Conte automatique

Un jour d' épiphanie catastrophique, un silène faisait les cent pas et s'efforçait de se montrer impavide malgré son impatience, mais cachait mal son agacement de voir son autorité bafouée.

Car par indiscipline, des haricots effrontés - qui n'étaient plus à cette turpitude près - brisaient la solennité de l'anniversaire en suscitant des vents tempétueux.

Rien ne sert de courir, il faut partir à point, et justement le silène partait, je vous prie de le croire, à point, à points de suspension et à bien d'autres encore.

Toute l' altérité frémissait à l'audition de cet orage hyperbolique, et le silène, oubliant toute son instruction et le raffinement de son éducation, jurait fort, de toute son impuissance contre les impostures d'un destin qui l'avait nanti d'un intestin importun aussi bien que funeste.

Car, selon un dicton en vigueur parmi la gent sapajou, quand l'intestin grêle, c'est la nature qui tonne, et qui défie le ciel et toute l'impudente impédance de ses arcs lumineux (la formulation sapajoue était probablement légèrement différente, mais l'idée y était).

Sauf que de lumière, justement, dedans le tréfonds intrinsèque de son profond trou noir, il n'y en avait guère. Ou pas de l'authentique. En tous cas pas de celles qui filent au turlupin un bronzage satisfaisant, qui attendra tranquillement sa métamorphose en mélanome, selon la sapience de certaines savantes hypothèses.

Ce trou-là s'exprimait par des oracles obscurs et malgré tout, sonores.