Au temps de Nicolas de Sarcotie, chaque été, on pratiquait le Tour.

C'était une coutume surprenante qui consistait pour certains Europains venus du monde entier à tourner en rond au moment précis où la plupart des autres se déplaçaient linéairement vers la Méditerranée (lorsqu'ils aimaient le chaud) ou vers la mer de Ollande (lorsqu'ils aimaient les débats participatifs chaudement emmitouflés dans la toile cirée).

L'utilité d'un tel comportement est encore le sujet de débats enflammés au sein de la communauté scientifique.

Elle semblait ne pas avoir de sens, mais marquait souvent une tendance vers le sens des aiguilles d'une montre, quand ce n'était pas l'inverse.

Une théorie intéressante proposée au sujet de cette pratique est fondée sur l'observation que les individus concernés présentaient tous des similarités remarquables, telles que le fait qu'ils étaient tous de sexe masculin, qu'ils avaient tous les jambes épilées (pour le maillot, on n'a pas de certitude), etc.

Cette théorie suggère que ces sujets étaient des volontaires d'expérimentations scientifiques, utilisés pour l'étude des effets secondaires de certains médicaments.

C'est probablement grâce à de tels héros dévoués et anonymes que nous devons la mise au point de l'EPO, des anabolisants pour cheval, de la pilule du lendemain, de la crème délassante contre les hémorroïdes (goût menthol et goût fraise), des eaux minérales qui font le pipi bleu ou rose fluo.

Ces médicaments présentaient vraisemblablement l'effet secondaire indésirable de perturber la synchronisation de leurs trois neurones (latéral droit, latéral gauche et latéral antérieur), ainsi que leur sens de l'équilibre, ce qui explique leur trajectoire erratique.

La société de cette époque consentait cependant des efforts importants pour faciliter la vie et déplacement de ces patients, dont on respectait le dévouement et le désintéressement.

On les équipait de casaques colorées très visibles pour les reconnaitre de loin et éviter les accidents en cas de rencontre avec des gens normaux (ce qui arrivait quelquefois).

Ils étaient toujours accompagnés dans leurs déplacements de motards virevoltants autorisés à actionner leur klaxon autant qu'ils le souhaitaient en passant devant les filles.

Les Europains navrés se rassemblaient au bord des routes pour contempler le cortège solennel et témoigner de leur soutien.

Les moments les plus pathétiques de ces migrations étaient le passage des montagnes, qu'ils s'acharnaient à grimper dans le but principal de les redescendre ensuite - objectif honorable en soi, mais qui les laissait dans un état d'épuisement qui arrachait des baillements à la foule.

Les firmes phamaceutiques accompagnaient les processions et distribuaient avec libéralité des échantillons de leurs produits aux passants, qui se trouvaient ainsi légèrement consolés.