire, à point, à points de suspension et à bien d'autres encore.

Toute l' altérité frémissait à l'audition de cet orage hyperbolique, et le silène, oubliant toute son instruction et le raffinement de son éducation, jurait fort, de toute son impuissance contre les impostures d'un destin qui l'avait nanti d'un intestin importun aussi bien que funeste.

Car, selon un dicton en vigueur parmi la gent sapajou, quand l'intestin grêle, c'est la nature qui tonne, et qui défie le ciel et toute l'impudente impédance de ses arcs lumineux (la formulation sapajoue était probablement légèrement différente, mais l'idée y était).

Sauf que de lumière, justement, dedans le tréfonds intrinsèque de son profond trou noir, il n'y en avait guère. Ou pas de l'authentique. En tous cas pas de celles qui filent au turlupin un bronzage satisfaisant, qui attendra tranquillement sa métamorphose en mélanome, selon la sapience de certaines savantes hypothèses.

Ce trou-là s'exprimait par des oracles obscurs et malgré tout, sonores.

dimanche 23 septembre 2007

Entre les mains des communicants

L'électeur est une personne responsable, qui ne se laisse pas abuser aussi facilement.

Christine Boutin, ministre du logement et de la ville, qui emménage dans des Algeco pour répondre aux tentes de sans-abris des Don Quichotte.

La com démago pitoyable et ridicule des uns pour faire pendant à la com démago et populiste des autres.

Mais ça ne peut pas marcher, n'est-ce pas ?

Sinon, ça voudrait dire que le responsable de tout le mal, c'est l'électeur, et non pas son représentant qui agit en son nom.

Comme dans une démocratie.

vendredi 14 septembre 2007

Monument historique

Le 16 septembre 2003, la première note dans le premier blog !

Des Factures

Après 7 ans de net et de minitel.

mardi 21 août 2007

Un pur

Que ne dirait-on pas, si quintescent partait,
Et prenait des vacances dans un coin d'Amérique,
Dans un château de prince aux loyers homériques,
Muni de cartes bleues aux frais illimités ?

S'il allait faire un siège auprès d'un président
Et mener celui-ci jusqu'à bout de patience,
Pour enfin, à l'usure, obtenir une audience,
Oubliant sa compagne au risque d'incident ?

Que n'écrirait-on pas si pendant un été,
Il brassait l'eau d'un lac en voulant canoter,
Et laissait hébétés les voisins et la faune ?

Eh bien, non ! Il refuse. Sa morale exigeante
Se rit des vanités des classes dirigeantes,
Car sa moralité se mesure à cette aune.

lundi 6 août 2007

Technocalypse

Moi, j'ai rencontré quitescent le jour où 20six s'est effondré.

C'était un petit matin, en été.

Le ciel était assez couvert, mais il ne pleuvait pas.

Cet année-là, le temps n'était vraiment pas formidable.

Enfin, c'est ce que tout le monde répétait dans chaque conversation.

Et encore, ce n'était rien à côté de ceux qui avaient pris quinze jours au Bangladesh, qui avaient le sentiment de s'être fait rouler par l'agence de voyages.

D'une certaine manière, ça nous consolait de ne pas être encore partis en vacances.

Ca sentait les vacances, malgré tout: les trains devenaient presque fréquentables, on était sûr de s'asseoir, il y avait de la place sur les parkings.

Pas assez pour un vrai bonheur, mais assez du moins pour se sentir bien.

Si on avait su...

En été, les trains de banlieue arrivent à l'heure, et j'étais même arrivé avant l'heure au bureau.

Finalement, le sentiment de malaise montait insensiblement, comme l'impression d'oppression quand un orage qui se rapproche.

Comme si tout allait décidément trop bien, et qu'on allait être punis pour ça.

J'avais déjà entendu parler de quintescent, à travers des descriptions pas toujours très cohérentes et vraisemblables.

Mais même en mettant de côté les histoires un peu fantasmées que racontaient les filles, il se dégageait que c'était une sorte de génie tutélaire, un gardien immanent du Net, une sorte de magicien omnipotent auquel rien n'était impossible - pour peu, naturellement, qu'il voulût s'en soucier.

Mais, à ce qu'on disait, il ne se souciait pas de grand chose, ce qui ajoutait à l'immensité de son charme.

Il avait fini par devenir célèbre auprès de tous ceux qui en avaient entendu parler.

Les autres ne souffraient pas, car ils ignoraient leur malheur.

Une sorte de perfection était ainsi réalisée par la seule vertu de son existence.

Au bureau, les nouvelles nous arrivaient de façon assez étouffée, à cause du fait que l'usage d'Internet était restreint, et qu'on n'avait pas toujours accès aux sites de news.

Malgré tout, nous finîmes par apprendre que quelque chose de grave s'était produit sur 20six.

Apparemment, la société communiquait massivement dans tous les médias pour éviter une panique qui se serait révélée catastrophique.

