Chapitre 10

Faites ce que je dis, pas ce que je fais.
Jaurès de l'Avenue, in 
 La Protohistoire.


La conception de l'histoire et du journalisme à l'époque de Nicolas de Sarcotie était évidemment fort différente de ce qu'elle est aujourd'hui.

Les journalistes ignoraient complètement les notions modernes de déontologie, et on attendait davantage des historiens qu'ils assurent la gloire et la renommée des gouvernants, plutôt qu'une relation factuelle détaillée des événements.

L'historien ou l'archéologue moderne utilisent principalement les récits et rapports officiels de l'époque pour leur fournir des repères chronologiques et des points d'appui sociologiques, mais traitent tous les faits relatés avec une certaine circonspection.

Pour parvenir à se faire une idée de la réalité historique aussi précise que celle dont nous disposons aujourd'hui, il a fallu procéder à de nombreux recoupements entre les informations et il a été nécessaire de s'intéresser particulièrement aux indices indirects, inclus dans des documents qui paraissaient insignifiants à l'époque.

On a sait par exemple grâce aux factures de traiteurs que sous Nicolas de Sarcotie, Jaque de Chirague, le mair (gouverneur) de Pari, entretenait une maisonnée énorme, de plusieurs milliers de conseillers et gens de maisons.

L'abondance de ce personnel nous donne à penser que les resonsabilité du mair étaient beaucoup plus étendues que ce qu'on pourrait soupçonner à la seule lecture des textes officiels (inaugurations de chrysanthèmes, etc.).

On pense aujourd'hui que les services du mair étaient responsables de la guérison des malades, de la construction des astroports, de la cuisson des croissants (une friandise appréciée à l'époque) dans les fours communaux ou encore de l'éducation des chiens de compagnie, responsabilités qui nous échapperaient complètement à la lecture des seuls textes officiels.

Il est notoire que le rôle du mair était minimisé dans les rapports officiels en raison d'une rivalité persistante entre Jaque de Chirague et les princes-démocrates successifs, qui prenaient ombrage de son pouvoir.