Au début du XXIe siècle, sous le premier mandat du dernier des princes-démocrates, Nicolas de Sarcotie, la république d'Europe vivait sans le savoir ses derniers moments d'insouciance.

Une foule industrieuse et affairée de négociants et de marchands se bousculait dans les rues et se pressait sur les marchés, au milieu des étals de fruits et de viande, pour le plus grand bonheur des insectes.

Les agents d'une milice bonenfant traquait avec une sévérité toute relative les coupeurs de bourse dans la foule bigarrée.

On voyait passer dans les avenues les premiers véhicules automobiles, inventés quelques années plus tôt à peine.

Les plus audacieux empruntaient les tout premiers astronefs, fonctionnant aux huiles de pétrole, et tout juste capables de sauts de puce d'une ville à l'autre, mais inaptes au plus simple des vols spatiaux.

Les déplacements interplanétaires, inventés seulement deux siècles plus tôt par l'amiral Youri de Gagrine étaient encore réservés aux pipôles, la caste des élites, et basés sur des fusées grossières et dangereuses.

Le climat était encore beaucoup plus froid que de nos jours, au point qu'il neigeait parfois, même au niveau de la mer, et il était d'usage de se vêtir de manteaux de peau d'animal mort (à cette époque, cela ne choquait personne).

Nicolas-le-Bienveillant, comme ses sujets le surnommaient, gouvernait avec magnanimité et dynamisme, en s'inspirant beaucoup du célèbre philosophe Jaurès de l'Avenue. Beaucoup d'auteurs considèrent aujourd'hui que Nicolas de Sarcotie, qui était contemporain, quoiqu'un peu plus jeune, de Jaurès de l'Avenue, avait été son disciple pendant plusieurs années, avant d'accéder au trône de la république.