Elle essayait de désespérément rassurer ses utilisateur en consentant des gestes commerciaux formidables, avec des facilités de paiement extraordinaires.

Mais elle ne pouvait totalement dissimuler l'ampleur de la catastrophe.

Elle avait dépêché sur place les meilleurs spécialistes, capables de rembobiner à la main une bande magnétique de 50To en moins de 30 minutes, ce qui peut toujours servir.

Elle avait aussi lancé, avec l'appui du procureur de la république, une alerte disparition, pour retrouver dans les meilleurs délais le webmaster qui avait été enlevé par une compagnie low cost, et qui ne faisait plus de sauvegardes depuis le mois de novembre.

Mais malgré sa bonne volonté très évidente et démonstrative, 20six ne parvenait pas à surmonter le problème, et ça finissait par se voir.

Le soir, en rentrant, je pris conscience de l'ampleur réelle de l'effondrement, et je fus traversé par des sentiments dont je ne me serais pas cru capable.

De rage, je m'imaginais faire la guerre à l'Afghanistan et écrabouiller les terroristes sous les bombes, puis envahir l'Irak et chasser l'immonde Saddam Hussein, et passer ensuite à la Syrie et à l'Iran.

Je me voyais donnant des coups de boule à des italiens tricheurs.

Je pensais à me retrancher dans mon blockhaus avec un fusil de chasse et des couteaux de cuisine pour attendre le GIGN.

Puis, je repensai à quintescent.

Lui, oui, sûrement, il nous tirerait de cette affaire.

Si quelqu'un pouvait, oui, c'était lui.

Mon coeur se regonflait d'espoir.

Nous envoyâmes une délégation au grand homme, afin d'exposer notre problème et notre angoisse.

Il nous écouta avec une attention qui était déjà un réconfort en elle-même.

Il nous expliqua que s'il n'y avait pas de sauvegardes, c'était foutu, on récupérerait peut-être nos notes, mais probablement pas nos commentaires, tout ça, désolé.

Dans sa bouche, tout devenait formidablement simple et limpide.

Nous avions compris que c'était foutu, et que nous allions amèrement regretter de ne pas avoir changé de boutique la dernière fois que 20six s'était moqué de nous.

Nous comprenions en même temps que nous serions considérés comme les seuls coupables, et que ce serait tant pis pour notre gueule.

Nous comprenions, et nous acceptions, parce que quintescent, avec son doux sourire aimant, nous faisait comprendre que c'était inévitable, et nécessaire pour notre salut.

Puis nous le laissâmes, car son devoir l'appelait ailleurs: il ne se souvenait plus de ce qu'il y avait sur son programme télé ce soir-là.

vendredi 3 août 2007

Pis aller

On trouvera dans le dossier suivant quelques archives très grossières créées à partir de fils RSS de Bloglines

C'est pas complet, je suis obligé de les retravailler un par un avec mes gros doigts boudinés.

http://quintescent.free.fr/archives/

Et en plus y a pas les commentaires. Ouais, c'est une spécificité technique lise au point par nos ingénieurs.

L'espoir

Pour ceux que ça intéresse (et qui ont en plus beaucoup de chance), des archives de 20six peuvent être retrouvées ici:

http://web.archive.org/

Il faut entrer l'adresse de son blog, et faire une prière (à qui on peut).

Ca ne marche pas avec tout le monde.

jeudi 2 août 2007

Les tontons bugueurs

La vérité m'oblige à le dire vraiment,
L'homme de la pampa est rude mais poli,
Chère Patricia, sachez que vos 20six
Me les brisent menu assez sévèrement.

Moi, quand on m'en fait trop, je correctionne plus.
Non, moi, je dynamite, je disperse et ventile
A la façon d'un puzzle, en tous coins de la ville.
Connaissent pas Raoul, ça fera du raffut !

De la pomme ? Y'en aura. Du poison ? Y'en aura.
Comme quand on buvait, tout près de Biénoa
Dans un claque tenu par Lulu la nantaise.

Je vais les travailler, ces mecs, à coups de latte
Tout en férocité: je suis plus diplomate.
Les cons ont tout osé, comme on les reconnait.

mercredi 1 août 2007

misanthropomorphisme

Dans son antre, un vampire, en ses murs retiré,
Promenait tristement son air de psychopathe,
Aux couloirs d'un château perdu dans les Carpathes,
Repensant aux quidams qu'il avait attirés.

Voilà donc, songeait-il, à quelle extrémité
Ce maudit genre humain, dont je dois me repaître
S'est vu dégringoler, et pour citer mes maîtres,
Cet Homme en vérité, il sent fort le pâté !

Il ne leur suffit plus de s'entrechamailler,
Et pour un crucifix, de s'éventripailler,
Protégeant leur "respect" en faisant des massacres.

Comme ils n'assument pas les tempêtes qu'ils sèment,
Voilà que désormais, il faudrait qu'on les aime !
Mais l'Humain ne vaut pas le temps qu'on y consacre.